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Métropole de Lyon : avec ses 23 vice-président·es, Bruno Bernard n’a pas « renversé la table »

On connaît désormais les délégations des 23 vice-président·es de la Métropole élu·es la semaine dernière. Hormis une poignée d’intitulés, le nouvel exécutif écolo n’a pas marqué de grandes ruptures.

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Les vice-président·es de la Métropole de Lyon lors du premier conseil de Métropole. Au centre et au premier plan, Bruno Bernard. A sa gauche, la 1ère vice-présidente déléguée à l'économie, Emeline Baume et à sa droite, la 2ème vice-présidente à l'urbanisme, Béatrice Vessiller. ©HH/Rue89Lyon

Bruno Bernard vient d’attribuer les délégations au 23 vice-président·es qui ont été élu·es le même jour que lui, jeudi dernier. On connaissait la liste des personnes ; mais il a donc fallu encore cinq jours après le vote pour connaître les intitulés de leurs délégations, pour découper et nommer les portefeuilles.

Si le nouveau président de la Métropole a pu s’émanciper une première fois avec le système Collomb en supprimant les 26 conseiller·ères délégué·s qui peuplaient l’exécutif, il n’a pas profité des nominations des vice-président·es pour marquer une nouvelle rupture. À quelques exceptions près, les délégations restent très classiques.

À la suite de son discours rassembleur de président fraîchement élu, Bruno Bernard continue d’envoyer des messages qui se veulent rassurants aux milieux économiques et/ou conservateurs qui avaient exprimé leur peur d’un péril vert.

À l’image de Grégory Doucet à la Ville de Lyon, Bruno Bernard s’est toujours défendu de vouloir « renverser la table ». Les mots pour définir son exécutif vont dans ce sens.

La liste et les délégations des 23 vice-président·es de la Métropole de Lyon

Voici la liste des délégations et les intitulés choisis par le président de la Métropole de Lyon et communiqués à la presse mardi soir -nous lui avons ajouté la couleur politique des vice-président·es. Douze femmes et onze hommes.

  • 1ère vice-présidente : Émeline Baume (EELV) : déléguée à l’économie, à l’emploi, au commerce, au numérique et à la commande publique
  • 2ème VP : Béatrice Vessiller (EELV) : déléguée à l’urbanisme et au cadre de vie
  • 3ème VP : Renaud Payre (Gauche unie – Manufacture de la cité) : délégué à l’habitat, au logement social et à la politique de la ville
  • 4ème VP : Michèle Picard (« La gauche rassemblée » – PCF) : déléguée à la lutte contre les discriminations et à l’égalité femmes/ hommes
  • 5ème VP : Jean-Charles Kohlhaas (EELV) : délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine
  • 6ème VP : Hélène Geoffroy (PS) : déléguée à l’égalité des territoires
  • 7ème VP : Cédric Van Styvendael (Gauche unie – PS) : délégué à la culture
  • 8ème VP : Lucie Vacher (EELV) : déléguée à l’enfance, à la famille et à la jeunesse
  • 9ème VP : Bertrand Artigny (EELV) : délégué aux finances
  • 10ème VP Zemorda Khelifi (EELV) : déléguée aux ressources humaines
  • 11ème VP : Pierre Athanaze (EELV) : délégué à l’environnement, à la protection animale et à la prévention des risques
  • 12ème VP : Véronique Moreira (EELV) : déléguée à l’éducation et aux collèges
  • 13ème VP : Fabien Bagnon (EELV) : délégué à la voirie et aux mobilités actives
  • 14ème VP : Anne Grosperrin (EELV) : déléguée à l’eau et à l’assainissement
  • 15ème VP : Jérémy Camus (EELV) : délégué à l’agriculture, à l’alimentation et à la résilience du territoire
  • 16ème VP : Séverine Hémain (EELV) : déléguée aux politiques d’insertion
  • 17ème VP : Jean-Michel Longueval (Gauche Unie – PS) : délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche
  • 18ème VP : Laurence Boffet (Lyon en commun) : déléguée à la participation et aux initiatives citoyennes
  • 19ème VP : Pascal Blanchard (EELV) : délégué à la santé, aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap
  • 20ème VP : Isabelle Petiot (EELV) : déléguée à la réduction et traitement des déchets et à la propreté
  • 21ème VP : Philippe Guelpa-Bonaro (EELV) : délégué au climat, à l’énergie et à la réduction de la publicité
  • 22ème VP : Hélène Dromain (EELV) : déléguée à la coopération européenne et internationale et tourisme
  • 23ème VP : Yves Ben Itah (EELV) : délégué à la vie associative et aux politiques sportives

« Résilience du territoire » et « réduction de la publicité »

En lisant cette liste, sautent aux yeux les délégations dont l’intitulé est original et écologiquement marqué :

  • La 5ème vice-présidence dédiée aux transports de Jean-Charles Kohlhaas (possible futur président du Sytral) se nomme « déplacements, intermodalités et logistique urbaine ». Un nouveau mot pour dire que les marchandises sur les véhicules polluants ne sont pas les bienvenues en ville.
  • Pour la 11ème vice-présidence, la « protection animale » a été précisée dans la délégation à l’environnement. Les militants de la condition animale, nombreux parmi les écolos, ont naturellement poussé dans ce sens.
  • 15ème vice-présidence : l’expression « résilience du territoire » (autrement dit l’adaptation positive aux changements climatiques) a été accolée à l’agriculture et à l’alimentation.
  • La 20ème vice-présidente Isabelle Petiot est d’abord déléguée à « la réduction et traitement des déchets » avant d’être la vice-présidente à la propreté, qui était le titre habituel de cette vice-présidence. C’est en cohérence avec l’objectif affiché de diviser par deux le nombre de déchets incinérés.
  • La 21ème vice-présidence : la « réduction de la publicité » a été liée à la délégation sur le climat. Lier les deux sujets est un des leitmotivs des mouvements-climat et anti-pub. Qui plus est, à Lyon, les organisations sont très proches et ont fourni des élu·es aux écologistes (lire ici et ). Cela n’a pas manqué, dans un communiqué publié dès le lendemain des annonces de la Métropole, le collectif « Plein la vue » s’est « réjouit de la création d’une telle vice-présidence ».

