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Baignades à Lyon : des drames récurrents entre Rhône et Saône

Avec les beaux jours et les fortes chaleurs, la crainte d’une augmentation du nombre de noyades est importante à Lyon. Entre le Rhône, la Saône et les piscines, les plongeurs des pompiers de la Métropole de Lyon comptent autour de 100 noyades chaque année. Le point chiffré avec eux.

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Un plongeur pompier

La scène a eu lieu le 8 août, à Oullins. En tentant de sauver son neveu, tombé dans le Rhône, à la jonction avec l’Yzeron, un homme d’une quarantaine d’années est décédé. Dramatique, ce fait-divers rappelle une triste réalité : les noyades restent fréquentes autour de Lyon.

Les pompiers de la Métropole de Lyon interviennent, en moyenne, une centaine de fois sur l’année pour des cas de noyade.

« Nous étions à 100 en 2019, une année significative », commente le lieutenant Luc David.

Coordinateur des actions des plongeurs des Sapeurs-pompiers de la Métropole de Lyon et du Rhône (SDMIS), il s’est spécialisé dans la plongée en 2006, après huit ans comme plongeur « de loisir ». Depuis, il observe un phénomène qui ne faiblit pas.

« Les plongeons suivent la courbe du soleil, note-t-il. Dès que l’ensoleillement augmente, il y a potentiellement plus de plongeurs. Et donc, plus de potentielles interventions. »

Du fait du confinement, 2020 a été plus calme pour les plongeurs. En 2021, l’activité s’est accentuée, un temps. « La météo du mois de juillet a été salvatrice », remarque le pompier. Mais pour combien de temps ? Au 11 août, près de 80 noyades avaient été relevées entre 2020 et 2021. À l’heure où la chaleur revient, un pic d’activité n’est pas à exclure.

Noyades : le risque de mauvaises surprises sous les ponts de Lyon

Avec l’arrivée des beaux jours, la crainte d’une augmentation du nombre de noyades est importante à Lyon.
Les risques de noyades sont nombreux autour de Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.

Principal problème pour les équipes de pompiers, la topographie accidentée au fond des fleuves.

« Presque tous les ponts de Lyon ont été bombardés durant la Seconde Guerre mondiale. Résultat, les restes des anciens édifices sont encore sous l’eau, reprend Luc David. Or, du pont dont sautent certaines personnes, il n’y a pas de visibilité. Il est donc impossible de connaître la profondeur. »

Ainsi, il arrive que les apprentis plongeurs tombent dans 10 cm d’eau. Des chutes fatales quand on saute d’un pont lyonnais.

Ces accidents peuvent aussi être liés au sol, comme du côté du parc de la Feyssine.

« Tous les ans, nous avons des morts là-bas », commente l’officier.

Le sol, en galets, a tendance à se dérober sous les pieds des nageurs de passage, souvent peu expérimentés. Entrainés par les courants, ces derniers ne reviennent parfois jamais sur la rive. Depuis dimanche 15 août, un homme d’une quarantaine d’années est d’ailleurs porté disparu dans le secteur de la Feyssine.

26 décès en 2018 en Auvergne-Rhône-Alpes

Lors de la dernière étude approfondie de référence de Santé Publique France, en 2018, 1649 noyades accidentelles ont été recensées par les autorités entre le 1er juin et le 30 septembre à l’échelle nationale, contre 1266 sur la même période en 2015, soit une hausse d’environ 30 %.

Selon cette même étude, la région Auvergne-Rhône-Alpes serait la quatrième région la plus touchée, avec 127 événements (11 % du chiffre national) dont 26 suivis d’un décès. Dans ces cas, les victimes sont souvent jeunes. Il s’agit la plupart du temps d’une population moins expérimentée et moins éduquée à la nage.

« Nous craignons aussi qu’avec le Covid-19, des jeunes, n’ayant pas pris des cours de natation du fait du confinement, tentent leur chance », s’inquiète Luc David.

Selon la campagne de prévention gouvernementale contre les noyades accidentelles de 2020, le phénomène cause « environ 1 000 décès chaque année et constitue la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans »

Trois arrêtés d’interdiction pour les baignades dans les fleuves

À Lyon et Villeurbanne, trois arrêtés municipaux datant de 2001, 2005 et 2007 interdisent toute baignade dans le Rhône, dans la Saône, dans le canal de Jonage ainsi que dans les parcs de la Tête d’Or et celui de Gerland. La police fluviale est en charge du respect de cette réglementation. Les pompiers, de leur côté, tentent de faire de la prévention lors de leurs entrainements quotidiens. Sentiment de liberté, adrénaline… Pour plusieurs raisons, certains préfèrent cette baignade interdite, malgré ses dangers.

Du reste, il existe aussi des points où il est possible de se baigner en toute légalité. Dans ces derniers cas, les règles de sécurité classique (ne pas laisser les enfants sans surveillance, éviter de prendre des risques, etc.) s’appliquent toujours. Les noyades au lac de Miribel-Jonage, par exemple, sont également fréquentes.

De même, les fleuves et lacs ne sont pas les seuls points dangereux. Les pompiers rappellent intervenir régulièrement dans des piscines de particuliers.


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