Les faits se sont déroulés le 15 octobre dernier, à l’occasion de la remise du prix du Festival Lumière 2021. L’incident a eu lieu dans la rue, à la sortie de l’Institut Lumière, alors que Jane Campion sortait de l’avant-première de son film « The power of the dog ». Thierry Frémaux, s’en est pris à une journaliste reporter d’images de France 3 Rhône-Alpes, abaissant violemment sa caméra au-dessus de laquelle une lumière était projetée.
On lui attribue souvent un « fort tempérament ». Thierry Frémaux, par ailleurs délégué général du Festival de Cannes, fait preuve d’un peu plus que cela sur la vidéo que France 3 a décidée de diffuser dans l’édition de son « JT » (journal télévisé) du 15 octobre 2021 (scène visible à 21′). D’autres journalistes, photographes notamment, attendant la sortie de la cinéaste.
Dans la semi obscurité, on voit le patron du cinéma français pointer du doigt la journaliste, avant de s’en approcher pour abaisser sèchement et avec un air agacé sa caméra.
Celle-ci a témoigné auprès de Rue89Lyon :
« En 22 ans de métier c’est la première fois que ça m’arrive. »
Thierry Frémaux se serait justifié par la « gêne » représentée par la petite lampe située au dessus de la caméra qu’on appelle parfois « minette ». Une lampe dont l’utilité initiale est de faire briller les yeux des personnes interviewées. Un argument insuffisant pour les journalistes de France 3 Rhônes-Alpes qui dénoncent, dès le journal diffusé le soir du lendemain, une réaction jugée abusive de la part du patron du festival de cinéma patrimonial :
« L’ensemble de la rédaction de France 3 Rhône-Alpes dénonce l’attitude du directeur du Festival Thierry Fremaux. […] Il s’en est pris à la caméra d’une de nos consœurs à laquelle nous apportons tout notre soutien. »
« Même pas un mail de soutien. Pourquoi ? Parce que c’est Thierry Frémaux ? »
Contre toute attente, ni Thierry Frémaux ni la direction du Festival Lumière n’a présenté d’excuses. Au contraire, d’après Myriam Figureau, représentante syndicale SNJ à France 3 Rhône-Alpes. Thierry Frémaux menacerait même de poursuivre la rédaction pour « dénonciation calomnieuse » si cette version des faits continue d’être colportée :
« C’est parce qu’on a dit le mot « agression » dans un communiqué qu’il nous menace comme ça. Peut-être que ce n’est pas une agression physique au sens pénal du terme mais elle est quand même empêchée violemment dans l’exercice de son métier. »
La représentante syndicale regrette aussi que la journaliste n’ait pas reçu de message de soutien de la part du « réseau France 3 », l’équivalent de la direction nationale des chaînes locales :
« D’habitude, à chaque fois qu’il y avait une agression d’un ou une journaliste -et il y en a eu beaucoup ces derniers mois avec les manifestations contre le pass sanitaire- il y a un communiqué condamnant ces pratiques. Et le réseau France 3 propose de l’aide au journaliste, juridique notamment. »
Cependant, dans ce cas précis, il n’en a rien été :
« Elle n’a même pas reçu un mail de soutien, alors qu’il y a une vidéo qui montre bien que Thierry Frémaux a eu un comportement qui n’est pas tolérable. Pourquoi ? Parce que c’est Thierry Frémaux ? »
France 3, « partenaire du festival depuis plus de 12 ans »
Au sein des équipes du Festival Lumière, on défend une autre version des événements auprès de Rue89Lyon :
« Thierry Frémaux est intervenu car le flash de la journaliste était trop violent, d’ailleurs ça se voit sur la vidéo. Il l’a fait pour éviter que ce ne soit les gardes du corps de Jane Campion qui le fassent et que la situation ne dégénère. »
Et d’ajouter :
« Nous sommes extrêmement choqués par le terme « agression ». Il a été demandé à plusieurs reprises à la journaliste d’éteindre son flash avant que Thierry Frémaux ne prenne les choses en main. »
On explique également à Rue89Lyon qu’une interview a même été accordée à la journaliste, à la suite de cette altercation :
« Après ça, on s’est débrouillé pour organiser une interview imprévue entre la journaliste et Jane Campion. De plus, à la fin de la soirée, la journaliste et Thierry Frémaux se sont expliqué. Si elle s’était vraiment sentie agressée, elle n’aurait pas fait cette interview. »
Les équipes ont aussi fait part de leur tristesse à l’idée d’être à couteaux tirés avec France 3, « partenaire du festival depuis plus de 12 ans ».
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