A trois jours d’une conférence de presse de présentation sur la grande fête lyonnaise, c’est une information qui fait désordre. Ce jeudi 5 novembre, Le Monde révèle que des soupçons de favoritismes pèseraient sur une précédente édition de la Fête des Lumières, à Lyon.
Une enquête préliminaire, auquel le quotidien a eu accès, relève des tractions au cours de la passation du marché public qui auraient permis de favoriser un artiste au détriment d’un autre, pour l’édition 2018.
Le scénographe Damien Fontaine et son producteur, Sébastien Salvagnac, sont suspectés d’avoir modifié leur projet pour remporter le lot réservé à l’animation de l’emblématique colline de Fourvière, en bénéficiant d’informations privilégiées. Un lot qui pèse autour de 200 000 euros TTC.
Fête des Lumières à Lyon : une triche pour s’adapter à des demandes « politiques »
Des éléments du dossier de Milosh Luczynski, artiste concurrent, auraient été subtilisés pour le dossier de Damien Fontaine, ayant finalement remporté le lot.
Ce dernier aurait échangé avec Jean-François Zurawik figure historique de la fête des lumière et responsable de la direction des événements et de l’animation de la ville de Lyon, pendant la période de consultation, au mépris des règles du marché public.
Le directeur aurait incité Damien Fontaine à changer son projet pour qu’il réponde aux attentes de « la hiérarchie »
« Notre mission, ce n’est pas de la décoration, c’est un engagement artistique. Comment peut-on modifier un projet à la demande des politiques ? », s’agace Milosh Luczynski, le plasticien perdant, à propos de cette tractation.
Des questions sur plusieurs Fête des Lumières de Lyon
Du côté de Damien Fontaine et de son producteur, on estime que Jean-François Zurawik a pu puiser l’inspiration chez ses concurrents à leur insu. Le directeur n’est plus là pour se défendre. Il est soudainement décédé en octobre 2020, peu avant sa garde à vue.
Des liens entre les deux hommes, notamment le rachat par Damien Fontaine d’une société de Jean-François Zurawik, en redressement judiciaire, poussent les juges à s’interroger sur une proximité sur le plus long terme. Des faits qui pourraient amener à des interrogations sur d’autres éditions de la Fête des Lumières.
Des élus pas considérés comme responsables
Pour l’instant, aucun élu n’est concerné par l’enquête. Ce qui ne satisfait pas la partie civile.
« Aucun n’a été entendu, précise Charlotte Grundman, avocate de la partie civile, interrogée par le quotidien. Or, la collectivité avait en charge le respect des règles de ce marché public. Nous ne voulons pas que certains servent de fusibles. »
A l’époque aux manettes de la ville, Georges Képénékian, alors maire de Lyon, Loïc Graber, ancien adjoint à la culture, ou encore Yann Cucherat, adjoint aux sports et aux grands événements, pourraient être concernés.
La procédure d’enquête préliminaire laisse aux mis en cause jusqu’au 20 décembre pour formuler des observations. Le parquet décidera ensuite des suites judiciaires à donner.
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