Les ondes de choc d’octobre 2017 se font encore sentir, modifiant sans doute définitivement le regard médiatique et sociétal sur les situations d’emprise. Pour rappel, cet automne-là, le New York Times rapporte qu’une douzaine de femmes accusent de harcèlement et d’agressions sexuelles le producteur de cinéma Harvey Weinstein.
Quelques jours après ces révélations faites par la presse, de nombreuses autres femmes accusent à leur tour le producteur. Sur les réseaux sociaux, le désormais célèbre #MeToo signe la naissance d’un vaste mouvement de libération de la parole.
A Lyon, une histoire comparable, dans une moindre mesure, se déroule depuis de nombreuses années dans ce milieu clos qui touche à la fois au cinéma et à l’université. Un professeur du département cinéma de l’Université Lyon 2, Jacques Gerstenkorn, est mis en cause. Comme pour le producteur américain, il aurait fait miroiter à de jeunes étudiantes des débouchés alléchants, sur le plan universitaire comme professionnel.
Petit à petit, celles-ci se sont trouvées dans des situations de dépendance vis-à-vis du professeur, jusqu’à ce qu’une forme d’emprise s’installe, donnant lieu à des situations de harcèlement sexuel voire d’agression sexuelle.
Un enseignant en situation de potentat à l’Université Lyon 2
En avril 2021, quatre anciennes étudiantes de cinéma de l’Université Lyon 2 et de Nanterre ont tiré la sonnette d’alarme concernant le comportement de ce professeur. Elles ont décidé de témoigner auprès de Rue89Lyon du harcèlement sexuel, des abus de pouvoir ou encore de l’agression sexuelle que Jacques Gerstenkorn leur aurait fait subir.
Près de quinze ans après les faits pour certaines, elles souhaitent témoigner avant tout pour « protéger les étudiantes actuelles ». Le 19 avril dernier, l’Université Lyon 2 a de son côté ouvert une enquête administrative, toujours en cours.
Jacques Gerstenkorn est une figure bien connue de l’Université Lyon 2 où il enseigne depuis une trentaine d’années. Il est aujourd’hui professeur des universités en études cinématographiques et audiovisuelles, directeur du laboratoire Passages Arts & Littératures (XXe-XXIe) et directeur du festival lyonnais de films documentaires Doc en courts, qu’il a fondé.
Par le passé, il a également été directeur du département d’études cinématographiques de l’Université Lyon 2 dans les années 90 et responsable du master professionnel Diffusion des arts et des savoirs par l’image (DASI). Dans le monde universitaire lyonnais du cinéma, Jacques Gerstenkorn semble incontournable. Physiquement, on parle d’un homme lambda à la cinquantaine bien tassée, dont on oublierait le visage sitôt croisé dans la rue.
A Lyon 2 et dans son champ d’études, Jacques Gerstenkorn ferait la pluie et le beau temps, à en croire les étudiantes et ex-étudiantes qui ont témoigné auprès de Rue89Lyon.
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