L’Ecole urbaine de Lyon propose une série de conférences intitulées « Les Mercredis de l’anthropocène ».
Avant le confinement, ces conférences étaient données aux Halles du Faubourg (Lyon 7è). Rue 89 Lyon en est partenaire et publie à ce titre les tribunes des invité.e.s et intervenant.e.s qui poursuivent les échanges à distance.
La séance de cette semaine porte sur la pensée de l’urbain anthropocène à travers deux expériences menées au Brésil et au Togo : « Penser l’urbain anthropocène depuis les Suds »
En raison des mesures sanitaires liées au coronavirus, ce débat n’a donc pas lieu aux Halles du Faubourg mais a été préenregistré ; il est disponible en podcast.
Pour parler de ce sujet, l’Ecole Urbaine de Lyon a invité :
Sénamé Koffi Agbodjinou, architecte et anthropologue togolais. Il dialogue avec Juliana Quarim Borbosa Gotilla, architecte et urbaniste brésilienne, installée depuis 2011 à Saint-Étienne.
> La conférence est animée par Joan Casanelles architecte, urbaniste, chargé de mission à l’international pour l’Amérique latine à l’Ecole Urbaine de Lyon. Nous lui devons la contribution ci-après qui expose le déroulé de la conférence.
Des expériences togolaises, brésiliennes et stéphanoises
Les profils des deux invités ont permis d’aborder certains aspects de la pensée urbaine anthropocène vue depuis l’hémisphère Sud. Les expériences brésilienne et togolaise des deux intervenants légitiment le néologisme « Suds » introduit dans le titre de cette séance des Mercredis de l’Anthropocène.
Le projet de thèse en urbanisme de Juliana Gotilla interroge les similitudes et différences d’une pensée urbaine associative ; il croise les regards portés sur deux quartiers, l’un à Sao Paolo, l’autre à Saint-Etienne. Le récit de son expérience sur le quartier de Saint-Roch permet de comprendre les possibilités d’agir collectivement, et sans moyen financier.
Au Togo l’Africaine d’Architecture, fondée par Sénamé Koffi Agbodjinou décline une série de réflexions et d’actions sur les quartiers déshérités de Lomé au Togo. Les Hub Cités sont une réflexion sur la création de Smarts City africaines basées sur une pensée collective.
La Création d’un FabLab permettant de fabriquer des imprimantes 3D avec des déchets informatiques et la construction d’un habitat construit avec des matériaux locaux sont des réponses pragmatiques aux problèmes de ces quartiers.
Le virus Covid-19 et ses conséquences sont venues s’intercaler entre la programmation de ce débat et son déroulement. Cette crise a altéré certains repères de la pensée sur l’anthropocène urbain. Nous avons voulu tenir compte de ces nouvelles donnes et permettre aux deux participants d’en faire état.
Leurs expériences passées et leurs futurs projets
Nous leur avons proposé de relater leurs expériences passées et leurs futurs projets. Pour cela, l’échange a été structuré en s’inspirant, de manière simplifiée, des interrogations de Bruno Latour publiés pendant la période du confinement. Ceci nous a amenés à poser aux intervenants trois questions sur la pensée anthropocène vue depuis les Suds, et sur une éventuelle interaction avec la crise liée au virus. Les questions sont les suivantes :
« D’après-vous, après la période que nous venons de vivre,
– Que faut-il supprimer des pratiques urbaines à l’ère de l’anthropocène dans les « Suds »?
– Que faut-il maintenir de nos pratiques?
– Que faut-il inventer ? Ou comment interroger le futur qui se présente à nous. »
Nos deux interlocuteurs se sont prêtés à cet exercice. Ils se sont aventurés à donner de nouvelles pistes de réflexion pour développer des interventions dans l’urbain et l’habitat, basées sur la création de passerelles entre la tradition et les innovations technologiques.
On remarquera aux travers de leurs propos que tous les deux prônent une pratique professionnelle et théorique de mode associatif basée sur la solidarité, le partage, le respect, la notion de recyclage.
On souhaite, comme ils l’indiquent, qu’une mise en commun des méthodologies et des processus d’intervention employés génère une future collaboration qui permettrait d’ajouter une nouvelle étape de réflexion sur l’anthropocène urbain vu des Suds.
Les intervenants
Juliana QUARTIM BARBOSA GOTILLA
Juliana Gotilla est diplômée d’architecture et d’urbanisme. São Paulo, Brésil. Universidade de São Paulo (FAUUSP). Elle également obtenu le diplôme de Master Espace public : design, architecture, pratiques. Saint-Étienne, France. Université Jean Monnet (Sociologie) + ENSASE (Architecture) + ESADSE (Art et Design).
Au niveau professionnel, elle collabore au sein de ATELIER CApTAIn Ludd. Collectif de designers. Saint Étienne, France. Coordination de stratégies socio-spatiales pour la mise en place de projets urbains expérimentaux et d’actions de design pour l’innovation sociale. Graphiste.
Elle réfléchit actuellement à son sujet de thèse en urbanisme : Savoirs amateurs, Savoirs experts. Quels enseignements les actions informelles brésiliennes apportent-elles aux situations françaises pour une pratique d’urbanisme sobre à l’ère de l’anthropocène ?
Sénamé KOFFI AGBODJINOU
Sénamé Koffi Agbodjinou est diplômé de l’Ecole nationale d’Architecture de Paris la Villette et d’un Master Anthropologie à l’EHESS. Il est le fondateur de L’Africaine d’Architecture, une plateforme de recherche et d’expérimentation sur les questions de l’architecture et de la ville africaines.
Il a fondé et dirige les WoeLabs, réseau de tech-hubs togolais dont l’ambition est de “rendre tout le monde égal en face de la technologie” et au sein duquel il a contribué à lancer la demi-douzaine d’entreprises partagées du Groupe HubCity- Silicon Village au Togo. Il porte le projet Hub Cités africaines (Smarts Citys africaines)
Il est promoteur de la pensée néo-vernaculaire qu’il décline concrètement en tant qu’innovateur, designer, entrepreneur aux différentes échelles du produit, du bâtiment et de la ville.
« Penser l’urbain anthropocène depuis les Suds », une conférence du mardi 23 juin 2020, à 18h30, disponible en podcast

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