Le Conseil d’Etat a finalement donné raison au tribunal administratif de Lyon. Pour les juges lyonnais, plusieurs incidents s’étaient déroulés aux abords de bureaux 9 et 10 le jour du vote. Les procès-verbaux faisaient état « d’attitudes véhémentes voire d’intimidation » sur les électeurs de la part de soutien du candidat gagnant, Mohamed Boudjellaba.
« Compte tenu de la gravité de ces agissements, contraires au libre exercice du droit de suffrage, et au très faible écart de voix entre les listes, les juges estiment que ces troubles ont été de nature à altérer la sincérité du scrutin. »
Selon le Progrès, le Conseil d’Etat a également relevé de « graves agissements » dans ces bureaux.
Les Givordins sont donc rappelés aux urnes.

Pour Mohamed Boudjellaba : « Une campagne de mensonges » de la part de son opposition
Dans un communiqué, le maire de Givors élu en 2020 Mohamed Boudjellaba (gauche écologiste), a « pris acte » de la décision du Conseil d’Etat. A défaut d’attaquer l’institution, il prend pour cible son adversaire directe, et responsable du recours contre les élections, l’ancienne maire (PCF) Christiane Charnay.
« Cette décision est le résultat d’une campagne de mensonges, de tromperies et de magouilles, menée par Christiane Charnay, soutenue par un système clientéliste que nous avons commencé à changer », affirme-t-il.
Déjà en campagne, il accuse son adversaire d’être l’auteur de fausses attestations « fondées sur des usurpation d’identité », de « procès-verbal des élections falsifiées », etc.
« Aucune preuve tangible, non truquée ou non-partisane, n’appuie les allégations de madame Charnay quant à de supposées intimidations des électeurs aux Vernes [N.D.L.R : où se trouvaient les bureaux de vote]. »
Il n’en reste pas moins que ces preuves ont convaincu les différents juges administratifs.
De son côté, Christiane Charnay (PCF), ancienne maire de Givors a réagi sur Facebook :
« La justice a rendu son verdict. Elle disqualifie définitivement l’équipe de Monsieur Boudjellaba en reconnaissant qu’il existait des irrégularités contraires aux valeurs de la république lors de cette élection. »

Elections à Givors : Les gauches déchirées et le RN en embuscade
Ces attaques, souvent violentes, sont presque monnaie courante à Givors. Dans cette ville de 20 000 habitants tenue par les communistes de 1953 à 2020, les rebondissements judiciaires marquent régulièrement la vie politique locale. Avant Christiane Charnay, l’ancien maire communiste, Martial Passi (PCF), avait quitté ses fonctions pour une affaire de prise illégale d’intérêt.
Sous l’ancienne mandature, des conseils municipaux homériques, parfois longs de plus de six heures, étaient ponctués de plusieurs suspensions de séance pour calmer les esprits. Ces nouvelles élections sonnent un retour aux affrontements politiques.
Dans celles-ci, alors que la « gauche écologiste » se déchire contre le PCF, la place du Rassemblement national sera regardée de près. L’ancien leader du parti de Marine Le Pen dans le Rhône, Antoine Mellies, a été, lui aussi, proche de la victoire à Givors. Ce proche de Marion Maréchal, ex étoile montante du parti, a été depuis privé de ses fonctions de dirigeant de la fédération du Rhône.
Pour rappel, il avait rassemblé 25,40 % des suffrages en 2020, contre 28,24 % pour Christiane Charnay (PCF) et 28,88 % pour Mohamed Boudjellaba.
Ces nouvelles élections permettront une première victoire du RN au municipales dans le Rhône ou, finalement, le maintien des communistes ? Comment la majorité métropolitaine va réagir à cette guerre fratricide au sein même de sa majorité rassemblant communistes, écologistes et socialistes ? Ces nouvelles élections posent de nombreuses questions. Une chose est sûr, elles risquent de se passer une nouvelle fois « comme à Givors ». Autrement dit, les combats de joutes (très prisés à Givors) ne font que (re)commencer.

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