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Des Gilets jaunes aux anti-pass sanitaire, qui manifeste à Lyon ?

Le rejet du pass sanitaire bénéficie d’un large écho au sein des groupes constitutifs des Gilets jaunes de Lyon. Perçue comme une «

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Gilets jaunes Lyon place Bellecour

atteinte aux libertés fondamentales », la mise en place du dispositif semble renforcer une défiance à l’égard du gouvernement de Jean Castex et du Président Emmanuel Macron.

Le mouvement des Gilets jaunes s’est essoufflé à Lyon comme ailleurs en France, à la suite d’une situation sociale exceptionnelle et de l’impossibilité des rassemblements. Mais pas leurs revendications. Elles ont trouvé un nouveau souffle dans les manifestations contre le pass sanitaire. Selon une note des agents de renseignements territoriaux, citée par Le Parisien, « une majorité des Gilets jaunes (65 %) soutient cette mobilisation ».

Si la colère contre le pass sanitaire gronde dans les rangs des Gilets jaunes, tous ne se sont pas mobilisés contre le pass sanitaire. Tous les Gilets jaunes ou ex-manifestants ne sont donc pas anti-pass et tous les anti-pass ne sont pas Gilets jaunes.

D’après les observations des renseignements territoriaux :

« Plus de 1 500 Gilets jaunes ont été identifiés par le Service central du renseignement territorial (SCRT) dans une soixantaine de localités, soit 1 % de la totalité des manifestants ».

Samedi 31 juillet une nouvelle manifestation doit avoir lieu contre le pass sanitaire à Lyon. Le week-end dernier, la manifestation contre le pass sanitaire a rassemblé près de 900 manifestants à Bellecour et 800 sur le parvis Renée-Richard, selon les chiffres des autorités.

En vue du 31 juillet, la préfecture a interdit toute manifestation dans la zone traditionnelle de la Presqu’île (de Bellecour aux Terreaux) et dans le quartier de la préfecture.

Qui manifeste à Lyon ?

Samedi passé, des profils variés se sont mêlés pour scander « Liberté ». Parmi la foule, des personnes peu habituées des manifestations, des hostiles (ou non) à la vaccination, des militants, des soignants mais aussi des Gilets jaunes.

capture ecran Facebook gilet jaune
Capture d’écran issue de la page Facebook « Assemblée Gilets Jaunes – Lyon et environs » sur une publication datant du 16 juillet 2021.

Dara, qui se décrit comme un sympathisant des Gilets jaunes, a participé à quelques manifestations du mouvement. Il revient avec un peu d’amertume sur l’impact de ces mobilisations : « avec le recul cela n’a pas donné grand chose ». Mais pour protester contre le pass sanitaire, le quarantenaire a répondu présent lors des deux précédentes manifestations à Lyon.

Si Dara est descendu dans la rue, c’est parce qu’il redoute que la mise en place du pass sanitaire marque :

« l’entrée dans une société de ségrégation et de privation de liberté ».

Ce lyonnais estime ne pas être « contre les vaccins ». S’il refuse de se faire vacciner contre le Covid-19 c’est par « principe de précaution ». Selon lui, il n’y aurait pas encore assez de recul concernant les effets des vaccins proposés. Une décision potentiellement lourde de conséquence :

« Je travaille dans la restauration et je risque de perdre mon boulot si l’obligation vaccinale devient la norme. Cela dépasse largement l’étiquette de Gilet jaune. »

Sans vaccination, les salariés pourraient voir leur salaire suspendu ou devront avoir recours à des tests Covid-19 qui deviendront payants à l’automne.

Alors; pour Dara, comme pour certains Gilets jaunes, le pass sanitaire est perçu comme une épée de Damoclès au-dessus des plus précaires.

« Présenter son pass, c’est accepter »

Sur les réseaux sociaux, la mobilisation contre le pass sanitaire est devenue le nouveau cheval de bataille des Gilets jaunes lyonnais. Les échanges autour des moyens d’action se multiplient.

Dans une publication postée le 16 juillet sur Facebook, la page de « l’Assemblée des Gilets Jaunes de Lyon et environs » appelle à « boycotter les lieux qui appliqueront un contrôle du pass sanitaire, dès lors que les tests ne seront plus remboursés ».

« Si nous boycottons les endroits où il faut le pass, dans 7 jours ils l’enlèvent. Présenter son pass c’est accepter. #résistance », peut-on lire sur un autre groupe Facebook dédié aux Gilets jaunes lyonnais.

Une volonté de « résister », porter par des personnes hostiles à la vaccination, mais pas seulement.

« Je suis vaccinée parce que c’est mon choix mais le pass sanitaire est une aberration », explique en commentaire une des 5 000 membres du groupe de Gilets jaunes lyonnais.

Capture d’écran d’un tweet partagé sur le groupe Facebook « Gilets jaunes Lyon centre » sur une publication datant du 25 juillet 2021.

Sur Facebook, les échanges autour du pass sanitaire témoignent aussi d’une crainte concernant les conséquences de son application. Parmi les publications, certaines fausses informations sont relayées.

C’est le cas d’un tweet indiquant que le pass sanitaire deviendra obligatoire pour se rendre dans les bureaux de vote. Or les bureaux de vote ne sont pas concernés par l’application du pass sanitaire.

« Nous sommes anti-pass et anti-privation de liberté »

Plusieurs figures issues du mouvement des Gilets Jaunes enjoignent à manifester ce week-ends contre le pass sanitaire. A l’instar de Jérôme Rodriguez, dans une vidéo diffusée sur Facebook diffusée dimanche 25 juillet.

Dans ce direct comptabilisant plus de 160 000 vues, le Gilet Jaune appelle « l’ensemble des citoyens en colère » qu’ils soient « vaccinés ou non vaccinés » à manifester samedi 31 juillet à Paris.

« Nous sommes anti-pass et anti-privation de liberté. Si les gens veulent se faire vacciner, qu’ils y aillent : c’est leur liberté. « 

Un discours rassembleur qui tranche avec certains commentaires postés dans les groupes de Gilets jaunes lyonnais sur Facebook.

« Troupeau de moutons », « débiles mordus de la piquouze »… Tous les Gilets jaunes opposés au pass sanitaire ne voient pas d’un bon œil les personnes vaccinées ou le prosélytisme pro-vaccin.

D’autres invitent à s’unir face à « la division », provoquée selon eux, par la mise en place du pass sanitaire. Malgré les interdictions de la préfecture sur certaines zones de la ville, la manifestation samedi 31 juillet est toujours d’actualité.


#covid-19

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Sophie Divry, écrivaine vivant à Lyon et autrice de "Cinq mains coupées" © J. Panconi (pour les Editions du Seuil).

Photo : J. Panconi (pour les Editions du Seuil).

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