À ce sujet, on peut imaginer que vos dimanches 15 et 22 mars sont déjà pris (post-it memo élections locales) ; il reste toutefois d’autres jours ce mois pour sortir, tonifier son esprit en écoutant de la musique ou de beaux textes dans les salles de spectacles. Comme à votre habitude, n’hésitez pas à partager vos bons plans en commentaires.
(Sinon on avait sous le coude un autre dicton qui n’appelait, lui, pas tellement plus d’analyse, alors on le pose là pour le plaisir : « Mars, avec ses marseries, fait qu’à la maison pisse la vieille, et sa fille aussi bien qu’elle ». C’est tout, c’est fini).
Le festival Ecrans mixtes : de John Waters à Alice Guy-Blaché
Bien sûr, il y a la tête d’affiche digne d’une 10ème édition : John Waters, le dreaming réal du cinéma underground se déplacera jusque Lyon exceptionnellement pour Ecrans mixtes. Relisez son interview intime parue dans le Petit Bulletin :
« Je suis devenu John Waters parce que je ne savais pas ce que j’aurais pu faire d’autre ! À 12 ans, je savais déjà que je voulais être dans le show business. J’étais marionnettiste dans les goûters d’anniversaires d’enfants. Et j’ai découvert les films underground de Jonas Mekas — à l’époque, je tenais une rubrique cinéma dans un journal underground de New York. »
Il fera une masterclass ce mercredi 12 mars en fin d’après-midi, à l’université Lyon 2. Bien sûr l’affiche est belle mais elle ne doit pas passer sous silence l’occasion de se faire une rétrospective des films d’André Téchiné ou encore de découvrir ceux de Philippe Vallois.
Une partie du festival se penche sur la réhabilitation de la présence des femmes dans l’histoire du cinéma avec, entre autres pièces, le documentaire « Be natural, l’histoire d’Alice Guy-Blaché » (Jodie Foster à la narration) – en avant-première le dimanche 8 mars au cinéma Le Comoedia.
Du 4 au 12 mars, toutes les infos sur le site du festival.
Le festival « Des femmes et des peines »
L’Observatoire international des prisons, le Genepi et Possible organisent un événement original autour des femmes et de la prisons :
« Les inégalités liées au genre ne s’arrêtent pas aux murs des prisons ».
Une projection le 4 mars de « À côté », un film donnant la parole aux proches de détenu.e.s, dont la vie est aussi rythmée par la prison. Le lieu n’est pas encore déterminé. Puis au Rita-Plage, le 5 mars, à Villeurbanne, lecture sera faite de témoignages de détenues. Enfin, le 6 mars aux Halles du Faubourg, un rendez-vous qui permettra de confronter avec la réalité les images des prisons pour femmes que l’on a dans l’imaginaire collectif, tirées des séries et fictions américaines principalement (Orange is the new black, entre autres).
Festival « Des femmes et des peines« , à Lyon les 4, 5 et 6 mars 2020.
Table ronde : le jeu vidéo indépendant, un laboratoire d’inclusion ?
La bonne question… Elle sera posée ce samedi 7 mars à la MJC Monplaisir Le Karbone et réunira trois femmes à écouter avec la plus grande attention.
Soit Judicaëlle Live Lun : UI/UX designer et Senior 2D artist, co-présidente du RIJV (« rassemblement inclusif du jeu vidéo) ; Anaïs Garestier aka Modiie, streameuse, chargée de TD en Sciences Politiques ; et Gwendolyn Garan aka Noumenie, qui est game UX/UR Designer en freelance mais aussi membre de CapGame, du RIJV et de Women in Games – France.
Une intéressante programmation qui devrait rapidement faire taire quelques clichés en matière de gaming mais peut-être aussi en confirmer d’autres. La table ronde est programmée dans le cadre de la deuxième édition de l’Indie Game Lyon.
Le samedi 7 mars à la MJC Monplaisir (Lyon 8è). Toutes les infos par ici.
Le salon du disque – à l’Espace Tête d’or
Un rendez-vous incontournable des fanas de vinyles (il paraîtrait même que son retour -éternel- s’est encore confirmé en 2019 et pas seulement chez les plus de 45 ans). Mais pas uniquement, il y a aussi parmi les 80 stands des vendeurs de CDs, DVDs… Pour ceux qui ont encore l’amour et la place pour l’objet.
