Survenant dans un contexte d’actes terroristes commis en France -trois personnes ont été tuées à Nice dans un attentat commis contre la basilique-, l’affaire du « prêtre orthodoxe de Lyon » a immédiatement suscité l’émoi.
Très vite après les faits et tandis qu’un hélicoptère survolait le ciel de l’agglomération de Lyon, à la recherche du fuyard, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, ouvrait quant à lui une cellule de crise Place Beauvau.
Si le contexte a pu justifier une réaction leste, ce sont les prises de parole de nombreuses figures politiques ou médiatiques, éditorialistes et juristes offusqués, qui étonnent. Tant dans ce qu’elles ont eu de précipité que dans leur capacité à qualifier, sans délai, et l’auteur du crime et son acte. Nécessairement un terroriste islamiste, dans un contexte de « christianophobie » généralisée.
« Une liaison » avec le prêtre
Le prêtre, employé par le ministère grec de l’éducation et des cultes, se nomme Nikolaos Kakavelakis. Âgé de 52 ans, il est en poste depuis une dizaine d’années, rue Père-Chevrier, à Lyon. Disons tout de suite que, dès le dimanche 1er novembre, on indiquait à la presse que ses jours n’étaient plus en danger.
C’est le vendredi 6 novembre qu’un homme âgé de 40 ans a fini par être interpellé, placé en garde-à-vue pour « tentative d’homicide ». Dès le lendemain, le procureur de la République, Nicolas Jacquet, écrivait à la presse pour annoncer l’information judiciaire prévisible mais aussi quelques éléments très éloignés du décor posé jusque là :
« Le suspect, qui s’avère être le mari d’une femme qui entretenait une liaison avec la victime, a reconnu les faits au cours de sa garde à vue. L’enquête, confiée à la dIPJ de Lyon, va se poursuivre pour établir le mobile et le déroulement exact des faits. »
La piste terroriste « totalement écartée »
Un « crime passionnel » ? Une funeste mais assez classique histoire d’adultère, qui aurait donc totalement dérapé ?
Dans un communiqué transmis ce dimanche 8 novembre, dans lequel on soupçonnerait presque une petite lassitude, le procureur de la République a indiqué que « l’intéressé a reconnu la matérialité des faits.
Le mari a contesté l’intention homicide en affirmant avoir voulu « blesser la victime et non la tuer ». Un placement en détention provisoire a été requis à son encontre.
Son épouse, qui aurait donc été l’amante du prêtre, selon ce que prétend la personne déférée, avait elle aussi été placée en garde à vue. Elle en est sortie ce samedi 7 novembre au soir. « Aucun élément relatif à une participation aux faits ne lui étant reproché ».
« Je vous confirme que la piste terroriste est désormais totalement écartée », indique Nicolas Jacquet, espérant peut-être par là-même la fin des sollicitations de journalistes.
Quoique l’histoire de cet éventuel adultère avec ses intéressants ingrédients piquants -un adultère révélé ramenant l’homme d’église à son humble statut d’homme, un pétage de plomb spectaculaire du mari cocu poussé à l’extrême- puisse elle aussi obtenir et conserver son écho médiatique.
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