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Extrême droite à Lyon : l’impact relatif de la dissolution de Génération identitaire

A Lyon ce jeudi 7 octobre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a promis des mesures si les militants du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire continuaient leurs actions. Sa dissolution ne semble pas avoir fait reculer l’extrême droite dans les rues de Lyon. Au contraire.

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La Traboule, espace de détente de Génération identitaire à Lyon. Janvier 2017 ©Léo Germain/Rue89Lyon.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en déplacement à Lyon ce jeudi 7 octobre. Dans une interview accordée au Progrès, il a principalement mis l’accent sur les moyens qu’il comptait mettre pour lutter contre l’insécurité, en particulier contre le trafic de drogue à Rillieux-la-Pape et à Villeurbanne, et contre la radicalisation. Y compris d’extrême droite, a-t-il assuré, en faisant allusion à l’ex-bar des Identitaires, la Traboule, et leur salle de boxe, l’Agogé, toujours ouverts :

« Si des personnes qui appartenaient à Génération identitaire, visées par mes services, se retrouvent regroupées, si le suivi montrait qu’ils sont en relation, qu’ils ont des intérêts communs, il est évident que nous reprendrions des dispositions pour dissoudre et fermer ces lieux. »

Or, il s’avère que les militants d’extrême droite sont toujours bien présents dans les rues de Lyon. Lors de la dissolution de Génération identitaire, Gérald Darmanin avait annoncé que si ses membres tentaient de reformer un groupe similaire sous un autre nom, ils encourraient une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

La Traboule, espace de détente de Génération identitaire à Lyon. Janvier 2017 ©Léo Germain/Rue89Lyon.
La Traboule, espace de détente de Génération identitaire à Lyon. Janvier 2017Photo : Léo Germain/Rue89Lyon.

Les Remparts de Lyon, alter ego de Génération identitaire

On prend les mêmes et on recommence. C’est un peu ce qu’il semble s’être passé à Lyon après la dissolution du groupuscule d’extrême-droite Génération identitaire le 3 mars dernier.

Sur les réseaux sociaux, le compte Twitter « Les Remparts Lyon », qui faisait sporadiquement la communication de l’Agogé, l’ex-salle de boxe des Identitaires, depuis juillet 2019, a repris du service.

Le 8 septembre dernier, « Les Remparts de Lyon » annonçaient dans un communiqué la création d’un « complexe communautaire, culturel et sportif » au cœur du Vieux-Lyon. Une communication largement reprise par de nombreux médias, nationaux ou locaux. Certains annonçant même l’ouverture de nouveaux locaux. Il n’était pourtant question que d’un nouveau nom pour des lieux qui n’ont jamais fermé.

En effet, La Traboule, où Génération identitaire avait fixé son siège national, est gérée par une autre association, du même nom que le bar. Tout comme la salle de boxe de l’Agogé. Ces deux associations satellites n’ont pas été concernées par la mesure de dissolution prise en conseil des ministres en mars 2021.

Un nouveau nom pour des mêmes locaux donc. Depuis, les activités culturelles et sportives ne manquent pas : « soirée serbe » avec la diffusion d’un combat de boxe le 11 septembre dernier, conférence sur « l’Union européenne contre les peuples » le 17 septembre, la reprise des cours de boxe à l’Agogé, le débat Zemmour-Mélenchon retransmis le 23, des soirées étudiantes tous les mercredis, un « apéro enraciné lyonnais » les vendredis… Bref, les anciens locaux de Génération identitaire sont toujours bien fréquentés.

Conférence de presse à l'Agogé, club de boxe de Génération identitaire le 27 janvier 2017 à Lyon ©Léo Germain/Rue89Lyon.
Arnaud Delrieux, un responsable de Génération identitaire lors de la conférence de presse inaugurale de « l’Agogé », leur salle de boxe, 27 janvier 2017Photo : Léo Germain/Rue89Lyon.

L’extrême droite active dans les rues de Lyon depuis la dissolution de Génération identitaire

Force est de constater que cette dissolution n’a pas eu un gros impact sur l’extrême droite lyonnaise. Comme après la dissolution du Bastion Social, qui s’était accompagné de leurs locaux cette fois, certains groupes se montrent particulièrement actifs. En témoignent les faits divers qui émaillent régulièrement la presse locale.

Deux semaines après la dissolution des identitaires, la librairie libertaire de La Plume noire, sur les pentes de la Croix-Rousse, a été attaquée par une quarantaine de personnes scandant des slogans d’extrême droite. Le local avait déjà été attaqué à plusieurs reprises, en décembre 2020 et dès novembre 2016. Forcément, ni feu Génération identitaire ni aucun groupuscule d’extrême droite n’a revendiqué ces attaques.

Fin juin, des affrontements ont eu lieu rue Mercière, dans le 1er arrondissement de Lyon, en marge du match France-Suisse. En cause notamment, deux figures de l’extrême droite radicale lyonnaise : Eliot Bertin, l’un des leaders de Lyon Populaire, et Adrien Lasalle, cadre de feu Génération identitaire…

Plus récemment, le 29 septembre dernier, des militant·es antifascistes de la Jeune garde racontent s’être fait agresser par « une vingtaine de fascistes » à la sortie d’une conférence sur l’extrême droite vers Perrache. Le lendemain, jour du match entre l’OL et le club danois de Brondby, plusieurs rixes entre supporters de foot ont éclaté dans le centre-ville de Lyon. Une trentaine de personnes ont notamment déferlé sur la place Bellecour aux cris de « white power ».


#Extrême-droite

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