Cette année, en guests parmi les stands, on relève la présence Renald Zapata, performer de peinture live, showman à lunettes noires qui fait les intros de concerts d’artistes comme Marc Lavoine (de façon assez impressionnante on doit dire). Ou encore Yarol Poupaud, guitariste de Johnny Hallyday et, pour le fun, là encore les lunettes noire et la dédicace de son dernier livre, l’inénarrable Philippe Manœuvre.
Le dimanche 8 mars de 10h à 17h à l’Espace Tête d’or (Lyon 6è).
Frustration – au CCO
On ne sera pas confiné à 5000 personnes au CCO et c’est tant mieux parce que cela nous aurait fait mal de rater le concert de Frustration, merveille de l’écurie Born Bad Records. Des Parisiens sûrs, qui sont revenus avec un cinquième album très bien monté, dans lequel, osant le français dans le texte, ils ont assuré la pérennité de leur gloire. Le punk des années 2000, ou les inspirations culte (telles que Joy Division) sont parfaitement digérées, sans sinistre nostalgie.
Ce n’est pas au Marché Gare que vous pourrez les (re-re-re)-voir mais, bien que ce soit cette salle qui les programme, ce sera au CCO de Villeurbanne que vous vous rendrez. Un produit qui s’exporte très bien dans l’agglo !
Le samedi 7 mars à 20h30 au CCO de Villeurbanne.
Olivier Masson doit-il mourir ? – au théâtre de La Mouche
Quand les metteurs en scène se saisissent de l’actualité, cela peut donner au théâtre contemporain une grande puissance narrative, un écho aux réflexions sociales et son rôle de témoignage de notre temps. Le texte de François Hien rappelle sans détour le cas de Vincent Lambert qui a non seulement défrayé la chronique mais aussi créé des remous politiques et idéologiques comme peu d’autres situations privées rendues médiatiques.
Dans « Olivier Masson doit-il mourir ? », un homme tombe dans un état végétatif à la suite d’un accident de la route : son cerveau est atteint de lésions irréversibles. Pendant des années, c’est au coeur de sa famille que les déchirements et désaccords seront les plus violents ; son épouse et sa mère s’opposant jusqu’au procès qui doit décider ou non de l’arrêt des soins.
Le mardi 10 mars au théâtre de la Mouche.
Derviche – au théâtre de la Croix-Rousse
L’univers hypnotique de la danse soufie remonte à Rûmi, poète persan du 13e siècle qui prônait la quête d’une spiritualité intérieure, une mystique centrée sur la tolérance. Le groupe franco-syrien Bab Assalam a réalisé sa dernière prestation en 2010 à Alep en Syrie, avant de devoir rejoindre la France pour fuir à la guerre.
Avec le circassien Sylvain Julien, le groupe a décidé d’entrer dans une transe bien spéciale ; une suite musicale qui fait cohabiter les voix des deux musiciens syriens, avec ouds et percussions, avec clarinette basse et musique électro. Enthousiasmant.
Du 10 au 13 mars au théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4è).
Une soirée et des ateliers autour du Manuel indocile des sciences sociales au Rize
Organiser des rencontres autour d’un manuel de sciences sociales, quelle idée a pris aux Villeurbannais du Rize ?
Ce pavé est tout sauf un manuel rébarbatif et indigeste. Au contraire, il vise à stimuler les réflexions et l’action. Contre les « vérités toutes faites », contre le « prêt-à-penser » et contre les « fausses évidences ».
Par des courts textes pédagogiques, il permet d’aborder des sujets de manière très anglée. « La pollution, la faute des pauvres ? », « vive le marché ? » ou encore « le trou de la Sécu et sa dette : à propos de deux fake news ».
Plus de 100 sujets décortiqués par plus d’une centaine de contributeurs : des sociologues, des économistes, des politistes mais aussi des acteurs du mouvement social.
Ce Manuel indocile a été coordonné par la Fondation Copernic pour prendre à rebrousse-poil « l’ordre libéral ». L’objectif est de diffuser ce que les manuels officiels de sciences économiques et sociales en lycée évacuent : les débats sur les modèles économiques, la reproduction sociale ou les différentes formes de domination.
