
Dans les Monts du Lyonnais, quatre fermes laitières ont décidé de mettre leurs efforts en commun pour créer une fromagerie coopérative. À moins d’une heure de route de Lyon, la ferme du Val Fleury et le GAEC de la Brumagne (Chazelles-sur-Lyon), la ferme Besson (Saint-Galmier) et la ferme des Deux Hélices (Duerne) ont pour objectif de prouver que « un autre fromage est possible ». Comme le clame le slogan inscrit sous le nom justement donné à la fromagerie : AlterMonts.
Du fromage produit et transformé à 50 km de Lyon
Leur aventure a démarré en 2015, lorsque Adrien Mazet, de la ferme du Val Fleury, songe à reprendre la main sur le devenir du lait de ses vaches. Comme pour toutes les fermes laitières bio, c’était Biolait qui se chargeait de la collecte jusqu’ici. Mais voilà, le lait est ensuite envoyé bien loin des collines verdoyantes des Monts du Lyonnais. Adrien rêve d’une filière bio qui correspondrait plus à sa philosophie, explique-t-il à Reporterre :
« Biolait revend le lait à tous les industriels qui ont une gamme bio, dans toute la France. Cette filière bio est de moins en moins crédible. À quoi ça sert de produire un lait de qualité si c’est pour qu’il soit réduit en poudre dans l’Est ou en Chine ? Pour moi, faire du bio, c’est relocaliser, créer de l’emploi et arrêter de saccager la planète. »
Il n’est pas le seul. Trois autres fermiers laitiers du coin rejoignent avec enthousiasme le projet : relocaliser l’agriculture paysanne, à commencer par leur production laitière. Après quelques années d’échanges et de formations, de dossiers de subvention et de tâtonnements pour mettre au point leur futur fromage, la première pierre de la fromagerie coopérative AlterMonts est posée à la fin de l’année 2019.
Fidèles à leur objectif, les paysans choisissent de l’établir à Saint-Denis-sur-Coise, à quelques kilomètres seulement de chacune de leurs fermes et à 50 km de Lyon. L’épicentre, en quelque sorte, de cette relocalisation de l’agriculture paysanne dans les Monts du Lyonnais.
« Le confinement nous a permis de nous implanter ultra-localement »
C’est alors que la pandémie de Covid-19 a pointé le bout de son nez en France. Au printemps, les écoles ferment leurs portes et la ferme du Val Fleury, qui travaille avec les cantines scolaires de la ville de Lyon, se retrouve avec 35 000 pots de yaourts sur les bras…
Sur les réseaux sociaux, les internautes font circuler l’info et plusieurs centaines de personnes débarquent à la ferme pour acheter les yaourts. Depuis, AlterMonts a mis en place un marché hebdomadaire qui rencontre du succès encore aujourd’hui. Un coup de pouce inattendu, explique Adrien à Reporterre :
« Il y avait une vraie demande des gens du coin. Nous n’étions pas très connus dans les monts du Lyonnais, maintenant si. Le confinement nous a permis de nous implanter ultra-localement. »
12 000 crèmes desserts à la vanille à écouler
Ironie du sort, près d’un an plus tard, la ferme du Val Fleury se retrouve dans une situation presque identique. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le 31 mars la fermeture des écoles, crèches, collèges et lycées pour tenter de juguler la circulation du coronavirus, toujours bien présent sur le territoire français. La ferme se retrouve à nouveau avec la production destinée aux cantines sur les bras, s’agissant cette fois-ci de 12 500 crèmes desserts à la vanille.
Tirant les leçons de leur expérience du premier confinement, les paysans ont parié sur la demande locale pour écouler leur stock sur leur petit marché à AlterMonts. Et encore une fois, les critères locaux et bio de leur travail a plu, au moins autant que la saveur vanille.

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