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2ème manif contre la loi « sécurité globale » à Lyon : des milliers de personnes et un drone

5000 personnes (selon la préfecture) ont manifesté ce samedi à Lyon pour la deuxième « Marche des libertés ». Des questions se posent sur la présence d’un drone alors même que la loi « sécurité globale » et son article 22 qui encadre cette utilisation n’ont pas été votés définitivement.

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La banderole de tête de la manifestation notamment tenue par des membres de l'intersyndicale journaliste et des "gilets jaunes", le 5 décembre 2020 à Lyon, au départ de la 2ème manifestation contre la loi "sécurité globale". ©LB/Rue89Lyon

Au départ, il y a un changement de décor. Pour cette deuxième manifestation lyonnaise contre la loi « sécurité globale », la préfecture du Rhône avait interdit le rendez-vous place des Terreaux par un nouveau périmètre d’interdiction de manifester que l’on connaît depuis le mouvement des « Gilets jaunes ».
C’est donc de la place du Maréchal Lyautey, dans le 6ème arrondissement, que les manifestants se sont élancés vers 15h30, sur les quais du Rhône.

En tête, une banderole « Marche des libertés – stop à la dérive autoritaire » tenue notamment par des représentants de l’intersyndicale journaliste et des Gilets jaunes.

Les premiers manifestants ont mis un peu moins d’une heure et demie pour rallier la place Bellecour, via la place Antonin Poncet, le passage devant l’Hôtel Dieu étant dorénavant systématiquement interdit aux cortèges revendicatifs.
Au total, la préfecture annonce 5000 participants à cette deuxième « Marche des libertés ». C’est moins que le 28 novembre où elle dénombrait 7500 personnes.

Les organisateurs de la marche – la coordination locale #StopLoiSécuritéGlobale rassemblant l’intersyndicale journaliste, des associations, ou encore des « gilets jaunes » – n’a pas annoncé de chiffre. 13 000 personnes avaient été avancées samedi dernier.

Jets de projectiles, tirs de grenades lacrymogènes et canon à eau

Maintenir les manifestants le plus possible éloignés possible de l’hypercentre commerçant, tel était l’objectif du dispositif de maintien de l’ordre lyonnais. Ce qui n’a pas empêché les tensions. Elles ont eu lieu principalement à deux endroits sur le parcours.

A l’angle du quai Gailleton et de la rue Servient puis à l’angle de la rue suivante, une cinquantaine de personnes organisées en « black bloc » ont pris pour cible les forces de l’ordre qui bloquaient la rue. Les policiers ont riposté avec des grenades lacrymogènes.

Plus loin, mêmes acteurs, au niveau de la Fosse aux ours, au début du pont de la Guillotière. Les tirs de grenades lacrymogènes répondant aux jets de projectiles.

Progressivement, de charges de la police en utilisation du canon à eau, tous les manifestants ont été ramenés place Antonin Poncet et place Bellecour. Le canon à eau s’est remis en action puis de nouveaux tirs de lacrymo. C’est là que l’essentiel des interpellations ont eu lieu. Sept au total selon la préfecture du Rhône, pour des jets de projectiles. Laquelle préfecture avance également trois policiers « légèrement blessés ».

Des questions sur l’utilisation d’un drone

A Lyon, après avoir utilisé les drones durant le premier confinement on pensait que les forces de l’ordre avaient suspendu leur utilisation, à la suite à de l’arrêt du Conseil d’Etat concernant la Préfecture de police de Paris.

Mais cet après-midi, on a vu réapparaître dans le ciel lyonnais un aéronef piloté par des forces de l’ordre, sur les quais Rhône et jusqu’à l’entrée du pont de la Guillotière.

Une personne présente sur les lieux a publié une vidéo du drone sur Twitter.

