Depuis plus d’un an de crise sanitaire, les habitant·es de la métropole de Lyon ont davantage enfourché leur vélo plutôt que prendre le risque de croiser le coronavirus dans les transports en commun.
Pour répondre à cet afflux de nouveaux cyclistes, des voies jusque-là réservées aux voitures sont devenues en un coup de peinture jaune des couloirs pour les bus et les vélos, rapidement baptisés « coronapistes » dans les conversations.
Alors que la France affronte une quatrième vague épidémique, la vie a repris un rythme – presque – habituel. A Lyon, le trafic automobile a retrouvé sa densité et ses embouteillages d’avant la crise sanitaire.
Le nouvel exécutif écologiste arrivé à la tête de la Métropole de Lyon il y a un peu plus d’un an compte bien inciter les habitants à se tourner vers des mobilités moins polluantes et moins encombrantes. Dans cette optique, que vont devenir les « coronapistes » de Lyon ?
Du coronavirus aux 95 km de « coronapistes »
Le 11 mai 2020, les Françaises et les Français pointent à nouveau le nez dehors après avoir été confiné·es plusieurs semaines en raison de la première vague de coronavirus. Petit à petit, le travail en présentiel reprend et les plus jeunes retrouvent le chemin de l’école.
Se pose alors la question de reprendre les transports en commun dans un contexte de crise sanitaire, en particulier dans les grandes villes comme Lyon. S’entasser dans un tram ou une rame de métro bondée, toucher les sièges et les barres d’un bus fréquenté par des dizaines de personnes par jour… Hors de question pour de nombreuses personnes qui se tournent alors vers la voiture, mais aussi le vélo comme à Lyon.
La Métropole de Lyon, à l’époque dirigée par David Kimelfeld, recourt alors à « l’urbanisme tactique » pour réaménager la voirie et annonce la mise en place de 77 km d’aménagements d’urgence. A Lyon, ces aménagements se sont traduits en grande majorité par des couloirs réservés aux bus et aux vélos peints en jaune sur la chaussée.
Un mois et demi plus tard, les écologistes sont largement élus à la Métropole comme à la Ville de Lyon.
« On parlait beaucoup du monde d’après au premier déconfinement, se souvient Fabien Bagnon, vice-président aux mobilités de ce nouvel exécutif métropolitain écologiste. C’était une aubaine. Parfois, les crises précipitent certaines décisions. »
Tout l’été, les pistes cyclables fleurissent sur l’asphalte de la métropole lyonnaise. Entre celles qui ont été mises en place par l’exécutif métropolitain précédent et l’actuel, on compte aujourd’hui 95 kilomètres de « coronapistes » sur le territoire.
« Au-delà des problèmes de pollution, de bruits et d’accidents, la voiture pose aussi un problème de consommation de l’espace public et donc de congestions, développe Fabien Bagnon. Nous voulons partager l’espace différemment pour donner plus de place à autre chose que la voiture individuelle et rendre ces alternatives à la voiture plus efficaces. Les coronapistes ont permis de faire de la place au vélo. Nous allons les utiliser en attendant une pérennisation qualitative. »
Fréquentation vélo record en 2020 dans la métropole de Lyon
Il y a tout juste un an, en septembre 2020, le Réseau Action Climat (RAC) publiait un sondage réalisé dans les métropoles de Lyon, Paris et Aix-Marseille pour évaluer la réception de ces nouveaux aménagements urbains. Dans ces trois métropoles, les habitants se sont prononcés largement en faveur des « coronapistes ». Dans l’agglomération lyonnaise, 75% des répondants ont dit y être favorables et jusqu’à 89% pour les moins de 35 ans.
Un engouement pour les « coronapistes » que viennent confirmer les chiffres de la Métropole de Lyon. Sur l’année 2020, les compteurs ont enregistré plus de 30 millions de déplacements à vélo sur le territoire, soit une hausse de 12% par rapport à l’année précédente. Et la tendance semble se poursuivre : ces records de fréquentation ont été battus récemment, avec 11526 passages vélos enregistrés le 11 juin dernier sur le pont Lafayette (contre 6018 en moyenne journalière).
Quelles « coronapistes » pérennisées à Lyon ?
Ces aménagements d’urgence, peints rapidement en jaune sur la chaussée et censés être temporaires, devraient donc être pérennisés. Mais pour avoir une belle piste cyclable, il faut compter environ deux ans, explique Fabien Bagnon :
« Nous avons déjà pérennisé 51 kilomètres de coronapistes. Le reste le sera petit à petit. Pour chaque coronapiste, on étudie les retours d’expérience et les flux. La Montée de la Boucle par exemple, qui a fait polémique au début, accueille aujourd’hui 300 à 400 vélos par jour. »
Concrètement, toutes les « coronapistes » qui existent actuellement devraient être transformées en aménagements cyclables dignes de ce nom. A l’exception de deux d’entre elles, précise Fabien Bagnon :
« Nous avons des interrogations sur la coronapiste du quai Gailleton. Elle est très peu utilisée car le quai est très routier, il n’y a que quelques dizaines de vélos par jour dessus. Il y a aussi la coronapiste du quai Charles de Gaulle, dans le 6e arrondissement de Lyon, où il y a peu de vélos. Nous réfléchissons à modifier ces aménagements en gardant si possible de la place pour le vélo. »
Sans oublier le Réseau express vélo (REV), projet d’autoroute cyclable chère aux écologistes dont les contours devraient se préciser courant septembre.
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