Les auteurs martèlent une conviction dans la présentation de ce « kit intellectuel de survie » :
« Les sciences sociales libèrent (…). L’indocilité de ce livre n’est autre que l’indocilité constitutive des sciences sociales : faire comprendre par quelles violences, quelles coercitions ont été instituées et reproduites les légitimités et les positions célébrées; (…) faire comprendre que la réussite à l’école de dérive ni d’un don inné ni du mérite ou du talent. »
Pour la soirée du 11 mars, le sociologue Willy Pelletier, coordinateur général de la Fondation Copernic, sera présent avec d’autres contributeurs de l’ouvrage.
S’en suivront, au printemps, deux « ateliers indociles » pour « co-construire » avec les participants un savoir « dissident ». Le premier, le 4 avril, est intitulé « Mon voisin, ce bourgeois ». L’idée est de venir discuter et décortiquer « les bourgeois » avec la sociologue Frédérique Giraud, autrice de l’article « Les bourgeois vivent comment ? »
Le 11 mars, toutes les infos sur le site du Rize
Le Mirage festival
Dédié aux cultures numériques créatives, le festival propose foultitude de performances, concerts. Et permet une balade dans l’agglo avec, entre autres, des performances cinétiques, lumineuses ; liées à la matière et aux sons le 13 mars aux Subsistances (avec Maxime Houot et Pierce Warneck, Clément Édouard). Et pour finir en beauté le petit tour des sens et du territoire, go to Grrrnd Zero pour, entre autres, le live de Zoë McPherson et d’un de ses compatriotes, Ossia. Ambiance dark assurée.
Expo « la Marche Solidaire pour les migrants »
Pendant quinze jours, sur la péniche Fargo, le collectif Item et le Barreau de Lyon s’associent pour proposer une exposition photos retraçant la « Marche Solidaire pour les migrants » de 2018.
Du 30 avril au 8 juillet 2018, plusieurs milliers de personnes s’étaient relayées dans une « Marche Solidaire pour les migrants ».
En reprenant la grande tradition des marches revendicatives, comme celle que l’on a appelé « La Marche des beurs », l’Auberge des migrants entendait dénoncer l’« Europe forteresse » et le « repli sur soi ».
Lire la totalité de l’article par ici.
Du 2 au 17 mars, « Marche ou rêve » sur la péniche Fargo (Lyon 2ème, quai Gailleton face au Sofitel). Toutes les infos par ici.
Aloïse Sauvage – au Transbordeur
Programmée dans le cadre du festival Les Chants de mars, Aloïse Sauvage est, comme on dit dans le jargon promotionnel, la « sensation du moment ». Sensation rap ? Sensation rap catégorie féminine ? Pourquoi pas.
Ce qui séduit assez vite chez Aloïse Sauvage, c’est son côté Chris (de Christine and the Queens) en drôlement plus réussi. Ce n’est ni l’une ou l’autre de ces caractéristiques, mais le style et la brutalité d’une grosse production pour petite perle. Elle devrait tracer sa route de manière intéressante.
Le vendredi 27 mars à 20h, au Transbordeur. Toute la programmation des Chants de mars par ici.
Les Écrans du Doc – au Ciné Toboggan
Avant-premières, débats, rencontres, le programme de cette fête du documentaire est chaque année plus passionnant. Mettant en avant des productions souvent compliquées, liées à l’actualité la plus chaude ou aux réflexions de notre temps, les Ecrans du Doc affiche en 2020 dix éditions au compteur.
Le festival s’ouvre avec Le Bon grain et l’ivraie, de Manuela Frésil, qui a suivi à Annecy des enfants vivant à la rue, pour un échange de regards et un zoom sur une situation géo-politique qui s’achève coincée ici en Haute-Savoie.
Le festival vous propose de voir aussi le documentaire La Cravate qui permet de plonger dans le quotidien d’un jeune homme militant au Rassemblement national ex-Front national, sous l’oeil particulièrement vif de Mathias Théry et Etienne Chaillou. A ce propos, on vous conseille d’écouter leur interview dans le podcast « Mansplaining » (ci-après), qui aborde l’adhésion du jeune Bastien à ce parti d’extrême droite par la question ou plutôt l’obsession de la virilité.
Sébastien Lifshitz, réalisateur du film « Les Invisibles », propose un nouveau documentaire, « Les Adolescentes », dans lequel il suit deux jeunes filles durant cinq années de leur existence, cinq années de cette séquence de vie si particulière, comme une chronique de la jeunesse.
Une belle programmation encore une fois.
Du 24 au 29 mars au ciné Toboggan.
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