Le parcours de Laurent Wauquiez
Laurent Wauquiez vit pour et de la politique depuis toujours ou presque. Sorti de l’ENA en 2001 et maître des requêtes au Conseil d’État, il devient suppléant du député centriste (UDI) de la Haute-Loire, Jacques Barrot. En 2004, ce dernier est nommé vice-président de la Commission européenne et lui laisse son siège. Depuis, Laurent Wauquiez s’est éloigné politiquement de son mentor, enchaînant les mandats et occupant même différents postes de ministre (emploi, affaires européennes, enseignement supérieur) durant la présidence de Nicolas Sarkozy.
Un cheminement plutôt ascendant mais parfois acrobatique sur le plan idéologique. La trajectoire politique de Laurent Wauquiez débute dans un centrisme classique. En 2005, benjamin de l’Assemblée nationale, il se dépeint encore comme un « catho tendance sociale » qui regarderait plus à la gauche qu’à la droite de son parti. Ses préoccupations à l’époque : laïcité, pauvreté, égalité des chances.
Laurent Wauquiez, une campagne permanente dans la région
Il apparaît d’ailleurs à cette époque-là comme un des élus à rebours de la droite sarkozyste qui commence à bien définir ses contours. Ce virage sarkozyste, il l’a finalement pris. Tenant d’une « droite décomplexée » et poursuivant sa trajectoire idéologique dans les bras de l’idéologue de la droite dure, Patrick Buisson.
À la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2015, il n’a pas manqué d’appuyé sur certains marqueurs de droite. Vêtu de sa très visible parka rouge, il a sillonné le territoire régional et mis les fameux panneaux bleus de la Région à l’entrée de toutes les villes -ou presque. Y compris devant les centres de vaccination, même quand l’apport de la Région y a été faible. S’il n’a pas toujours fait aussi vite qu’il avait promis, il a largement « arrosé » les territoires qui lui sont favorables et des catégories de son électorat. Ceux-là, parfois très rapidement.
Il a également lancé un vaste plan d’économies. Pour bien montrer qu’il sait gérer la Région en bon père de famille, avant de s’occuper, peut-être, du pays. De quoi s’offrir des plans de com’ sur la « Région la mieux gérée de France« . Une collectivité qui a pourtant vu son budget retoqué deux fois en cinq ans par la Chambre régionale des comptes. Et une gestion douloureuse pour certains agents de la Région.
En 2021, bis repetita aux régionales pour Laurent Wauquiez ?
L’élection présidentielle de 2022, il y pense. Peut-être arrive-t-elle bizarrement trop tôt pour celui qui a eu jusqu’ici un parcours fulgurant. Ou presque. En effet, de 2017 à 2019, il est à la tête de son parti, Les Républicains. Après la présidentielle de 2017 ratée avec la candidature de François Fillon, il doit préparer les élections européennes de 2019. Qui prend l’allure d’un fiasco pour son parti. Il reste, au national, sur un échec et des relations compliquées avec Les Républicains.
Avant éventuellement de se présenter en 2022, il lui faudra montrer qu’il est prophète en ses terres. Sa réélection, selon les sondages, ne semble pas compromise pour l’heure. Il est donné largement vainqueur. Alors qu’il n’est pas encore officiellement candidat. L’annonce devrait être faite le 11 mai 2021 selon France Inter. Le dernier sondage le prédit en tête à 31% des intentions de vote au premier tour, soit son score au soir du premier tour de 2015. Bonne nouvelle pour lui, les thèmes de la sécurité et de l’immigration semblent préoccuper les électeurs pour ces élections régionales. Malgré l’absence de compétences de la collectivité en la matière.
De quoi faire le plein de voix dans les terres favorables à la droite ? Certainement. Mêmes si les dernières élections locales de 2020 ont vu quelques grandes villes de la région élire des majorités écologistes et/ou socialistes, il pourra toutefois compter sur les bastions de la droite : la Savoie, la Haute-Savoie, la Loire, l’Ain, le Nouveau Rhône et la Haute-Loire.
Tous ces départements ne sont pas les plus peuplés de la région. Mais en 2015, il avait aussi réalisé des scores relativement élevés dans des départements plus peuplés, comme l’Isère, qui ne l’avaient pas forcément placé en tête (voire les résultats du premier tour des élections régionales ci-dessous). Grâce au système de prime majoritaire du scrutin, cela permet de s’assurer une majorité à l’assemblée régionale.
Pour Laurent Wauquiez, ne pas trébucher sur les régionales avant la scène présidentielle
En 2015, il avait emmené avec lui une frange du Modem. Au sein de ce parti, l’alliance avec un des tenants de la droite dure avait créé des remous parmi les élus centristes de la Région. En 2021, une liste LREM-Modem menée par Bruno Bonnell sera face à lui. A en croire les sondages, cela ne semble pas lui prendre de voix.
Le score prévu du Rassemblement National, placé relativement haut, non plus. Le parti de Marine Le Pen serait même en retrait par rapport à son score du premier tour de 2015.
