[Photos] Saint-Étienne au travail pendant « un confinement qui n’en est pas vraiment un »
[Photoreportage]A Saint-Étienne, beaucoup ont gardé en mémoire les places et rues désertes et le silence du premier confinement. Les nouvelles restrictions de circulation, mises en place depuis le 29 octobre, n’ont cette fois pas vraiment changé la face de la ville en journée. Une des plus touchées de France par l’épidémie de la Covid-19. Reportage en photos dans la ville.
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Emmanuelle Baills
Publié le 12 novembre 2020 ·
Imprimé le 21 novembre 2024 à 10h41 ·
7 minutes
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A l’origine de cette différence, vraisemblablement la poursuite des activités économiques et scolaires qui entraîne un flux continu de passants, laissant à tous l’impression de ne pas le revivre de la même manière. Des Stéphanois confinés mais au travail. Un changement pour beaucoup d’entre eux, qui ont été à l’arrêt au printemps.
(Pour voir le reportage photos en plein écran cliquer ici sinon vous pouvez le consulter normalement ci-dessous)
« On ne veut pas revenir au système de commandes livrées, ce n’est pas rentable pour nous »
Les marchés stéphanois ont fermé durant plusieurs semaines en avril dernier. Sur les stands du marché place Albert Thomas ce mardi 10 novembre au matin, tous frémissent encore. « Cette grosse galère », les producteurs locaux sont soulagés de ne pas la revivre. Et leurs clients encore plus, ce n’est pas Michèle qui dirait le contraire. « Quoi qu’il arrive, on espère qu’on aura toujours l’autorisation de vendre ici, confie Benjamin Tronchon, maraîcher, face à ses caisses de poireaux. On ne veut pas revenir au système de commandes livrées. La logistique est impossible à gérer, n’est pas rentable pour nous petits exploitants agricoles. » Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Sac ou charriot à la main, les chalands repartent les uns après les autres chargés de victuailles depuis l’étal de Laurent Brosse. « On nous a replacés, l’organisation est différente pour laisser plus d’espace. Cela perturbe bien plus nos clients que nous-mêmes ! » Le retour au confinement, difficile ? « Non ça n’a rien à voir avec le premier, heureusement on a besoin de vendre. Les gens sortent beaucoup plus et viennent jusqu’à nous parce qu’ils veulent voir ce qu’ils vont acheter. Ça bouge assez bien en semaine et le samedi la fréquentation a doublé. » Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Les premiers marquages du mètre de distanciation physique demeurent sur le parvis du tribunal. Souvenir d’un début d’année ponctuée de reports des jugements. L’activité judiciaire, mise à mal au début de la pandémie, est maintenue. Le palais continue d’accueillir avocats, magistrats et personnels de la justice…Et prévenus. Un unique changement : seuls peuvent être reçues les personnes munies d’une convocation, ou souhaitant faire appel. Familles et proches doivent patienter à l’extérieur du tribunal. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Un patron : « Cette fois, le confinement n’est pas accepté parce que tous estiment avoir fait les efforts nécessaires »
« Le premier confinement, par sa soudaineté, avait été pris de plein fouet par les entreprises qui s’étaient résignées, explique Daniel Villareale président de la confédération des petites et moyennes entreprises de la Loire. Cette fois, il n’est pas accepté parce que tous estiment avoir fait les efforts nécessaires pour adapter le travail à la crise sanitaire. » Ce patron estime que la tendance est au deux tiers travaillé. « Moins de chômage partiel car beaucoup de cas contact, de gens en arrêt maladie. Et beaucoup d’entreprises en arrêt dans certains secteurs tel que le textile ou l’aéronautique, faute de commande. » Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Confinés, mais en grève. Ce mardi 10 novembre 2020, l’intersyndicale de la Loire manifestait à Saint-Étienne en réponse à l’appel national lancé par les syndicats enseignants pour dénoncer le manque de moyens pour faire face à la crise du Covid. Tous rassemblés face à l’inspection d’académie, ils dénoncent des mesures sanitaires d’effet d’annonce. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
« Ce n’est pas un confinement, rien n’a changé depuis les vacances »
