A Rue89Lyon, nous connaissons bien Amaria, le long de reportages sur la Duchère et la rénovation urbaine gigantesque (lire ici et là).
Depuis quatre ans, elle tient un blog « Ma cité vue de l’intérieur », sur les opérations de démolition, les reconstructions, réhabilitations et leurs conséquences sur les habitants.
Elle « souhaite prendre et donner la parole et montrer à [son] échelle la complexité de ce sujet trop souvent simplifié, ignoré ou bâclé », écrit-elle dans son « à propos ».
Amaria a elle-même vécu les galères du relogement, sa barre HLM de la Sauvegarde étant aujourd’hui démolie. À 41 ans, cette mère de trois enfants, vit désormais dans un autre secteur de la Duchère.

« Ce qui se passe à la Duchère : un rideau qui tombe sur une scène qui se gangrène depuis des années »
Amaria s’était tu pendant plusieurs mois. Elle a repris la plume à la suite de ces scènes d’émeutes déclenchées après un accident de scooter dont les circonstances restent indéterminées. Le conducteur, un adolescent de 13 ans, a été grièvement blessé. Une enquête confiée à l’IGPN a été ouverte.
Dans son texte, Amaria essaye de comprendre les « causes profondes » de cette flambée de violence.
« J’écris ce billet pour partager ma tristesse et mon inquiétude devant un tel spectacle de désolation ».
« Aujourd’hui, ce qui se passe à la Duchère n’est qu’un rideau qui tombe sur une scène qui se gangrène depuis bien des années. (…)
L’absence d’inclusion et d’emploi des jeunes et des moins jeunes, voilà les origines du mal et du mal être. Certains critiquent l’uberisation, mais qui donne du travail sans discriminations à nos enfants en dehors d’Uber ? Les jeunes s’y ruent avec dynamisme et engouement.
On ose dire après cela qu’ils sont fainéants et qu’ils ne veulent pas travailler ? Quelle entreprise implantée à la Duchère a employé un Duchèrois ou une personne issue d’un autre QPV (quartier sensible) comme convenu au départ ? »
Elle ajoute :
« Aujourd’hui, c’est la récolte des graines de l’abandon et du mépris de nos besoins plantées jadis que l’on se prend un pleine figure. La solution est simple: Nous avons soif de justice. Les quartiers prioritaires le sont au chômage, à l’exclusion, à la discrimination et à la pauvreté. A l’injustice.
Les milliards [de la rénovation urbaine, ndlr] dont on a tant entendu parler et que l’on nous reprocherait presque d’avoir dilapidé ont été investis dans le bâti au détriment de l’humain. Ni la mixité, ni l’ascension sociales ne sont au rendez-vous. C’est pire qu’avant et ça ne va pas aller en s’améliorant ».
Le billet est à retrouver dans son intégralité sur Ma cité vue de l’intérieur

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