[Entretien] Il voudrait représenter la troisième voie, plus au « centre », dans ces élections municipales à Lyon. En binôme avec David Kimelfeld (ex-LREM), candidat et président sortant de la Métropole, Georges Képénékian (ex-LREM) a appelé sa liste « Respirations ». Entre un bloc écologiste positionné à gauche et une droite alliée à Gérard Collomb, il défend une ligne politique du « ni-ni », « ni purement économique, ni purement écologique » pour Lyon.
Premier adjoint du maire de Lyon, il fut un temps l’un de ses plus proches collaborateurs (directeur de campagne en 2008 puis adjoint à la Culture), puis son remplaçant intérimaire à la mairie le temps du passage de Gérard Collomb à Beauvau. Le retour du « patron » local s’est fait sans courtoisie voire avec violence. Avec ses mots et son caractère parfois bouillonnant, Georges Képénékian présente son programme et se défend d’une quelconque « revanche personnelle » contre Gérard Collomb dans sa candidature.
Absent dans trois arrondissements sur neuf, Georges Képénékian pourrait alors jouer le rôle du faiseur de roi, au lendemain du second tour de ces élections locales qu’il qualifie à raison d’ » inédites « .
Georges Képénékian : Il ne se passe rien. Le 17 mars, j’ai suspendu ma campagne. Je suis retourné au Samu et j’ai travaillé comme médecin régulateur pour, d’une certaine manière, retourner dans la vraie vie. Ce jour-là, j’appelle Gérard Collomb pour lui dire qu’il serait bien de montrer qu’on est en charge de la ville malgré nos divergences. Il me répond que c’est une bonne idée. Puis, rien ne se passe pendant une semaine. Il m’appelle pour quelque chose d’autre et je lui rappelle ce point. Nous avons ensuite fait des réunions avec quelques adjoints pour parler du Covid. Ceci étant, il a surtout travaillé avec sa garde rapprochée.
« Il faut gommer l’idée selon laquelle j’aurais eu du mal à quitter le pouvoir. C’est risible »
Vous vous parlez toujours ?
On ne se parle plus, non. Je ne fais pas partie des gens à qui il a téléphoné.
Dans un article paru récemment dans l’Obs, vous l’attaquez. On a le sentiment que quelque chose a du mal à passer. Est-ce que vous avez été blessé par le retour violent de Gérard Collomb de Paris ?
Non mais alors cette partie là il faut la… (sifflement). Il y a un contrat moral entre nous deux. Je le respecte. Son retour ne s’est pas fait du jour au lendemain, je le voyais toutes les semaines. Il avait annoncé son retour dans l’Express. C’était du jamais vu d’ailleurs, qu’un ministre décide du moment de son retour… À partir de là, tout est parti en vrille. Cette déclaration a entraîné son départ précipité. Dès lors, j’étais prêt à lui laisser ma place. Sans états d’âme.
Il faut gommer l’idée selon laquelle j’aurais eu du mal à quitter le pouvoir. C’est risible. Il sait que je sais qu’il sait. Au demeurant, quand il revient, il ne demande que la mairie. Et pourquoi ? David Kimelfeld était aussi prêt à laisser sa place.
D’après vous, David Kimelfeld aurait laissé la Métropole ?
Je vous le garantis. La pression de ce moment était telle qu’il l’aurait fait. Gérard Collomb sait seulement que les élus de Synergie l’attendaient. Il sait ne pas pouvoir être réélu à cause du nouveau système de vote de la Métropole. Contrairement à ce qu’il avait promis, il n’a pas réussi à changer de Paris la loi Maptam [modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, ndlr] en leur sens.
À partir de là, le système se déglingue. Car Gérard dirige la Ville, et David reste à la Métropole. Je ne dis pas que David Kimelfeld n’avait pas imaginé une carrière politique autonome, mais elle ne se serait pas déroulée sur cette base. Je vous l’affirme.
« La maladie naît de cette division, et je parle en tant que médecin »
La maladie naît de cette division. Gérard Collomb parti en laissant deux places, il devait reprendre les deux initialement. À partir de là, vous créez les conditions d’une vraie pathologie. Et je parle en tant que médecin.
Le rapprochement de Gérard Collomb avec la droite vous a-t-il touché ?
Mais gravement ! On peut trahir quelqu’un, mais se trahir soir-même, c’est dur. Vous savez bien que j’étais un de ses premiers lieutenants. J’étais à Beauvau avec lui le jour de sa démission.
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