Depuis soixante ans, la ville est communiste. L’ancien maire PCF, Martial Passi, a été condamné en appel pour prise illégal d’intérêt. Mercredi 4 mars, la Cour de cassation a confirmé sa culpabilité. Aujourd’hui Christiane Charnay, l’ancienne première adjointe, est aux commandes de la mairie givordine et se présente pour la première fois.
Mardi 25 février, aucun militant du Rassemblement national (RN) n’est présent au sein du local de campagne, alors que tous les locaux des candidats aux municipales sont ouverts. Le 1er mars, c’est le même scénario : local fermé et absence de colistiers sur le marché. On se demande quand le Rassemblement national pointe le bout de son nez.
En plein cœur du centre-ville, le marché reste « le poumon » de Givors ». Antoine Melliès affirme que son équipe et lui préfèrent y faire campagne en semaine plutôt que le dimanche :
« Le dimanche il y a beaucoup trop de listes, dont celles pour les métropolitaines. Le retour des Givordins est négatif. Ils se retrouvent avec énormément de tracts dans la main, alors qu’à la base ils ne font que leurs courses sur le marché. Nous avons donc fait le choix d’être présents sur le marché la semaine, notamment le vendredi ».
Antoine Mélliès défend une stratégie électorale qu’il juge banale :
« Nous faisons du porte à porte. Beaucoup de Givordins ne se rendent plus au centre-ville. Nous allons donc au plus près des habitants. »
Antoine Melliès fait son marché sur Twitter et Facebook
Lorsque le candidat du Rassemblement national fait du terrain, il l’annonce sur son compte Twitter. Les réseaux sociaux sont au coeur de la campagne d’Antoine Melliès. Twitter lui permet surtout d’attaquer les candidat, essentiellement ce qu’il nomme « le clan Passi-Charnay ».
Le 15 février Antoine Melliès présentait ses colistiers. Après le listing des noms, la déclinaisons des thématiques. D’abord, le leitmotiv du Rassemblement national, la sécurité. Il veut créer une brigade de nuit et tripler l’effectif de la police municipale. Ensuite, Antoine Melliès souhaite que la ville « retrouve son patrimoine à la fois médiéval, sportif et industriel », bref sa « fierté ». D’où le nom de sa liste :
« Givors n’est pas une ville comme Vénissieux ou Vaulx-en-Velin, elle a une histoire. Givors est extraordinaire.»
Comme ailleurs, le RN version Givors se sert de faits divers pour attaquer la mairie communiste et mettre en avant ses propositions. Le 22 février, Le Progrès écrit qu’une voiture de police a été percutée après des rodéos à Givors. Le Rassemblement national a alors sauté sur l’occasion pour relancer une de ses idées principales : armer la police municipale et tripler les effectifs de la PM. Même procédé, en utilisant des images de décharge sauvage d’un reportage réalisé par BFMTV.
Le candidat RN ne veut pas s’en tenir qu’à la sécurité et promet un volet écologique en annonçant « bâtir un grand plan de végétalisation de la ville par la plantation de 1000 arbres supplémentaires », une « santé accessible à tous », ainsi qu’une baisse des impôts locaux » et un « nouveau service public de proximité ».
« On ne sait même pas s’il réside véritablement à Givors »
Mohamed Boudjellaba, tête de liste de « Construisons Ensemble » (soutenu par les écologistes), candidat pour la troisième fois à la mairie de Givors, décrit la campagne d’Antoine Melliès :
« Il est là, et d’autres fois on le ne voit pas. On ne sait même pas s’il réside véritablement à Givors et depuis quand ».
Laurent Decourselle, candidat sans étiquette et tête de liste de « Un avenir pour Givors » qui se présente pour la première fois à la mairie de Givors, poursuit :
« Melliès va de temps en temps boire des canons dans des bars. C’est comme ça qu’il pense être accepté par la population mais cela ne veut rien dire ».
Isabelle Mathonnet-Tribollet, binôme d’Alexandre Couchot également candidat pour les municipales de Givors sous l’étiquette LREM, est plus affirmative :
« Ils ne font pas campagne. D’ailleurs les colistiers du RN n’ont qu’une boîte aux lettres à Givors ».
Cependant, Antoine Melliès ne se démonte pas et invite à venir voir à Givors, « [s]on vrai canapé,[s]a vraie cuisine ainsi que [s]a vraie femme. »
Contrairement à d’autres candidats, tels que Mohamed Boudjellaba, natif de Givors, Antoine Melliès se qualifie de « Givordin d’adoption ». Concernant ses colistiers, Antoine Melliès assure que tous sont de «purs Givordins».
