Une explication donnée ce mardi matin en marge de la conférence de presse de Gérard Collomb sur son projet 2020 concernant les transports, et expliquant peut-être une atmosphère quelque peu tendue. Alors que le maire de Lyon et candidat LREM à la Métropole de Lyon a parlé de fluidité, d’accès, de désengorgement, il n’a pas réussi à cacher sa propre crispation.
Le projet d’Anneau des sciences, voie autoroutière (enterrée à 80%) qui doit boucler le contournement périphérique lyonnais entre Tassin et Saint-Fons, Gérard Collomb souhaite le réaliser de longue date. Mais il est devenu une pierre d’achoppement, un curseur environnemental et un vrai thème qui fâche. « On fait tous de grosses audiences avec ce sujet-là, en fait il intéresse énormément », relevait également en aparté un journaliste d’actu locale. Les candidats prétendant opportunément ou sincèrement à l’estampille environnementale sur leur liste ont déclaré qu’ils abandonneraient ce projet voiturophile, jugé trop coûteux, polluant et d’un autre temps.
L’anneau des sciences, condition sine qua none pour Gérard Collomb
Mais Gérard Collomb reste convaincu et en voulant convaincre, il a clairement haussé le ton. Non, il ne rajoute pas de voies aux voitures, non le périphérique ne sera pas plus polluant (preuve en est les choix de certains pays d’en réaliser justement pour des raisons environnementales), il est même une condition quasi sine qua none au déclassement de l’autoroute A6-A7 en boulevard urbain.
Les photos de cette portion d’autoroute A6-A7 surchargée et qui éventre le centre de Lyon, brandies par Gérard Collomb, ont été échangées contre des visuels de maquette montrant une large piste cyclable encadrée par deux longues promenades pédestres dont une en bord de fleuve -ce qui a provoqué son petit effet.
Mais sans contournement bouclé, pas de joli cadre ni de jolie balade en bordure du quartier Confluence, a signalé le maire de Lyon à la presse massée dans son local de campagne. Comme un « pas de bras pas de chocolat ».
Petits tacles à David Kimelfeld
Les équipes de campagne n’ont toutefois pas nommé cette portion autoroutière « Anneau des sciences » dans le dossier de presse, lui préférant un pudique « périphérique à boucler ». L’un des arguments-massues de Gérard Collomb pour défendre un projet privilégiant la voiture est que lesdits véhicules seront selon son pronostic bientôt tous propres, électriques, au gaz, puis au gaz propre. Une vision à échelle… 30 ans.
Pourquoi avoir laissé traîner ce projet s’il semble à Gérard Collomb, patron du territoire depuis 2001, indispensable au désengorgement attendu ? La réponse a été une occasion pour le candidat LREM de tacler son ex-poulain et désormais adversaire, l’actuel président de la Métropole de Lyon David Kimelfeld, candidat à sa succession. Sans le nommer, Gérard Collomb a pour autant regretté ne pas avoir été aux manettes ces trois dernières années, sans quoi il aurait pu réussir à convaincre l’Etat, principal financeur qui, si on ne le presse pas de façon collégiale et assurée, ne va pas « s’embêter avec ces affaires ».
Toujours en direction du même adversaire, Gérard Collomb a estimé que des erreurs stratégiques étaient faites à la Métropole, depuis qu’il ne se trouve plus lui-même à sa tête. David Kimelfeld souhaite résilier le contrat du Rhônexpress, cette navette menant de la gare Part-Dieu à l’aéroport Saint-Exupéry et présentant un coût très élevé pour l’usager, signé avec Vinci. Ce mardi matin, Gérard Collomb a estimé qu’il valait mieux « passer par une médiation » avec le constructeur qui, par ailleurs, mène de nombreux projets à Lyon. David Kimelfeld s’est étranglé et a envoyé dans la journée un communiqué fustigeant ces prises de position médiatiques :
« En proposant une médiation, Gérard Collomb prend une position contraire à la fois à l’intérêt du Sytral dont il est administrateur et à celui de la Métropole dont il est élu. En adoptant une telle position dans une négociation difficile avec Rhônexpress, il affaiblit la position de la Métropole dans la négociation. »
Le président de la Métropole a ré-affirmé sa volonté de résilier le contrat. Cette question doit par ailleurs être tranchée au cours du prochain conseil syndical du Sytral (le 21 février 2020).
Vélo et poids corporel
Lorsque Gérard Collomb a présenté son plan mobilités douces, évoquant la nouvelle place qui serait donnée au vélo, un journaliste lui a rappelé que les associations cyclistes ont déjà donné leur verdict et jugent ce programme peu ambitieux. Bien en-deçà des attentes.
Ce même journaliste a taquiné le maire en lui demandant de se projeter en 2030, sous-entendant qu’un Gérard Collomb âgé de 72 ans aujourd’hui pourrait éventuellement ne pas voir cette époque-là mais que lui-même y arriverait du fait de sa pratique intensive du vélo. Le maire n’a pas réussi à se contenir et a dérapé.
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