Ensuite, il y a les délégations dont l’intitulé est moins original mais très marqué à gauche. Parmi lesquelles, on retient :

  • Mettre en 4ème position, « une vice-présidence à la lutte contre les discriminations et à l’égalité femmes/ hommes » est un signe fort. La parité de l’exécutif l’est également. C’est la maire communiste de Vénissieux Michèle Picard qui en a la charge, elle qui a fait de ce sujet un de ses combats.
  • Puis sans surprise, une vice-présidence (la 18ème) à la participation et aux initiatives citoyennes confiée à l’insoumise Laurence Boffet (élue sur une liste Lyon en commun).

En dehors de ces délégations marquées politiquement, l’exécutif écologiste de la Métropole fait dans le classique : économie, urbanisme, logement, ressources humaines ou finances.
En comparant les intitulés des délégations avec ceux choisis par Grégory Doucet pour la Ville de Lyon, on peut même noter une certaine retenue de la part de Bruno Bernard.

  • La 22ème vice-présidence est dédiée au « tourisme » et non pas au « tourisme responsable ». Une façon de rassurer après les accusations d’une partie de la droite de vouloir supprimer Only Lyon.
  • La 1ère vice-présidente : Émeline Baume (EELV) est déléguée à l’économie et non à l’« économie durable » comme son homologue à la Ville. Il faut toutefois préciser que la Ville de Lyon n’a pas la politique économique comme compétence, contrairement à la Métropole.
Les vice-président·es de la Métropole de Lyon lors du premier conseil de Métropole. Au centre et au premier plan, Bruno Bernard. A sa gauche, la 1ère vice-présidente déléguée à l'économie, Emeline Baume et à sa droite, la 2ème vice-présidente à l'urbanisme, Béatrice Vessiller. ©HH/Rue89Lyon
La photo de famille. Les vice-président·es de la Métropole de Lyon lors du premier conseil de Métropole. Au centre et au premier plan, Bruno Bernard. A sa gauche, la 1ère vice-présidente déléguée à l’économie, Emeline Baume et à sa droite, la 2ème vice-présidente à l’urbanisme, Béatrice Vessiller. ©HH/Rue89Lyon

Vice-président·es à la Métropole : la même règle des 70-30

Dans l’attribution des vice-présidences, on retrouve chez les écologistes les mêmes « règles de calcul » que pour la constitution avec leurs partenaires des listes du second tour. À savoir, un rapport 70-30 en leur faveur (contre 60-40 dans les urnes). 74 % des vice-présidences seront ainsi assurées par des élu·es écologistes, 22% par des élu·es issu·es de « La gauche unie » ou des partis la composant et 4% pour « Lyon en commun » (soit une vice-présidence).

Les écologistes se retrouvent logiquement à la tête de postes-clés comme l’économie, les transports, l’urbanisme, les mobilités actives, les ressources humaines, les collèges, l’eau ou encore les déchets.
Les postes attribués à leur partenaires reflètent dans l’ensemble leur importance dans la nouvelle majorité. Les listes d’Hélène Geoffroy (PS) et de Michèle Picard (PCF) ont notamment permis aux écologistes de remporter deux secteurs, respectivement les circonscriptions Rhône Amont et Portes du Sud. Elles ont donc aussi permis d’atteindre la majorité absolue.

Assez logiquement, les deux élues, maires réélues de Vaulx-en-Velin et Vénissieux, deviennent ainsi respectivement 4e et 6e vice-présidentes de la Métropole de Lyon. Notons que contrairement à la règle que se sont imposé les écologistes, leurs partenaires de gauche cumulent une vice-présidence avec un mandat de maire.

Des partenaires de gauche de poids ou sauvés des eaux

Il sera intéressant également d’observer l’attitude de Michèle Picard. Jusqu’ici très critique envers une collectivité qu’elle juge trop centrée sur Lyon et Villeurbanne, elle lui préfère une « métropole des communes ». Nom qu’elle a d’ailleurs donné à sa liste aux élections métropolitaines.

Les partenaires de « La gauche unie » obtiennent trois vice-présidences. Deux au moins relèvent de portefeuilles importants. La vice-présidence au logement a été attribuée à Renaud Payre. Un petit miracle pour le directeur de Sciences Po Lyon, présent sur les listes au second tour pour 120 voix à peine qui lui permettent d’être le… 3e vice-président de la Métropole de Lyon.

Cédric Van Styvendael, tête de liste socialiste à Villeurbanne, avait talonné la liste écologiste au premier tour des métropolitaines. Après fusion, la large victoire au second tour ainsi que la victoire aux municipales en font donc un élu de poids dans la nouvelle majorité. Il sera 7e vice-président, en charge de la culture.


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