Qu’est-ce qui différencie une paire de basket Décathlon d’une vraie paire de « sneakers » ? Son prix ? Sa rareté ? Difficile à dire. La définition de wikipédia ne caractérise pas les « sneakers » du fait qu’elles sont dispendieuses mais plutôt par leur usage :
« Les sneakers désignent une paire de chaussures de sport détournée à un usage citadin et quotidien. Dérivées des modèles conçus pour le sport, elles sont appréciées pour leur confort et leur style. »
Pourtant, l’émission de radio de 28 minutes « La chasse aux sneakers » détaille par quatre portraits combien le prix des sneakers les rend plus ou moins désirables. Bienvenue dans un monde où passion et spéculation s’entremêlent.
« Au début, c’était bon enfant »
Florent Altounian, propriétaire de la boutique Shoez Gallery (Lyon 1er), est le premier à s’en émouvoir. Au point d’avoir craint pour sa sécurité. Au cours de l’émission, il explique que depuis quelque temps, la sortie d’une nouvelle paire en édition limitée est synonyme d’angoisse pour lui, de risque d’émeutes à son magasin. De plus, le phénomène de « resell », c’est-à-dire de revente à prix d’or a aussi eu un impact sur son travail :
« Au début, la queue devant le magasin était bon enfant, on était tous là pour la même chose. Et puis, on s’est aperçus qu’il y avait de plus en plus de monde et les gens ont commencé à s’organiser… »
La rareté organisée
Les ficelles ne sont pas bien différentes du marché de l’art. Comme avoir un Gauguin dans son salon, avoir des Yeezus aux pieds raconte quelque chose sur ses valeurs, ses goûts et aussi ses moyens. StockX, Wethenew sont les nouvelles salles de vente aux enchères du net.
Pour se procurer des sneakers rares, les passionnés sont prêts à faire des kilomètres ou dormir devant une boutique. Tout cela pour la « deadstocker », c’est-à-dire mettre la paire sous vide et ne jamais la porter, en attendant qu’elle prenne de la valeur. Dans le documentaire de Daphné Gastaldi, un jeune de 14 ans, Léopold, raconte avoir acheté une paire à 220 euros et l’avoir revendue à 1000 euros dans la même journée. Des montants qui peuvent faire tourner la tête.
Le paradoxe des sneakers
Pour Brian, lyonnais de 22 ans qui a grandi aux Minguettes, le monde des sneakers a été un moyen de trouver « son truc » et de s’échapper d’une vie un peu grise. Propriétaire de la boutique Kulture en plein centre de Lyon, son magasin est le projet de sa vie.
« Il y a des chaises en bois Louis XVI qui sont vendues à 18 000 euros, ça veut dire quoi ? Dans ma petite banlieue je ne connaissais pas du tout ça. »
Malgré le prix exorbitant de la plupart des chaussures, la sneakers est censée représenter la culture de la « street », des quartiers populaires. Un business paradoxal à découvrir sur France Culture.

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