deux frères de 26 et 22 ans se sont présentées à la police comme étant les organisateurs de ce rendez-vous. Ils ont été immédiatement placés en garde à vue. Ce samedi matin, le procureur les a placés sous contrôle judiciaire. Leur procès aura lieu le 27 avril.
Contactée par Rue89Lyon, leur avocate raconte que ses clients ont été « dépassés par les événements ».
La scène a fait couler beaucoup d’encre.
Mardi 30 mars, en fin d’après-midi, des images ont circulé montrant plusieurs dizaines de jeunes personnes en train de danser au son d’enceintes bluetooth, sur le quai rive droite de la Saône, au centre ville de Lyon.
Baptisée par plusieurs médias locaux et nationaux « la fête des quais de Saône », ces images ont immédiatement fait réagir le préfet du Rhône qui avait décidé de ne pas envoyer les forces de l’ordre par crainte d’un incident.
« Rassemblement irresponsable et inacceptable sur les quais. Compte tenu de la proximité de la Saône et du danger qu’aurait créé une intervention, le préfet a demandé aux forces de l’ordre de ne pas intervenir », avait tweeté la préfecture du Rhône.
Puis le gouvernement, par la voix de Marlène Schiappa, s’y est mis.
Le lendemain, le parquet de Lyon ouvrait une enquête pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « non-respect des mesures sanitaires ».
Message audio des « organisateurs » du rassemblement quais de Saône
Avant de se rendre à la police, deux personnes se présentant comme les organisateurs ont envoyé un message audio au Petit Bulletin.
Leur voix a été modifiée par nos confrères à leur demande (écouter ci-dessous).
Ces deux hommes se disent « organisateurs du rassemblement quais de Saône à Lyon » :
« Il est important pour nous d’assumer nos actes et leurs conséquences ».
Et d’ajouter :
« Ces trois derniers jours, un acharnement médiatique a été mis en route à l’encontre de ce rassemblement et de ses organisateurs. Notre démarche aujourd’hui est de stopper toute spéculation à notre encontre et de nous laisser entre les mains de la justice. »
Les deux frères et leur association poursuivis
Ce vendredi à 8h30, les deux frères sont allés de leur plein gré au commissariat du deuxième arrondissement de Lyon. Ils ont été immédiatement placés en garde à vue.
Après leur audition par les policiers en charge de l’enquête, le parquet a décidé de poursuivre les deux frères pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « organisation d’un rassemblement interdit sur la voie publique dans une circonscription territoriale en état d’urgence sanitaire et devant faire face à l’épidémie de Covid-19 ».
Dans un communiqué de presse délivré ce samedi après-midi, le parquet de Lyon indique que l’association « X Terre », ayant pour objet « le soutien à la musique et à la culture », est également poursuivie en tant que personne morale des mêmes chefs d’inculpation. Les deux frères étant co-présidents de cette structure. Selon le parquet, c’est via le compte Instagram de leur association comptabilisant « 900 followers » que les deux frères ont lancé une invitation à ce « rassemblement festif ».
« Dépassés par les événements »
Ce samedi matin, après une nuit en garde à vue, les deux frères ont été déférés devant le procureur de la République qui leur a remis une convocation par procès verbal à leur procès qui se tiendra le 27 avril prochain. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.
Contactée par Rue89Lyon, leur avocate, Mélanie Sanzari, revient sur les événements :
« Mes clients ont posté une story sur Instagram annonçant un apéro sonore sur les quais de Saône. Habituellement, dix ou quinze personnes de leurs amis viennent. Mais là, il y a eu beaucoup plus de monde que ce qu’ils avaient prévu. Le beau temps et la perspective d’un confinement plus stricte ont certainement joué ».
Quai de la Pêcherie, les deux frères ont installé deux enceintes bluetooth et plusieurs dizaines de personnes se sont rapidement agglomérées.
« Cet apéro n’était pas une action revendicative contre l’Etat. Ils ne voulaient pas braver les mesures sanitaires. ils se sont faits dépasser par les événements. »
Le préfet interdit les quais de Saône
Conséquence de cette « fête » et autres regroupements, le préfet a interdit ce vendredi soir l’accès aux quais de Saône (mais pas les quais du Rhône), entre Vaise (en amont) et Perrache (en aval). Le préfet du Rhône avait déjà interdit la consommation d’alcool la veille. Mais cela ne suffisait manifestement pas.
Dans un communiqué publié en fin de journée, la préfecture précise qu’il a pris cet arrêté contre l’avis du maire de Lyon et du président de la Métropole qui « ont indiqué ne pas être favorables ».
« Depuis plusieurs jours, il a été constaté une recrudescence des regroupements de personnes sans respect de la jauge de 6 personnes, des gestes barrière, de la distanciation physique et du port du masque. Ces comportements dangereux pour notre sécurité sanitaire collective, dans le contexte de tension épidémique croissante que nous connaissons, vont jusqu’à l‘organisation de fêtes sauvages comme cela a été constaté sur les quais de Saône ».
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