Alors que le soleil commence à se coucher ce mercredi, du monde afflue place du maréchal Lyautey (Lyon 6ème) pour cette seconde manifestation aux flambeaux organisée par l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, les CNT, Unef et UNL).
David, ses filles de 18 et 13 ans et son fils de 10 ans rejoignent le rassemblement. « Le mercredi, ça permet de manifester en famille » lance le cheminot qui précise :
« Maintenant que la grève illimitée est terminée, on cherche d’autres moyens pour continuer la lutte, la marche aux flambeaux en est un. »
Représentant CGT du syndicat des cheminots de Givors, il a fait grève pendant quarante jours et depuis, ne manque pas une manifestation.
« Le mercredi, il y a moins de monde, on veut quelque chose de propre et sans anicroche. »
C’est ce que revendique le cheminot de 47 ans, qui déplore que les manifestations soient devenues dangereuses et donc moins accessibles.
Un sentiment que partage aussi Gisèle. Agent comptable de 57 ans, elle est venue avec Valentin, son fils de 23 ans :
« J’ai l’impression que c’est plus pacifique, c’est mieux perçu par le public en tout cas »
Cadre dans une grande entreprise mais proche de la retraite, elle manifeste surtout pour son fils qui touche l’allocation adulte handicapé :
« Avec cette allocation, on ne connaît pas ses droits à la retraite. Alors on nous a dit que le changement n’allait se faire qu’en 2023, mais on sait comment ça va se passer, c’est maintenant qu’il faut se mobiliser. »
Un moyen original pour financer les caisses de grève
Autour d’elle, les chants commencent à se faire entendre tandis qu’au micro, des cégétistes rappellent que des flambeaux sont en vente. Fabriqués à la main et en amont de l’événement, ils sont revendus ensuite à un prix libre. A la première manifestation, 2000 euros auraient été récoltés pour les caisses de grève. Un bénéfice qui est mis en avant par Éric, étudiant de 22 ans :
« C’est une symbolique forte et c’est une bonne idée pour récolter de l’argent pour les grévistes. C’est pas ce type de manifestation qui va faire bouger les choses mais c’est sympa et c’est comme une pause parmi les manifestations normales. »
Une manifestation de « citoyens mobilisés » contre la retraite mais pas seulement
Tous les âges semblent être représentés, des plus jeunes aux déjà retraités. Quelques gilets jaunes sont également présents et rejoignent les gilets rouges de la CGT et des autres syndicats. Une diversité qui réjouit Ariane :
« La manif’ aux flambeaux, je pensais que ça allait attirer des marginaux, en fait le public est varié. »
Professeur de français au lycée René Descartes de Saint Genis Laval, elle aussi est présente aussi bien contre la retraite que contre la réforme du lycée :
« J’ai l’impression que la manif aux flambeaux, c’est plus un mouvement citoyen par rapport aux journées de mobilisation du jeudi qui sont très professionnelles, bien encadrées par les syndicats. Là, on ne vient pas en tant que représentant d’une profession mais en tant que citoyen »
Une manifestation pour donner plus de « visibilité » au mouvement
A 18 heures, la nuit est tombée. Les torches s’allument les unes après les autres tandis que le cortège se met en route. L’atmosphère est bon enfant tandis que les slogans contre la réforme de la retraite et prônant le rassemblement résonnent sur les quais de la rive gauche du Rhône.
En voyant la manifestation, certains passants s’arrêtent, d’autres sortent leur téléphone. « Rejoignez-nous, vous ferez de meilleures photos ici » lance un cégétiste dans son haut-parleur. Sarah, professeure de philosophie et très mobilisée, commente :
« Le but, c’est d’être visible, il y a un côté symbolique, c’est impressionnant, les gens sont contents d’être là, on a la sensation qu’il se passe un truc. Et puis ça permet aux personnes qui n’ont pas les moyens de faire grève de se mobiliser. »
Consciente que cette manifestation n’aura pas la puissance d’une journée de mobilisation, elle espère cependant qu’elle apporte au mouvement général :
« La grève illimitée est terminée mais j’ai l’impression qu’il y a une contagion dans plein de secteurs différents, je ne sais pas ce que ce mouvement va donner mais je suis pas pessimiste pour autant. »
Une fin de parcours dans le calme, comme pour se réserver pour la suite
Malgré la nouvelle interdiction de la préfecture de rejoindre la place Bellecour par la rue de la Barre, la fin de la manifestation se déroule dans le calme.
Tandis que le cortège traverse le pont de la Guillotière, des syndiqués devancent les « gilets jaunes » qui jusque-là formait un petit cortège de tête pour s’assurer que rien ne dérape.
Certains manifestants fustigent les forces de l’ordre qui sécurisent l’accès à l’Hôtel-Dieu, quelques slogans sont lancés contre la police ou le capital mais le cortège ralentit à peine.
Les torches se consument au fur et à mesure. La manifestation se termine en passant place Antonin Poncet devant la poste, « symbole de la destruction du service public ».
A l’arrivée, la police et la CGT ont compté sensiblement le même nombre de manifestant que pour la première édition : entre 700 et 3 000 manifestants.
Certains prennent un vin chaud « solidaire », d’autres se réchauffent autour d’un feu rassemblant le reste des torches. On se salue et surtout, on se dit « à demain ». Comme si cette manifestation n’était rien qu’une répétition.
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