« Ce n’est pas un confinement, rien n’a changé depuis les vacances nous continuons tous de travailler en présentiel sans que le protocole renforcé qu’on nous annonce ne soit vraiment mis en place dans les écoles », clame Romain Allard, professeur de maths et représentant syndical SNES-FSU 42 aux côtés de ses confrères. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Malgré la crise et les interdictions de rassemblements l’engagement continue pour les syndicats, fortement sollicités par les salariés dans la Loire depuis le début de la crise que ce soit dans l’enseignement, le médical ou la métallurgie. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Quelques amateurs de bonnes bières locales poussent chaque jour la porte de « Geek and Beers », caviste installé au centre-ville, rue Gambetta. Et pour cause, Grégory et Timoté gardent cette fois leur boutique ouverte durant le confinement. « Nous avions fermé un mois comme tout le monde, on avait joué le jeu à fond parce qu’on percevait le danger induit par la pandémie. Là, le danger imminent, c’est de voir notre boite couler si on devait à nouveau fermer nos portes à quelques semaines de Noël, plus grosse période de chiffre pour nous… » Les deux acolytes ne s’attendent pas pour autant à voir bondir leurs résultats : « Oui les gens sortent, ça se voit dans les rues que ce confinement ne ressemble pas au premier. Mais ils ne se lâchent pas dans les magasins parce que le côté angoissant de cette situation est lui est toujours là. » Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
« On t’envoie de plus en plus loin en dehors de Saint-Étienne sans être payé plus »
Pas de chômage partiel pour les employés d’Édouard Momplot, garagiste. « Enfin pas pour l’instant. J’espère que ça va continuer de tourner comme ça, confie le patron alors que ses jeunes salariés s’affairent à changer les pneus de plusieurs véhicules. On tient grâce aux écoles ouvertes. Les parents apporte leur voiture à réparer en même temps qu’ils déposent leurs enfants à côté. Et puis nos fournisseurs, qui ne se sont pas arrêtés non plus cette fois nous livrent les pièces dont on a besoin. » Pour lui, ce nouveau confinement ressemble davantage à un couvre-feu. Une bonne solution pour ne pas tout perdre. « Si tout le monde continue de jouer le jeu, de porter le masque et de faire attention, on s’en sortira ! » Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Ryan (prénom d’emprunt), la trentaine, a repris son vélo de livreur. Pas vraiment par choix, plutôt par nécessité. Le reconfinement lui a fait perdre son emploi de commercial de matériel sportif. Un mal pour un bien. Il tente de philosopher à coté de sa caisse de livraison Uber. « J’ai pas l’impression d’être confiné, je suis tout le temps à tourner à l’extérieur en ville comme un tas de gens vu qu’on travaille, explique t-il alors qu’il prend une pause place du Peuple entre deux courses. Le seul problème c’est qu’on t’envoie de plus en plus loin en dehors de Sainté sans être payé plus. Ça commande pas mal comme on ne peut plus aller au restau’. » Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Pendant le confinement, beaucoup de transport ambulancier pour les taxis de la Loire et de Saint-Étienne
Bruno, le taxi, c’est sa vie. Lui aussi avait totalement arrêté son activité pendant un mois, au printemps « quand les rues étaient vides. » Cette fois, il reste sur le pont. Ou plutôt sur le bitume, au volant de sa belle berline noire, prêt à transporter quiconque en aurait besoin. « Il est midi et ça fait une heure que j’attends et c’est tout le temps comme ça depuis une dizaine de jours, complètement irrégulier. Si j’arrive à faire quatre courses par jour je peux m’estimer heureux… Mais pour combien de temps si les rendez-vous des patients s’annulent ? « , se questionne t-il face aux nombreux passagers à descendre de l’un des bus stéphanois, à l’arrêt de la place de l’hôtel de ville. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Les artisans taxis ligériens ont perdu environ 60% de chiffre. Encore une fois. Plus de fêtards à ramener à bon port le soir, plus de clientèle d’affaires… « On se maintient grâce au transport médical », explique Bruno. Dans la Loire, plus de la moitié des courses effectuées par les quelques 1 000 titulaires de la carte professionnelle sont en lien avec le transport ambulancier. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
A Saint-Etienne, il faudra attendre le soir pour voir le centre-ville se vider pendant ce confinement
Quand on arpente les rues de Saint-Étienne, les bruits de travaux, d’engins de bâtiment public se mêlent aux autres sons urbains. Pas d’arrêt non plus pour le secteur du BTP, qui poursuit également son activité. Comme ici, aux Halles Biltoki où les travaux se poursuivent afin d’en assurer l’ouverture (reportée) en 2021. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Midi, le 10 novembre 2020, à l’hôtel de ville. Élèves et salariés sortent pour la pause déjeuner. Il faudra attendre le soir pour voir le centre-ville se vider. Photo Emmanuelle Baills/Rue89Lyon
Covid-19 : la deuxième vague dans la Loire
La Loire continue de battre de tristes records. La métropole de Saint-Étienne, durement touchée, détient depuis près de six semaines un taux d’incidence général très élevé (1096,5 au 10 novembre, chiffres Santé publique France), soit deux fois plus fort que la moyenne nationale, établie à 556. Toujours au 10 novembre, le département dénombrait 948 personnes hospitalisées pour Covid, dont 100 en réanimation. Des chiffres stables en comparaison avec ceux des dernières semaines, mais qui restent là encore très élevés.
Voir les chiffres de l’épidémie de Covid-19 dans la Loire et les autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes en graphiques
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