Entre coups de mains et lancement de cagnottes, les soutiens s’organisent et en appellent aux pouvoirs publics.
Un peu de lumière filtre, ce mercredi soir, de la nouvelle « Maison Sans souci » un des derniers squats ouverts à Lyon.
Dans cette grande bâtisse de trois étages, rachetée par la mairie de Lyon en 2014, une trentaine, de sans-abri ont trouvé refuge depuis le 24 octobre dernier. Les lieux ont été aménagés par les habitants et les soutiens. La végétation obstruant l’entrée a été dégagée et une barrière a été installée pour accueillir, en sécurité, les enfants de trois familles.
Dans la salle de vie, des plans s’éparpillent sur la table principale.
« On a beaucoup de branches de métiers représentés dans les collectifs, sourit un soutien. Même des architectes ! »
Gestion de la nourriture, travaux à faire… Des messages s’affichent sur le mur pour organiser les lieux. L’un surplombe les autres : « Merci de respecter le voisinage ! »
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Bien conscients de cette nécessité, les résidents répètent sans cesse être ici « pour être tranquille ». À 17 heures, ils sont une dizaine à se réchauffer les mains autour d’une plaque de cuisson, une des rares des nouveaux lieux. La plupart des salles sont encore « en chantier » en cette deuxième semaine d’installation.
« Nous ne sommes pas ici pour chercher des problèmes, veut marquer l’un d’eux, un brin nerveux. Nous voulons juste être dans un lieu où on en est en confiance, pour éviter la Covid. »
« Le confinement freine l’arrivée de dons »
Haute de trois étages, disposant de plusieurs chambres et salles d’eau, cette ancienne demeure bourgeoise, plantée dans un parc de plus de 3 000 m2, fait office de quasi-oasis pour eux. Dès leur arrivée, les bénévoles ont réparé les carreaux cassés pour lutter contre le froid. Depuis, ils travaillent dans les salles d’eau et les connexions électriques. Des cordistes vont aussi venir replacer des tuiles sur le toit.
« Nous avons tous passés un an, six mois dans la rue… On veut se poser. Nous travaillons depuis plusieurs semaines pour aménager les lieux. On veut que le lieu devienne agréable », marque Mamadou.
Un peu en retrait du groupe, Ibrahim s’avance pour partager son expérience personnelle :
« J’ai passé neuf mois à dormir sous le pont de Jean-Macé. Les gens me connaissent bien là-bas. L’État n’a jamais réussi à me trouver une solution. Nous avions besoin d’être là, dans un logement sur plusieurs nuits. »
Peu à peu, ils espèrent s’organiser pour avoir leur indépendance. En attendant, les soutiens ont sollicité la Croix-Rouge pour obtenir une aide alimentaire. Pour le reste, ils sont entre deux et quatre à passer chaque jour pour bricoler, faire de la plomberie, de l’électricité…
« Évidemment, le confinement ralentit ce processus, commente un soutien. Il freine l’arrivée de dons. »
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