Pour beaucoup d’opposants, voire certains alliés de son propre camp, il reste un adjoint aux Sports sympathique, un garçon gentil et agréable (ce qu’il est), encore jeune en politique, dirigé en sous-main par son mentor, Gérard Collomb.
À 40 ans, Yann Cucherat est le candidat à la ville pour ce second tour. Lucide sur les difficultés d’une campagne, l’ancien gymnaste joue sur son profil sportif, « issu de la société civile ». Sa ligne ? Une politique « dans la continuité » de ses prédécesseurs à la tête de Lyon. Mais coincé entre un Gérard Collomb omniprésent et un Étienne Blanc fin stratège politique, il cherche à s’affirmer en défendant une manière de fonctionner, collégiale, et un socle de « valeurs solide ».
Présence de « Sens communs » dans les listes d’Etienne Blanc, rapport aux questions LGBT, lien avec Gérard Collomb ou à ceux qui l’ont houspillé dans son propre camp… Yann Cucherat a répondu sans détour à toutes nos questions.
Rue89Lyon : Pour ce deuxième tour, vous vous lancez en tandem avec Étienne Blanc, proche de Laurent Wauquiez, représentant d’une droite dure. En 2014, vous vous étiez présenté avec Gérard Collomb, alors candidat du PS (Parti socialiste)… Difficile de s’y retrouver dans cette évolution. Histoire d’y voir plus clair, pouvez-vous nous dire simplement quelles figures politiques vous inspirent personnellement ?
Yann Cucherat : Vous parlez du PS, de LR… Mais il faut bien avoir à l’esprit que, moi, j’ai un parcours atypique. Je ne suis pas un homme politique comme les autres dans le sens où je suis issu de la société civile. Mon engagement pour les Lyonnais et les Lyonnaises est, finalement, en lien avec un parcours de vie dans lequel je me suis entouré de femmes et d’hommes de qualité pour porter des projets.
« J’ai déjà voté à droite, j’ai déjà voté à gauche, suivant des projets et des personnalités »
En ce 18 juin [jour de l’entretien et de l’appel du général, NDLR], rappelons que de Gaulle est un personnage historique qui m’accompagne. Mais j’ai été de ceux qui ont vu cette ville évoluer et se transformer par l’action de ses maires successifs. Michel Noir (RPR), Raymond Barre (UDF) ou Gérard Collomb (PS puis LREM, ex-LREM) sont trois maires qui m’ont porté.
Vous les mettez au même niveau malgré leurs différentes étiquettes ?
Je préfère voir la continuité. Tous ont eu des spécificités et des actions différentes. Mais il y a eu cette volonté, maire après maire, de transformer cette ville de manière progressive et adaptée. Quand je suis entré en politique il y a six ans, je n’étais pas sous l’étiquette PS, mais société civile.
Vous ne vous sentez pas homme de droite ou homme de gauche ?
J’ai déjà voté à droite, j’ai déjà voté à gauche, suivant des projets et des personnalités. J’ai toujours voté Collomb à Lyon. À l’échelle nationale, j’ai voté à gauche, à droite et au milieu avec Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron est-il une figure importante pour vous ?
Il représente pour moi une période politique intéressante. Je trouvais qu’il incarnait une forme de nouveauté dans le monde politique. Je me suis un peu construit comme lui en allant chercher des personnes avec des parcours différents, d’autres expertises, etc. Il y avait un vrai sens. Je ne vais pas dire que j’en reviens… Mais la période actuelle est compliquée avec le retrait de l’étiquette En Marche.
« J’apprécie toujours ce que fait le Président de la République »
Vous voulez dire que vous avez perdu confiance en lui ?
Non, mais cela reste incompréhensible pour moi. Se dire que des décisions se prennent à l’échelle nationale en quelques minutes sans concertation à l’échelle locale… Je ne comprends pas grand-chose à cette affaire mais il y a une vraie forme de déception. J’ai été de ceux qui ont passé beaucoup de temps à faire émerger Emmanuel Macron, je travaillais notamment sur son programme sport… Il y a eu une forme de violence dans cette décision.
Cela ne veut pas dire que je le renie. J’apprécie toujours ce que fait le Président de la République. Cela reste difficile de ne pas faire d’erreur et de faux pas dans sa position. De plus, je ne pense pas que la décision vienne de lui. Le mouvement a pris une décision via des députés locaux qui, depuis un an et demi, critiquent tout ce que fait Gérard Collomb. Cette décision n’est pas contre moi, elle est contre lui. Ils se sont engagés dans ce mandat plus pour le faire perdre que pour faire gagner la ville de Lyon. C’est assez flagrant quand on le vit de l’intérieur.
Qu’est-ce qui doit mener l’action d’un dirigeant politique selon vous ?
Pour moi, le désintérêt personnel est primordial. Un engagement au service de l’autre est nécessaire. Sinon, on fait déjà fausse route. Le sens du collectif est aussi important. Nous ne sommes que le prolongement des Lyonnais et Lyonnaises. J’ai ma vie ici, j’amène mon fils à la crèche, les deux grands à l’école… Les problématiques des Lyonnais sont les miennes. Si je m’éloigne de ces réalités, je perds le sens de mon engagement politique.
« Je ne vais pas cacher que les résultats du premier tour n’ont pas été à la hauteur de nos espérances »
Retour sur votre alliance avec LR. Vous parlez souvent d’un « contexte exceptionnel » lié à la crise du Covid-19. Si le deuxième tour avait eu lieu le 22 mars… Vous ne l’auriez pas faite ?
Dans l’appel au rassemblement que nous avions lancé, nous n’avons pas appelé que la droite. Nous avons appelé, en premier lieu, des gens avec qui, depuis six ans, nous avons fait avancer cette ville. Je ne vais pas cacher que les résultats du premier tour n’ont pas été à la hauteur de nos espérances. Ceci étant, quand on sait compter et qu’on ajoute les voix de Georges Képénékian et les miennes, nous aurions pu être au coude-à-coude avec les Verts…
Georges Képénékian, est le premier que j’ai vu et le premier que j’ai appelé pour essayer de trouver des solutions de rapprochement. Ce n’est pas nouveau. J’essaye de rapprocher cette famille depuis un an et demi.
Vous voulez dire que vous vous êtes allié avec la droite par défaut ?
Non. Je me suis allié parce que le rassemblement devait être large.
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