Entre 2007 et 2017, les prix du logement privé ont augmenté de 30% dans l’agglomération lyonnaise. Une hausse supérieure au revenu médian, qui n’a augmenté que de 17% sur la même période. La troisième ville de France affiche un prix au m2 de 5 385 euros en 2021, selon le baromètre du site seloger.com.
« Les personnes les plus modestes sont impactées durement et ne peuvent aujourd’hui plus se loger correctement dans la Métropole », rapporte la nouvelle étude menée pour l’agence régionale Auvergne-Rhône-Alpes de la Fondation Abbé Pierre (FAP).
Dans cette étude, Loïc Bonneval, chercheur au Centre Max Weber et à l’Université Lyon 2, a comparé l’évolution sur dix ans du montant des loyers et le poids des dépenses allouées pour se loger de plus de 600 ménages locataires. Le constat est sans appel : l’écart s’est creusé entre les ménages les plus riches et les plus pauvres face au logement.
Un taux de pauvreté cinq fois plus élevé chez les locataires
Toujours d’après l’étude, la hausse des prix des loyers n’a pas accompagné celle des revenus des plus modestes. Ces ménages sont donc plus fortement affectés par l’augmentation des loyers que les catégories sociales plus aisées. A Lyon, le taux de pauvreté est cinq fois plus élevé parmi les locataires que parmi les propriétaires.
Le taux d’effort moyen pour se loger est de 53 %. Selon cette note commandée par la FAP, les ménages concernés par un taux d’effort élevé sont moins précaires financièrement qu’en 2007. Et la Fondation Abbé Pierre de conclure :
« L’alourdissement du budget logement n’est pas dû à un appauvrissement des ménages concernés mais bien à une augmentation des prix du logement privé dans la métropole lyonnaise (…) Le cas de Paris n’est plus un phénomène unique. Les villes attractives comme Lyon empruntent des chemins similaires sur la hausse des prix à l’achat et la hausse des loyers. »
Alors que les loyers du secteur privé ont augmenté de moitié depuis vingt ans, les loyers des logements sociaux sont restés relativement stables. En 2019, le loyer privé médian était de 11,8 euros pour les loyers du privé quand celui des logements sociaux était de 6,01 euros. Un décalage qui renforce la difficulté de certains ménages à sortir du parc social pour se loger au prix du marché. Cette faible mobilité immobilière participe aussi à l’allongement les délais d’attribution de HLM.
Une construction de logements en hausse sans impact sur les prix
Pourtant, depuis le début des années 2000 la quantité de logements s’accroît à Lyon, plus rapidement que le nombre de ménages. Entre 2007 et 2017, le nombre de logements de la métropole a augmenté de 16% contre + 12% pour les ménages (+ 704 000 logements contre + 605 000 ménages).
« C’est le blocage de la chaine du logement qui caractérise la situation actuelle plus qu’une pénurie de logements », constate le chercheur Loïc Bonneval, co-auteur de l’essai « De la rente immobilière à la finance, la société de la rue Impériale (Lyon 1854-2004) » :
« La contrainte à laquelle sont confrontés les pouvoir publics est la suivante : la demande de logements est forte sur l’agglomération. Elle peut justifier une politique volontariste de soutien à la construction, mais cet effort de production reste sans effet sur les prix ».
La hausse des prix de l’immobilier limite l’accès à la propriété pour un nombre croissant de Lyonnais. D’après la Fondation Abbé Pierre, les locataires de l’agglomération se situent fréquemment en dessous du revenu médian. A contrario, la proportion de cadres parmi les propriétaires est passée de 25% à 30%.
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