« Aujourd’hui, ce qui est important c’est de réaffirmer le rôle de l’industrie dans la Métropole ».
Le ton est donné. Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard (EELV) qui a lui-même dirigé une entreprise de dépollution, ne dira aucun mal des industriels lors de la visite presse organisée dans la Vallée de la chimie ce vendredi 2 juillet. Alors que la Vallée de la chimie représentait 26% des émissions de CO2 de la métropole en 2020 et que les pollutions sont légion – sans parler des risques technologiques – les écologistes à la tête de la Métropole ne comptent pas se détourner de ce territoire stratégique qui s’étend du 7ème arrondissement de Lyon à Givors et qui regroupe 7 000 établissements et 76 000 emplois.
La zone concentre les efforts et les investissements en matière économique de la Métropole. Une stratégie qui doit être renforcée avec la crise du Covid-19, selon Bruno Bernard. La Vallée de la chimie est présentée comme un atout à exploiter dans la relocalisation des activités industrielles. Pas de dilemme entre industrie et écologie pour la Métropole écolo qui entend faire de la zone « l’Usine énergétique métropolitaine » :
« Un lieu de déploiement de et production d’énergies vertes au service d’une industrie écoresponsable et tournée vers l’avenir », selon le dossier de presse.
Vers des activités plus vertes dans la Vallée de la chimie
« Nous voulons maintenir nos industries tout en les accompagnant vers la sobriété énergétique », poursuit Bruno Bernard.
Il s’agit « d’accélérer le mouvement » tout en enjoignant l’Etat à investir dans les énergies vertes. Plus globalement, 17 Millions d’euros ont ainsi été déboursés par la Métropole pour financer une centaine de projets industriels jugés compatibles avec la transition énergétique. Une politique déjà impulsée sous l’exécutif précédent.
Une démarche de verdissement engagée avant l’arrivée des écologistes
Terenvie est « l’exemple phare ». C’est une des trois entreprises que Bruno Bernard a visitées ce vendredi.
La plateforme située à Feyzin est dédiée à la valorisation des terres issues des travaux du BTP et publics, provenant à 95% de la Région. Ce projet d’économie circulaire est issu de « l’Appel des 30 », émis par la Métropole de Lyon en 2014. Soit bien avant l’arrivée des écologistes à la tête de la Métropole en 2020.
Lancée il y a deux ans, Terenvie a retraité 140 000 tonnes de terres, notamment grâce à la phytoremédiation. Les hydrocarbures polluants sont éliminés via des bactéries produites par des racines de luzernes déposées dans la terre. La terre est ensuite réincorporée en cimenterie ou en remblaiement de carrière. Parmi les objectifs de la plateforme : recycler 70% des déchets du BTP et refertiliser la terre afin qu’elle soit réutilisable pour la végétalisation de la métropole de Lyon.
« Une prise de conscience des industriels de l’urgence écologique »
Dans cette démarche pour faire verdir leurs activités aux industriels, Bruno Bernard se montre optimiste et évoque « une prise de conscience de l’urgence écologique ». Selon le président de la Métropole, si cette prise de conscience est animée par des convictions environnementales, elle est aussi motivée par des raisons économiques, à savoir l’augmentation progressive du coût des énergies fossiles.
Afin d’attirer de nouvelles entreprises qui souhaiteraient se mettre au vert, la Vallée de la chimie fait l’objet d’importants investissements fonciers. 40 Millions d’euros ont été déboursés par la Métropole en terrains afin d’implanter de nouvelles activités industrielles considérées « vertes ». A l’image du site Symbio qui verra le jour sur 8 hectares d’anciennes friches en 2023. L’entreprise productrice d’hydrogène dédié à la mobilité devrait s’étendre sur 25 000 m2 et produire 20 000 systèmes hydrogènes par an.
Christian Duchêne, maire de Saint-Fons (divers gauche soutenu par EELV), qui était de la visite se montre satisfait. Sa commune accueille une grande partie de la Vallée de la chimie :
« l’implantation de nouvelles industries permet de renouer avec la tradition industrielle de Saint-Fons, de transformer la ville et de créer de nouveaux emplois ».
L’élu pointe néanmoins un paradoxe, renforcé par cette stratégie de revalorisation. A Saint-Fons, ces entreprises à la pointe de la technologie, attirant les chercheurs et les investisseurs, continuent de côtoyer une population confrontées à de nombreuses difficultés sociales et économiques.
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