Contactée par Rue89Lyon, la préfecture du Rhône – qui supervise le maintien de l’ordre – affirme que les images de ce drone piloté par les gendarmes mobiles n’ont pas été transmises au poste de commandement situé à l’hôtel de police. Ce samedi soir, un porte-parole de la préfecture du Rhône explique :

« Comme habituellement, nous avons utilisé les images des caméras de vidéosurveillance de la Ville de Lyon et celles de l’hélicoptère de la gendarmerie. Aucune image de drone nous a été transmise. »

Toujours selon la préfecture, ce drone n’avait « pas vocation à surveiller la manifestation » mais était utilisé par les gendarmes mobiles « pour leurs propres unités ». Nous n’en savons pas plus.

Est-ce un essai anticipant la loi « sécurité globale » et son article 22 ? Dans quel cadre juridique s’inscrit alors l’usage de ce drone ? Quelle utilisation des éventuelles images a-t-elle été faite ?

Lors de cette deuxième manifestation contre la loi "sécurité globale", les gendarmes mobiles ont utilisé un drone. ©LB/Rue89Lyon
Lors de cette deuxième manifestation contre la loi « sécurité globale », les gendarmes mobiles ont utilisé un drone. ©LB/Rue89Lyon

« La loi « sécurité globale », c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Dans la foule compacte, différents groupes de personnes se distinguent, derrière quelques drapeaux syndicaux (Solidaires, FSU, CNT puis la CGT), drapeaux de groupes politiques (les antifas de la Jeune garde ou le NPA notamment) et surtout des pancartes. Certains sont guidés par une fanfare jouant des musiques comme « Bella Ciao », reprises en chœur autour d’eux.

Un peu plus loin, sont entendus des slogans criés à haute voix et repris ou applaudis, comme : « Nous ne voulons pas d’un état policier ! » Ces personnes expliquent la raison principale de leur présence :

« Le gouvernement a proposé de réécrire l’article 24 de la loi « sécurité globale », mais ce n’est pas suffisant. Il faut annuler l’intégralité cette loi. Elle touche à nos libertés individuelles. »

Parmi les autres articles remis en question dans cette loi, on peut compter également l’article 22 encadrant l’utilisation des drones pour filmer les manifestants.

Avant le départ du cortège, un groupe de quatre jeunes âgées d’une vingtaine d’années attire les regards amusés. De nombreuses personnes s’arrêtent pour lire les messages inscrits sur leurs nombreuses pancartes, comme « Le tabac tue, le tabassage aussi ». L’un de ces manifestants s’exprime :

« On se mobiliser contre la dérive autoritaire de l’État en ce moment. La loi « sécurité globale », c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les violences policières cristallisent un peu toute cette autoritarisme du gouvernement actuel.»

Les manifestants affichent des slogans avec des références multiples. Ici, « C’est une bonne situation, ça, flic ? » en référence au film Astérix : Mission Cléopâtre. ©CR/Rue89lyon
Les manifestants affichent des slogans avec des références multiples. Ici, « C’est une bonne situation, ça, flic ? » en référence au film Astérix : Mission Cléopâtre. ©CR/Rue89lyon

D’autres pancartes aux slogans accrocheurs font naître quelques discussions dans les rangs des manifestants. Des répliques cultes de films ou de séries télévisées sont utilisées ou revisitées.

En levant la tête, on peut voir « C’est une bonne situation, ça, flic ? » en hommage au film Astérix : Mission Cléopâtre, ou encore « On en a gros », phrase emblématique de Kaamelott. L’auteur de cette dernière pancarte explique ce choix :

« Il y a beaucoup de phrases inspirantes pour évoquer la situation actuelle dans Kaamelott. On voulait aussi faire un clin d’œil local, car le créateur de la série est lyonnais, comme nous. Une façon de montrer que les Lyonnais se mobilisent. Mais c’est motivant de voir tous les bons slogans trouvés par les manifestants, il y a de très bonnes idées. »

Eric, militant écologiste d’une soixantaine d’années, est surtout satisfait de constater une faible moyenne d’âge.

« Je suis content de voir que les jeunes se mobilisent. Je sens qu’ils n’ont plus envie de rentrer dans ce système. Il y a quarante ans, j’allais manifester contre le nucléaire, donc cela me rassure de voir que beaucoup de jeunes se bougent aujourd’hui aussi. C’est dommage de ne pas voir plus de personnes de mon âge en revanche. »


#Loi sécurité globale

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