Se montrant prêt à contrer les sinistres annonces ministérielles pour le secteur, l’élu EELV n’a finalement pas transformé son coup de com’ en coup d’éclat.
Le musée des Confluences et le musée archéologique Lugdunum se situent dans le giron des compétences de la Métropole de Lyon. Ici comme ailleurs, le travail artistique et programmatique s’est poursuivi pendant toute la période de confinement. Et comme pour l’ensemble des structures et des acteurs culturels, les annonces de Jean Castex de ce 10 décembre, ne les autorisant ni à ouvrir pour ces vacances de fin d’année ni à se projeter, ont été très difficiles à encaisser.
Aussi, lundi matin, lors d’un point presse en amont du conseil de métropole, Bruno Bernard assurait-il que ses services étudiaient « toutes les possibilités et notamment juridiques » pour ouvrir les deux musées. En réunissant les conditions sanitaires déjà pratiquées et optimisées pendant la courte période d’ouverture.
Ce mardi soir, le président de la Métropole a réuni dans le musée Lugdunum un parterre de journalistes, munis de caméras et de stylos tous prêts à faire la chronique d’une « résistance » de la culture organisée depuis Lyon son épicentre.
Rendez-vous dans le hall de la Métropole de Lyon
Mais finalement, de réouverture il n’y aura pas. Presque gêné, Bruno Bernard a annoncé qu’une exposition serait ouverte au public dès ce lundi 21 décembre dans le hall de la Métropole de Lyon.
Le fémur préhistorique est l’unique pièce dont a pu parler Hélène Lafond-Couturier, directrice du musée des Confluences, présente (coincée ?) à la conférence de presse de ce mardi soir. Elle devra en effet en faire sortir quelques unes de son fonds, qui ne nécessitent pas un environnement muséal particulier et répondant aux contraintes données en urgence pour être exposées rue du Lac (Lyon 3è).
Finalement, à chaque hall de collectivité son style. Une crèche de Noël pour Laurent Wauquiez à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, un fémur de dinosaure pour Bruno Bernard à la Métropole de Lyon. Dans un premier cas, la cible (électorale) est atteinte, dans le second, il s’agit davantage d’un repli penaud.
Avant Hélène Lafond-Couturier, ce sont d’autres acteurs culturels, issus de différentes disciplines artistiques, qui se sont exprimés ce mardi, sur les situations dramatiques que vit actuellement toute la branche d’activité. Si Bruno Bernard les a assurés d’un soutien total, tous et toutes semblaient avoir été invité.es pour meubler tant bien que mal cet épisode de communication.
Le président de la Métropole n’a pas été quant à lui tellement loquace voire peu prompt à répondre à nos questions. Marmonnant dans son masque, l’élu a indiqué que le risque d’une ouverture aurait été trop grand « pour les directrices des musées ». Hélène Lafond-Couturier a parlé plus précisément d’une éventuelle « fermeture administrative » pouvant tomber comme un couperet punitif, qui bloquerait alors la structure « de trois à six mois ».
Colère des acteurs culturels et recours devant le tribunal
Bruno Bernard avait également invité à sa conférence de presse la Ville de Lyon, représentée par son adjointe déléguée à la Culture, Nathalie Perrin-Gilbert. L’élue a annoncé qu’un référé allait être déposé par la municipalité devant le tribunal administratif, c’est à dire un recours mené en urgence contre les décrets ministériels imposant la fermeture aux structures culturelles -« mais pas aux centres commerciaux ».
Elle avait auparavant ouvert, en septembre dernier, un fonds de soutien de 4 millions d’euros pour la culture, dont plus d’une moitié a été distribuée.
Deux initiatives sur lesquelles Bruno Bernard ne s’est pas prononcé et auxquelles il n’a pas, pour l’heure, associé la Métropole.
C’est par ailleurs ce mardi que se sont tenues des manifestations d’acteurs culturels partout en France. À Lyon, plusieurs centaines d’entre eux se sont retrouvés devant la DRAC (direction régionale des affaires culturelles, représentante du ministère au niveau local).
Nicolas Caroze, musicien à l’Opéra de Lyon et porte-parole de la CGT-spectacle, a ainsi résumé :
« La situation est catastrophique, pour toutes les structures culturelles qui se préparaient depuis des semaines, comme si nous allions pouvoir retravailler pendant les fêtes de Noël. La situation est pire pour les intermittents pour qui l’activité partielle est difficilement accessible. C’est un énorme gâchis, pour les usagers, pour les artistes. »
Une demande de mise à plat des politiques culturelles
C’est aussi depuis Lyon qu’a été lancé dès le premier confinement au printemps dernier un « Appel des indépendants », réunissant 1600 acteurs indépendants de la culture et des médias. Il a donné lieu à une série d’ateliers, de rencontres, suivis d’ « États généraux », qui ont abouti à un manifeste.
Ce pavé dense de propositions et d’analyse du secteur est actuellement présenté à des élus, locaux et parlementaires. Il défend, dans son contenu, un « reset » des fonctionnements politiques obsolètes, où la gestion des fonds dédiés à la culture n’est quasi que patrimoniale.
Cédric Van Styvandael, vice-président de Bruno Bernard délégué à la Culture, également maire PS de Villeurbanne, a noté ce mardi soir qu’il avait reçu ce manifeste et ses instigateurs, profitant de l’occasion pour en féliciter le contenu. Mais pour l’heure, aucune annonce de politique culturelle n’a émané malgré les lectures attentives.
La conférence de presse de ce mardi n’a donc pas permis d’observer mieux les contours de cet élan métropolitain pour la culture, venant juste clore pour Bruno Bernard une séquence politique compliquée.
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