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[Podcast] L’exposition, un dispositif pour questionner notre façon d’habiter la Terre

Anthropocène : phénomène complexe pour désigner une idée assez simple – la Terre est désormais directement affectée par les actions des êtres humains. Comment en parler, comment le figurer, comment le montrer ? Quels outils avons-nous à notre disposition ? Parmi les formats possibles : l’exposition. Comment celle-ci traite ce sujet et en retour comment est-elle impactée par lui ?

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Exposition Énergies des désespoirs du monde à réparer

Voici ici exceptionnellement deux textes, le premier de Nicola Delon et Julien Choppin (Encore Heureux), Michel Lussault et Valérie Disdier (École urbaine de Lyon); le second de Martin Guinard-Terrin co-curateur des Luma Days à Luma Arles

> pour suivre le débat (en direct et en podcast)

Énergies Désespoirs, un monde à réparer est un dispositif qui présente des mondes qui s’effondrent et d’autres qui sont reconstruits et réparés collectivement. Cette exposition explore deux versants de notre planète en mouvement : les données scientifiques de l’Anthropocène qui documentent la crise de l’habitabilité de la Terre, et les initiatives contemporaines à différentes échelles qui esquissent une réparation à l’œuvre..

Il reste à construire une nouvelle manière de faire système

Notre époque est trouble, comment y faire face ? Quantité de doutes ne sont plus possibles : le réchauffement, les inégalités, l’épuisement des ressources, la pollution, la disparition de la biodiversité, la pandémie,… tout ce qui nous désespère est documenté, s’appuie sur des données scientifiquement avérées.

Tous ces changements qui remettent en cause l’habitabilité de la Terre ont une origine et une manifestation locales, et c’est tout autant le cas des actions et des expériences constructives. Des énergies sont à l’œuvre partout, à partir de lieux que notre espèce saisit, transforme, organise, invente et installe. Il reste à construire, à partir des lieux-microcosmes, à partir des citoyens, une nouvelle manière de faire système pour que toutes ces énergies locales deviennent le vecteur d’un autre changement global qui sera la réorientation de nos manières d’habiter.

Sur une invitation du Centquatre-Paris, le dispositif spécialement conçu et réalisé pour l’exposition prend la forme d’un ensemble de 120 tableaux grand format peints par l’artiste Bonnefrite. Aux 50 peintures de désespoirs en noir et blanc répondent 50 peintures d’énergies en couleur, disposées dos à dos. Chaque peinture est accompagnée d’un court texte qui complète l’image avec des indications quantitatives et des mises en perspective.

La vision d’un monde qui s’effondre ou se reconstruit

Selon le sens de visite, le visiteur peut avoir la seule vision d’un monde qui s’effondre (changement global, crise climatique, crise de la biodiversité, injustices environnementales, épuisement des ressources, pollutions généralisées) ou au contraire celle d’un monde qui se reconstruit (résistances, relocalisations, coopératives citoyennes, invention et stratégies de basse technologie,…). Ce parti-pris scénographique d’un parcours recto-verso propose d’assumer une ambivalence troublante autour de ce qui nous affecte.

En tant que vecteur d’un imaginaire engagé, ce travail graphique cherche à transmettre une émotion directe, mais aussi une pensée collective. Au sein de cette collection visuelle, sont disséminés des slogans issus des manifestations et des luttes pour le climat. Ils ont été choisis pour leur puissance rhétorique, mais aussi pour leur humour et leur décalage. Ensemble, images et mots se répondent pour traduire une impression lucide à la croisée des intuitions intimes et personnelles face aux grands enjeux politiques d’aujourd’hui.

Par Nicola Delon et Julien Choppin (Encore Heureux), Michel Lussault et Valérie Disdier (École urbaine de Lyon)

Exposition « Énergies Désespoirs, un monde à réparer »

  • Commissariat et scénographie : Encore Heureux, Nicola Delon et Julien Choppin
  • Commissariat scientifique : École urbaine de Lyon, Michel Lussault et Valérie Disdier
  • Dessins et peintures : Bonnefrite

Exposition du 29 mai au 1er août 2021 au Centquatre-Paris.




La biennale de Taipei a récemment fermé ses portes après avoir accueilli de nombreux spectateurs à Taiwan, qui reste très peu touché par la pandémie. L’exposition a posé une question à ses visiteurs : sur quelle planète vivez-vous ? Alors que la réponse paraît évidente – la Terre ! – ce n’est pas la même chose de vivre comme des Modernes qui utilisent les ressources de six planètes et de vivre dans les limites d’une seule planète, fragile et limitée.