Faire de Givors un nouveau Hénin-Beaumont ?
Antoine Melliès s’inspire d’autres villes comme Fréjus située en Provence Alpes Côte d’Azur et Hénin-Beaumont localisée dans les Hauts-de-France. Deux villes conquises par le Rassemblement national.
A la tête d’Hénin-Beaumont ? Steeve Briois, vice-président du RN dont Antoine Méllies a été l’attaché parlementaire à Strasbourg. Hénin-Beaumont/Givors, ces deux villes se ressemblent tant par leurs caractéristiques géographiques que par leur passé industriel. Cependant, le candidat se défend :
« Je ne suis pas là pour calquer le modèle d’une autre ville sur Givors. Les Givordins ne sont pas les habitants d’une autre commune. Givors à sa propre histoire. »
Pourtant, tout comme Hénin-Beaumont, Givors a connu une forte désindustrialisation alors qu’Hénin-Beaumont est connue pour son passé minier et sa fermeture de l’usine de sidérurgie Metaleurop en 2003. Le taux de chômage est important au sein des deux territoires : 20 % de chômage à Givors contre 12 % pour l’ancienne ville minière, selon l’Insee.
RN et Républicains, Givors et Saint-Priest
Au Rassemblement national, on parle d’un alignement de planètes.
A Givors, où aucun candidat LR ne se présente, les différentes listes concurrentes du RN soupçonnent un accord entre Les Républicains et le Rassemblement national. Un échange de bons procédés entre les Républicains et le Rassemblement national semble se dessiner à Givors et Saint-Priest. A Saint-Priest, l’absence du Rassemblement national favorise la réélection de Gilles Gascon (LR).
Le candidat du Rassemblement national dément un éventuel accord et estime qu’il s’agit d’un simple concours de circonstances :
« La simple raison est que Michelle Palandre, conseillère municipale sortante des Républicains, naturellement désignée pour être tête de liste à Givors sous l’étiquette des Républicains ne s’est pas présentée non pas à cause de Gascon, mais pour des raisons personnelles.»
Concernant les élections municipales de Saint-Priest, Antoine Melliès avance qu’il n y avait aucun «bon» candidat du RN à investir :
« En qualité de délégué départemental mon raisonnement est très simple : quand j’ai un candidat sérieux, je l’investis. Mais là, en l’occurrence, à Saint Priest on avait pas de bon candidat à présenter car notre conseillère municipale sortante, Sandrine Ligout a quitté la métropole pour aller dans le sud-ouest. Elle était candidate à Saint Priest en 2014. »
« Le Rassemblement national n’a pas sa place à Givors »
Givors est à la quatrième place des villes les plus pauvres du Rhône. Le territoire compte 20 % de chômage, 50 % de logements sociaux et 30 % des foyers ne sont pas imposables. Trois quartiers bénéficient de la politique de la ville dont celui des Vernes où 60 % de la population vit des minimas sociaux et du RSA, selon le contrat local de santé de Givors. Quant aux prix de l’immobilier, la Marcheuse Isabelle Mathonnet-Tribollet annonce qu’ils n’ont jamais été aussi bas.
Ce mercredi 12 février, les colistiers du Rassemblement national ainsi qu’Antoine Melliès n’étaient pas présents sur le marché.
Mais on retrouvait Mohamed Boudjellaba, tête de liste de « Construisons Ensemble », Laurent Decourselle (sans étiquette) et Laurent Couchnot (La République En Marche).
Même si le Front national est arrivé en deuxième position à Givors en récoltant 24 % des suffrages et quatre sièges, un grand nombre d’habitants exprime un fort rejet du parti d’extrême droite.
Comme Yasmina, 25 ans, étudiante en droit du commerce et givordine depuis dix ans qui n’entend pas accepter la présence du Rassemblement national chez elle.
« Regardez Givors, et explorez toute la diversité de population. Le Rassemblement national n’est pas un parti de diversité. Alors pour moi, il n’a pas sa place dans notre ville.»
Ce qui fait dire à Mohamed Boudjellaba que « le Rassemblement national n’a aucune chance d’être élu à la tête de la mairie de Givors.»
De l’autre côté du centre ville, on retrouve le local de Laurent Decourselle qui tient le mercredi 12 février une permanence. Le candidat dénonce le traitement médiatique fait à Givors concernant les élections municipales :
« Les médias mettent en avant Charnay-Mélliès, mais en réalité il existe d’autres candidats.»
>Lire par ailleurs le portrait d’Antoine Melliès
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