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« Musulmane, je fais l’école à la maison et je me sens stigmatisée »

[Témoignage] Nous vous proposons de découvrir le récit que Jana (prénom modifié) fait de ses choix éducatifs. Elle présente sa pratique de l’islam comme « réelle et régulière » ; une pratique qualifiée selon une analyse sociétale de « rigoriste ».

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Photo prise par Madina. DR

Cette habitante de la région lyonnaise de 32 ans élève avec son mari trois enfants, scolarisés à la maison. Ses deux garçons sont en CE2 et en moyenne section, et sa cadette est en petite section.
Tous trois font donc de l’instruction à domicile ou en famille (IEF), selon la formule consacrée, depuis 2018. L’annonce faite par Emmanuel Macron le 2 octobre dernier a été un véritable « séisme » selon le terme de Jana.

Elle fréquentait déjà les réseaux, communautés en ligne et groupes dédiés à l’IEF (ici, ou ), où elle a constaté que le sentiment d’injustice était largement partagé. La mobilisation, depuis, ne faiblit pas pour ne pas avoir à modifier un mode de vie.
Nous avons longuement discuté depuis cette date avec Jana, afin de comprendre les ressorts de ses choix. Avec cette jeune femme, spécifiquement, car le projet de loi sur le séparatisme viserait particulièrement une partie radicale de la communauté musulmane (« le problème, c’est le séparatisme islamiste », a déclaré Emmanuel Macron).
Nous avons choisi de reproduire ces échanges sous la forme d’un témoignage.
« J’ai travaillé comme aide aux devoirs dans des écoles ; ma maman était assistante maternelle ; mon époux a été directeur de centre de loisirs et il a travaillé aussi en école. Alors naturellement, quand mon premier est né, nous avons pris l’habitude de lui proposer des activités d’éveil selon l’évolution de son âge.
Puis j’ai développé une appétence pour diverses lectures sur l’éducation des enfants, les neurosciences, l’éducation bienveillante, etc.
Pourquoi être parent ne serait que nourrir, apporter de l’affection, laver, éduquer mais pas instruire en même temps ? Je suis capable de les accompagner dans leurs apprentissages. J’ai eu envie de m’investir à 100 % pour eux. Il y a ce lien affectif : qui mieux qu’une mère pourra les accompagner en respectant leur singularité ?
Alors, oui, je sacrifie de mon temps, je dois faire preuve de patience et d’empathie, nous dépensons beaucoup dans les supports pédagogiques ainsi que dans les sorties. Mais les accompagner dans leur apprentissage est devenu une évidence pour nous, car ils prennent plaisir à apprendre de cette manière-là.

« Nous ne faisons rien en sous-marin : pas de classe clandestine dans des caves »

Mes trois enfants âgés de 8, 4 et 2 ans sont inscrits dans une école agréée qui est sous le contrôle pédagogique de l’État. Les cours sont donnés sous forme de livrets.
Une journée type d’instruction en famille se passe comme suit : après le petit-déjeuner, chacun s’installe à son bureau et nous commençons le travail après avoir expliqué à chacun le déroulé de la journée.
Nous avons aménagé un coin de notre salon en espace classe, il y a un grand tableau, des bibliothèques, des affichages aux murs (alphabets etc.), un bureau pour chacun. Je leur propose également en parallèle des ateliers inspirés de la méthode Montessori, puisque j’ai fait une formation Montessori afin de les aider au maximum.

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Andrea Kotarac
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