La « domesticité » pourrait passer pour un terme poussiéreux, pour autant, en lisant l’étude de Margot Beal, on s’aperçoit très vite que des codes archaïques du travail domestique persistent dans la société contemporaine. Parmi elles, la chercheuse relève l’influence du patriarcat.
« Aujourd’hui, les employeurs ne supportent pas le vocabulaire de la domesticité »
Rue89 Lyon : Pourquoi vous-êtes vous lancée dans l’étude de la domesticité et pourquoi vous êtes-vous concentrée sur les territoires du Rhône et de la Loire ?
Margot Beal : J’ai débuté mon cursus universitaire en faisant des études de sciences politiques, puis j’ai fais un master 2 en histoire de la pensée politique.
Durant ce master j’ai beaucoup travaillé sur l’antiféminisme et l’antisémitisme et les liens que ces mouvements pouvaient avoir entre eux. Ensuite, lorsque ce fut le moment de faire ma thèse, j’ai voulu continuer de m’intéresser au rôle de la femme dans notre société, puis est arrivée dans l’actualité l’affaire DSK [l’ex-président du FMI a été accusé du viol de Nafissatou Diallo, femme de chambre au Sofitel de New-York, ndlr] et c’est ainsi que traiter de la domesticité en France m’est apparu comme une évidence.
J’ai décidé de me concentrer sur le Rhône et la Loire car ce sont des territoires que je connais. Je suis originaire de la Loire et j’ai fait une très grande partie de mes étude supérieures dans le Rhône. J’ai donc fait des allers et retours entre l’Institut de recherche et les archives de Saint-Etienne et de Lyon pendant 4 ans.
Comment s’est organisée votre recherche ?
Pour réaliser ce travail et faire mes recherches sur la domesticité, j’étais rattachée à un institut de recherche européen situé à Florence en Italie.
J’ai alterné entre les lectures, les recherches dans les archives et l’écriture. En temps normal, on conseille aux chercheurs de consacrer un temps entier aux recherches et aux lectures puis de consacrer la dernière année de thèse à l’écriture. Dans l’institut auquel j’étais rattachée, on nous conseillait davantage d’alterner les phases de recherche et d’écriture.
Pour moi c’était plus simple car j’ai passé beaucoup de temps à éplucher, décrypter les archives et honnêtement, ma santé mentale aurait été affectée si je n’avais pas alterné ces trois phases de travail.
« Je me suis dirigée vers les archives judiciaires, c’est une mine d’informations »
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Vous êtes-vous d’abord intéressée aux témoignages ou aux données chiffrées et sociologiques ?
J’ai d’abord beaucoup lu. J’ai regardé tout ce qu’il y avait sur la domesticité en termes de livres, d’articles.
Ensuite j’ai réfléchi aux documents qui pourraient m’apporter le plus d’informations possibles au sujet de la vie quotidienne des domestiques de la fin du 19ème siècle et du début de 20ème siècle. J’ai lu des journaux intimes de personnes servies mais très rapidement je me suis rendue compte que ces documents m’apporteraient peu d’informations.
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