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A Lyon, un millier d’étudiants manifestent pour des « conditions de vie décentes »

Un millier d’étudiants ont répondu à l’appel à manifester lancé par les organisations de jeunesse dont les syndicats Unef et Solidaires. Le gros des troupes était inscrit à l’université Lyon 3, peu coutumière des mobilisations étudiantes. La marche a débuté peu après midi de la Manufacture des tabacs et s’est achevée vers 15h, devant le rectorat, sans heurts. Récit.

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Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon

Dans la nuit du 8 au 9 janvier dernier, un étudiant en droit de Lyon 3 s’est jeté par la fenêtre de sa résidence universitaire à Villeurbanne. Une semaine après, une autre tentative de suicide étudiante a été stoppée in extremis. De quoi tirer la sonnette d’alarme.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul triste souvenir qu’ont rappelé les étudiants au cours de la manifestation. En effet, la marche a fait une pause devant le siège du Crous, où Anas Kournif avait tenté de s’immoler il y a un an.

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Manifestation des étudiants pour des « conditions de vie décentes » à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon

Des retrouvailles pour les étudiants

Pour beaucoup d’amis, cette manifestation a aussi été l’occasion de se retrouver, de passer quelques heures ensemble, « en vrai ». Des tentatives d’humour ont fusé çà et là :

“T’étais plus beau en visio”
“J’espère qu’elle est pas trop longue la manif, ça fait deux mois que j’ai pas marché plus de 10 mètres”
“Tu crois que le parcours fait combien de fois la distance entre mon lit et mon bureau ?”

Sur les pancartes, les slogans ont fait montre de beaucoup de créativité : “Votre avenir est sous Xanax”, “Génération future est donnée en pâture”, “Ouvrez les facs pas les Primark”, “Titanic en 2021 : la dérive étudiante”. Une petite fanfare improvisée a tenté d’égayer la marche. Elle n’a cependant pas couvert les récits inquiets que les étudiants se sont confié entre eux.

Les étudiants de Lyon 3 mobilisés

Des étudiants de Lyon 1 ainsi que Lyon 2 étaient présents. Mais ce sont surtout de nombreux élèves de Lyon 3 que l’on croisait. Sarah et ses deux amies sont étudiantes en troisième année de droit et sciences politiques à Lyon 3. Elles ne sont pas de grandes habituées des manifestations, mais là, elles étaient décidées à se faire entendre :

“On n’en peut plus, on ne veut pas rabâcher les choses que tout le monde sait mais la jeunesse ne va pas bien du tout. Il est possible de retourner à la fac. Ils ont très bien organisé les examens en respectant les consignes sanitaires, il faut aussi le faire pour les cours.”

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Sarah et ses amies à la manifestation des étudiants pour des « conditions de vie décentes » à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon

Qui incriminer ? Comme beaucoup d’étudiants présents à la manifestation, Sarah était mitigée :

“Je pense que la fac essaye de faire du mieux qu’elle peut. Ils sont dépendants des décisions du gouvernement.”

De l’aide et le retour en présentiel

Dans le texte d’appel à manifester, les organisations de jeunesse ont surtout dénoncé la responsabilité du gouvernement. Sont exigé la réouverture des facs, un meilleur accompagnement psychologique et une revalorisation des aides financières pour les étudiants.

Alice est étudiante à Sciences Po Lyon et syndiquée à Solidaires. Pour elle, la crise du covid-19 a agi comme un révélateur :

“Des étudiants qui se suicident parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts, parce qu’ils se sentent seuls et méprisés, il y en avait déjà avant. Anas en est un exemple.”

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Alice, étudiante à Solidaires à la manifestation des étudiants pour des « conditions de vie décentes » à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon

Elle ajoute :

“Mais là, le covid-19 agit comme un accélérateur de cette violence, parce qu’il y a la précarité, il y a la solitude, il y a le sentiment d’échec scolaire, parce qu’on ne comprend pas toujours grand-chose aux cours en visio… Ça fait trop.”

Deux cortèges, deux ambiances

A l’avant de la manifestation, un cortège de tête constitué d’étudiants et d’une poignée de Gilets jaunes, scandaient des slogans hostiles à la police et au gouvernement : “Louis XVI, Louis XVI, on l’a décapité ! Macron, Macron, on peut recommencer !”

Derrière eux, deux grandes banderoles avançaient lentement, avec les drapeaux de l’Unef, Solidaires et la France insoumise en fond. Ce groupe marquait régulièrement des pauses pour faire des olas ou pour chanter des slogans.

Sur les banderoles, on pouvait lire “Génération Covid” et “Détresse, isolement, décrochage : des moyens pour l’université, non à la précarité”.

Caméras de télé et photographes ne quittaient pas les jeunes d’une semelle. Les étudiants eux-mêmes étaient étonnés par la couverture médiatique qui leur était donnée. Etienne, étudiant en droit à Lyon 3 a constaté :

“Eh beh, y’a France Info, BFM, France 3 région, France bleu, RTL… ça en fait du monde.”

De leur côté, les policiers encadraient la manifestation en se tenant très éloignés des manifestants.

Des soutiens aux étudiants

Quelques têtes blanches ont battu le pavé. Josette, 85 ans, est venue manifester car c’est important pour elle de montrer sa solidarité avec les jeunes :

“C’est l’avenir ! Qu’est-ce qu’on va faire si nos futurs artistes, avocats, ou profs arrêtent leurs études ? C’est un problème qui concerne tout le monde. Et puis il n’y a rien de plus triste qu’un pays avec une jeunesse malheureuse.”

Manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon
Nicole, Gilet jaune, à la manifestation des étudiants pour des conditions de vie décentes à Lyon, le 21 janvier 2020. ©LS/Rue89Lyon

Nicole, Gilet jaune, elle est aussi venue témoigner son soutien aux étudiants :

“Plus que jamais la précarité atteint toutes les générations. Avec les couvre-feu, les confinements, ça empêche la solidarité. »


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Hôpital privé de la Loire, à Saint-Étienne. ©EB/Rue89Lyon

Photo : EB/Rue89Lyon

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