Comme s’il existait plusieurs versions de la Terre

Affiche biennale Taipei
Affiche de la biennale de Taipei 2020 par Lu Liang. DR

Dans un contexte où les démocraties connaissent une montée des populismes et où les dictatures présentent des menaces de plus en plus pressantes, notre hypothèse est que le changement climatique ne sera pas simplement une question parmi d’autres mais risque de réorganiser entièrement les discussions politiques.

En effet, les désaccords sont de plus en plus nombreux sur la manière de garder le monde habitable, non seulement parce que les opinions politiques divergent, mais surtout parce que nous ne semblons pas être d’accord sur ce dont la terre est faite. Certains pensent même aujourd’hui que la Terre est plate !

C’est comme s’il existait plusieurs versions de la Terre, avec des propriétés et des capacités si différentes qu’elles sont comme des planètes distinctes. Leur attraction gravitationnelle influence énormément la façon dont vous vous sentez, la façon dont vous vous comportez et, bien sûr, la façon dont vous prévoyez votre avenir.

Imaginer alors de nouvelles rencontres diplomatiques

Si nous devions présenter brièvement notre planétarium (qui est bien sûr métaphorique), nous pourrions dire qu’il y a la planète de ceux qui veulent continuer à se moderniser sans tenir compte des frontières planétaires (planète GLOBALIZATION). Mais cette planète semble avoir peu d’attrait pour ceux qui se sentent trahis par le système économique actuel et qui ont besoin de se cacher derrière les murs de leur État-nation pour se protéger (planète SÉCURITÉ).

Sans parler de ces quelques privilégiés qui peuvent se permettre de penser qu’ils s’échapperont sur Mars quand la situation tournera mal ici-bas (planète ESCAPE). Cette discussion a lieu alors que le mode de vie sur une planète TERRESTRE, qui pourrait concilier des formes de prospérité tout en restant dans les limites planétaires, reste encore à inventer.

Chacune de ces versions du monde implique un mode de vie différent et une représentation propre, que nous explorons grâce à des artistes, des scientifiques et des militants qui saisissent intuitivement quelque chose de cette situation. Ces derniers nous aident à devenir sensibles à cette étrange situation. Combien d’autres planètes existent dans cette constellation ? Où se trouvent les visiteurs ? Voici les questions qui se posent à l’heure où il est nécessaire de réfléchir à la planète que vous voulez habiter. D’où la nécessité d’inventer une nouvelle configuration pour les discussions politiques entre les habitants de ces différentes planètes, la nécessité d’imaginer de « nouvelles rencontres diplomatiques. »

Par Martin Guinard-Terrin co-curateur des Luma Days à Luma Arles

> Conférence du mercredi 21 avril : « Curateurs de l’anthropocène, de l’art à l’architecture »

Avec :

Valérie Disdier. Historienne de l’art et urbaniste. Après avoir créé en 2001 et dirigé Archipel Centre De Culture Urbaine (Lyon), elle est, depuis 2018, responsable du pôle programmation et diffusion de l’École urbaine de Lyon. Parmi les formats qu’elle développe, seule ou collectivement depuis une vingtaine d’années, la question de l’exposition est récurrente : Georges Adilon (2001, Rectangle, Lyon), Nouvelles vagues (2007, Archipel, Lyon), Ici et le monde (2009, SAM, Basel), La ville en marchant (2017, Archipel, Lyon), Des Milliers d’Ici (2019, Halles du Faubourg, Lyon), Énergies Désespoir (2021, Centquatre, Paris).


Martin Guinard-Terrin. Après une formation en arts visuels et en histoire des arts, il a travaillé sur plusieurs projets interdisciplinaires traitant de la mutation écologique. Il a notamment collaboré avec Bruno Latour sur quatre projets internationaux. En 2016, il a co-commandité l’exposition Reset Modernity ! au ZKM. Puis, il a dirigé une plateforme d’ateliers (Reset Modernity ! Shanghai perspective) dans le cadre du 2116, Shanghai Project, dirigé par Hans Ulrich Obrist et Yangwoo Lee. Il a été le commissaire, avec Reza Haeri, d’une itération d’un projet similaire en Iran (Reset Modernity ! Tehran perspective). En parallèle, il travaille sur une autre exposition au ZKM. Il est actuellement co-curateur des Luma Days à Luma Arles

Animation :
Jérémy Cheval : Architecte Urbaniste Ph.D., spécialiste des transformations sociales et spatiales en Chine, il est le coordinateur du Pôle Formation de l’École urbaine de Lyon.

Pour suivre ou réécouter la conférence :

Tout le programme du mois d’avril 2021 des Mercredis de l’Anthropocène saison 5.


#Mercredis de l'anthropocène

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