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Site d’Ikea à Lyon : la Métropole écologiste en quête d’un nouveau modèle commercial

Que va devenir le site de l’ancien Ikea de Lyon, Porte des Alpes ? C’est l’un des premiers tests pour le nouvel exécutif écolo de la Métropole concernant l’urbanisme commercial.

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Le bâtiment Ikéa à Saint-Priest est désormais vidé;

Dans la zone commerciale de Porte des Alpes située entre Bron et Saint-Priest, l’ancien hangar de l’Ikea de Lyon n’a conservé que le bleu roi de l’enseigne, mais les lettres jaunes ont été remplacées par le sigle “SOFO”, du nom du projet éphémère installé dans les 4000m² de friche le temps de l’été.

Emeline Baume, vice-présidente chargée de l’économie, de l’emploi, du commerce, du numérique et de la commande publique au sein de l’exécutif vert élu en 2020, regrette l’absence d’engagement fort de la part des élus sur le sujet de l’urbanisme commercial.

« C’est pas du tout un rapport social de convivialité, d’expérience, de partage. On n’est pas contre l’acte d’achat, mais on espère porter une autre vision de l’urbanisme commercial ».

L’un des premiers tests pour le nouvel exécutif écolo est justement à Saint-Priest. Après le départ d’Ikea de la zone de Porte des Alpes fin 2019, tout le monde s’est mis autour de la table pour penser le réaménagement du site. Un projet, baptisé sobrement Yellow Pulse, fait consensus. Il prévoit l’installation de 110 nouvelles enseignes, de plusieurs restaurants sur un toit-terrasse, une ferme urbaine, une garderie et un parking de 2500 places. Pourtant, en 2020, le projet tombe à l’eau. Pas assez “solide économiquement” dit-on, dans un contexte de crise économique et de nouvelles pratiques de consommation. Sûrement aussi car le projet s’installait juste à côté de la galerie marchande Auchan qui abrite déjà à elle seule…63 boutiques. 

Ancien Ikea Lyon Saint-Priest
Depuis 2019, les meubles Ikea ont quitté le bâtiment de Saint-Priest. L’enseigne a doublé sa surface de vente sur la commune voisine de Vénissieux.Photo : MH/Rue89Lyon

Ancien site d’Ikea à Lyon : promoteurs et enseignes, à l’avant-garde de la rénovation commerciale

Pas question cependant de laisser la friche à l’abandon. Le terrain appartient à Ceetrus (ex-Immochan), la filiale immobilière du groupe Auchan, devenue ces dernières années un acteur incontournable des restructurations commerciales.

« Les grands groupes avaient anticipé en investissant dans le foncier. Alors quand une enseigne comme Ikea s’en va, une question se pose : comment continuer à valoriser le terrain ? », détaille Roelof Verhage, dont l’un des thèmes de recherche est l’articulation entre acteurs publics et privés dans le développement et la régénération urbains.

Plus que de simples participants aux négociations, les foncières sont souvent à l’initiative des projets. Début 2021, la galaxie Mulliez créé “Nhood” (en contraction du terme anglophone « neighbourhood ») ; une nouvelle filiale chargée de “régénérer et transformer durablement un portefeuille de près de 300 sites commerciaux en Europe, dont 76 en France”. Parmi eux, celui de Porte des Alpes. En janvier dernier le président de Nhood Antoine Grolin déclarait, dans le site professionnel LSA

«  [Nous agissons] au service d’une vision de la ville plus résiliente, écologique, forte d’une grande mixité de fonctions et d’usages de proximité (commerces locaux, circuits-courts, logements, bureaux, urbanisme de transition et tiers lieux).  (…) Hier, nous étions des animateurs de centres commerciaux, nous allons devenir animateurs de quartiers ».

Après l’échec de Yellow Pulse, la foncière a lancé un appel à projets. L’idée : faire de l’urbanisme “de transition”, c’est à dire passer d’activités 100% commerciales à des activités plus mixtes. Deux projets ont retenu l’attention de Nhood. 

 « Il y en a un que la Métropole soutient vraiment, mais il semblerait que ce ne soit pas le choix qui a été retenu en interne », regrette la vice-présidente en charge du commerce Emeline Baume de Brosses.

Si rien n’est encore officiel, le promoteur pourrait privilégier l’installation d’un Cultura et d’un Boulanger.

« J’imagine qu’au siège on a dû leur dire qu’il y avait déjà un deal avec telle ou telle enseigne, et tant pis si ça fait concurrence au Decitre du centre-ville. On ne pourra pas les empêcher de choisir cette option, mais ce serait dommage. C’est compliqué de réhabiliter ces plaques commerciales, mais il faut se saisir des opportunités pour changer les choses. C’est justement dans ces territoires qu’on doit pousser de nouvelles idées, des offres culturelles, un supermarché inversé (basé sur le don), idéalement avec de la gratuité. ».

A l’heure actuelle, la Métropole de Lyon ignore le projet qui a été retenu. Le Comité de pilotage qui devait se tenir en juin a été repoussé par Nhood au 23 juillet prochain. 

> Cet article est un extrait de notre enquête sur l’urbanisme commercial à Lyon à lire ici.


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