Avec l’échec de l’union de la gauche pour le premier tour, son vrai duel ne sera finalement pas régional. Malgré la présence de la médiatique Najat Vallaud-Belkacem. Laurent Wauquiez se place déjà sur le plan national, en s’opposant à d’autres prétendants de son parti à l’élection présidentielle de 2022. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse remettent en effet eux aussi leur présidence régionale en jeu, respectivement dans les Hauts-de-France et l’Île-de-France. Aucun des trois ne doit perdre et même plutôt gagner largement s’il ou elle veut continuer de rêver.
Les têtes de listes de Laurent Wauquiez par département d’Auvergne-Rhône-Alpes
- Ain : Stéphanie Pernaud-Beaudon
- Allier : Frédéric Aguilera
- Ardèche : Isabelle Massebeuf
- Cantal : Bruno Faure
- Drôme : Nicolas Daragon
- Isère : Yannick Neuder
- Loire : Jean-Pierre Taite
- Haute-Loire : Caroline Di Vincenzo
- Puy-de-Dôme : Léa Desprat
- Métropole de Lyon : Jérémie Bréaud
- Rhône : Renaud Pfeffer
- Savoie : Émilie Bonnivard
- Haute-Savoie : Sylviane Noel
Programme pour les régionales 2021
Sécurité
- Brigade de sécurité dans les lycées et leurs abords
- Augmentation de 50% des effectifs de la police ferroviaire
- 10 000 nouvelles caméras de vidéosurveillance
- Expérimentation de la reconnaissance faciale pour lutter contre le terrorisme
- Bus scolaires équipés en caméras de vidéosurveillance
- Boîtiers d’alerte discrets pour les femmes victimes de violence
- Doublement des places d’hébergement financées par la Région pour les victimes de violences intrafamiliales
- Offre de travail d’intérêt général pour une « réelle application des peines »
- Suppression des aides de la Région aux jeunes (Pass’Région, bourses, aide au permis de conduire…) pour les délinquants sur demande des maires
Emploi
- Aider les entreprises qui « ramènent des emplois sur le territoire régional » avec un plan d’1 milliard d’euros
- Fonds souverain régional, ouverts aux particuliers, pour monter au capital d’entreprises de la région
- Charte de la préférence régionale signée avec les communes aidées par la Région pour qu’elles appliquent le recours à des entreprises locales pour leurs achats ou marchés publics
- Développement de la marque « Ma région, ses terroirs » pour aider au développement des circuits-courts et augmenter la part de produits régionaux dans les restaurants scolaires des lycées
- Plateforme d’achat en ligne « Ma région, ses produits » pour cataloguer les produits régionaux
- Soutien aux stations de ski et à la montagne
Santé
- Recruter des médecins là où il en manque
- Aider à la création de maisons de santé
- Plan d’investissement pour la rénovation et la modernisation des hôpitaux
- Campagne de sensibilisation aux papillomavirus pour promouvoir la vaccination et lutter contre les cancers
Environnement
- Lutter pour améliorer la qualité de l’air
- Réduction de 50% des déchets alimentaires dans les lycées
- Réduction de 50% des déchets enfouis et objectif zéro déchet enfoui en 2030
- Développer les grandes voies vertes, nouveaux itinéraires autour de cinq grands lacs alpins,
- Soutien à l’achat de vélos par les communes et construction de véloparcs
- Soutien à la méthanisation et développement de l’hydrogène vert (commande de trains à hydrogène notamment)
- Aide à la rénovation des refuges pour animaux de la SPA et aides à l’installation de vétérinaires
Transports
- Durcir encore les sanctions contre la SNCF en cas de retard de trains
- Développer des lignes de « RER métropolitains »
- Construction de routes pour désenclaver des territoires
- Développer le maillage des cars scolaires
- Lancement d’un bus à haut niveau de service entre Lyon et Trévoux (Ain) et entre Lyon et le Nord-Isère
- Achèvement de la ligne LGV Lyon-Turin
Éducation
- Réalisation de 6 nouveaux lycées
- Équipement numérique des lycées
- Soutien aux CFA pour développer l’apprentissage
- Bourse de 4000 euros pour 6 mois de formation aux jeunes qui se forment à des métiers en tension
Social
- Mise en accessibilité de tous les lycées et des gares
- Soutien aux initiatives en direction des personnes handicapées
- Création d’une mutuelle régionale pour les jeunes et les retraités accessible sur les Pass’Région (jeunes) et Pass’Région Séniors
- Création du Pass’Région Séniors sur le modèle du Pass’Région pour les jeunes (réduction pour des activités culturelles, sportives, transports…)
Aménagement du territoire
- Accès à des offres satellites pour internet haut-débit dans l’attente des infrastructures terrestres, aide de 600 euros par foyer
Culture
- Soutien à de « grands projets culturels » comme le Musée des Tissus, le musée du Petit Prince dans l’Ain, la Région des Lumières
Citoyenneté
- Charte des principes de la République : conditionnement des aides de la Région aux communes, associations et clubs signataires de cette charte
Fiscalité
- Aucune hausse de la fiscalité régionale durant le mandat (taxe régionale sur les cartes grises, TICPE sur les carburants)
- Engagement d’un non recours à l’endettement de la Région
Chargement des commentaires…