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Lyon sous couvre-feu : Uber partout, habitants nulle part

Depuis le 17 octobre, les rues de la métropole lyonnaise doivent être vides à partir de 21 heures. Annoncé par le président de la République trois jours plus tôt pour neuf métropoles, le couvre-feu concerne maintenant 54 départements. Rue89Lyon s’est promené dans le centre de Lyon sous couvre-feu, et vous raconte en images une balade très solitaire. 

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Lyon sous couvre-feu : Uber partout, habitants nulle part

20H45, lundi 19 octobre. Le couvre-feu est en place depuis trois jours seulement et la terrasse du Ninkasi Guillotière se vide lentement. Un œil sur l’heure, les derniers clients terminent rapidement leurs pintes avant de filer sans traîner. Les quais du Rhône, eux, sont déjà vides.

La terrasse du Ninkasi Guillotière se vide, alors que l’heure du couvre-feu se rapproche. Lyon, 19 octobre 2020 ©TU/Rue89 Lyon

L’heure du couvre-feu à peine passée, l’immense Bellecour est déserte. Dans la rue des Marronniers, habituellement fortement animée, les terrasses des restaurants sont vides, et les bars ont déjà fermé boutique.

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Livreurs à vélo : le couvre-feu n’a pas ralenti la course

Pour eux en revanche, le couvre-feu ne change pas grand-chose. Ils filent à travers la nuit, sans plus se soucier ni des voitures ni des piétons. Les rues leur appartiennent, et sur leurs vélos ou leurs scooters, un cube si caractéristique sur le dos, ils marquent quelques arrêts pour récupérer des commandes. Livreurs Uber ou Deliveroo, leur activité ne s’est pas arrêtée, en témoigne cet attroupement autour du McDo de la rue de la République, terriblement déserte. La grille du Pathé, 21 heures passées, ne s’est jamais levée.

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Une mesure exceptionnelle

Mercredi 14 octobre, il est 20 heures. Emmanuel Macron annonce un couvre-feu sur l’Ile-de-France et huit métropoles françaises, dont Lyon. Une mesure rare en France, utilisée surtout pour contrôler les contestations, comme à la Réunion lors du mouvement des Gilets jaunes il y a deux ans.

Dans son histoire récente, le territoire métropolitain aussi a connu des couvre-feux partiels. Ainsi, il y a quinze ans et un jour, Zyed Benna et Bouna Traoré décèdent à Clichy-sous-bois, suite à une intervention policière. Protestations puis émeutes suivent le drame, d’abord dans les banlieues parisiennes puis dans les périphéries de plusieurs grandes villes françaises, y compris à Lyon. L’état d’urgence est déclaré, le couvre-feu instauré pour les « mineurs non-accompagnés ».

Avant ça, il faut remonter jusqu’en 1961 pour trouver trace d’un couvre-feu en métropole. En pleine guerre d’Algérie, le préfet de police Maurice Papon impose un couvre-feu aux « Français musulmans », selon les termes de l’époque. Une manifestation pour l’indépendance algérienne, interdite à cause du couvre-feu, sera violemment réprimée le 17 octobre 1961. Le bilan est terrible : au moins une centaines de morts. Pour trouver un couvre-feu national, il faut remonter à la seconde guerre mondiale.

C’est la première fois, en revanche, que le couvre-feu est utilisé à des visées sanitaires.

Le pont de la Guillotière est désert après l’heure du couvre-feu. Lyon, 19 octobre 2020 (TU/Rue89 Lyon)

Les transports fortement impactés

Depuis l’annonce du Président de la République, le Premier ministre Jean Castex a étendu la mesure à 38 départements, et le conseil de défense réuni pour la deuxième fois de la semaine par Emmanuel Macron ce mardi doit accoucher de nouvelles mesures.

L’objectif est toujours le même : freiner la propagation de cette seconde vague, qui touche fortement la région Auvergne-Rhône-Alpes. On parle ça et là d’avancer l’heure du couvre-feu ou de confinements locaux. Tout cela n’arrangera pas les affaires de cette conductrice de taxi.

« Je suis dehors parce que j’ai une course dans 45 minutes à la gare, nous confie-t-elle. Sinon, je serais déjà rentrée, il n’y a aucun client. »

Pourtant habituellement, elle ne s’ennuie pas en début de soirée.

Une conductrice de taxis attend une course à Cordeliers. Lyon, 19 octobre 2020 (TU/Rue89 Lyon)

Les bus non plus ne tournent pas à plein régime. De l’aveu du chauffeur du C12, croisé jeudi soir dernier, « c’est très calme ». Habituellement, les jeudis soirs, « il y a beaucoup plus d’animation », estime-t-il. Alors il poursuit sa tournée, à vide ou presque.

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Un seul promeneur s’est aventuré sur la place Bellecour ce soir-là. Nicolas, la cinquantaine, promène son chien. Il habite « à deux pas » et profite de l’exception autorisée pour admirer la ville vide, attestation en poche, pendant que son canidé se dégourdit les pattes.

De nouvelles mesures sont attendues avant la fin de semaine. Le durcissement des règles pourrait mettre en péril beaucoup d’activités, déjà durement touchées par le confinement. Bars, restaurants, théâtres, cinémas et salles de sport … Toutes ces activités subissent une nouvelle fois de plein fouet les règles sanitaires. Dans les salles sombres des bars fermés, seules les lumières des tireuses à bière percent l’obscurité.

 


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