Née en 2015, la Gonette, la monnaie locale et citoyenne vient de passer au numérique : de quoi, peut-être, lui permettre de toucher un public plus large.
Jusqu’ici, elle n’existait que sous formes de billets de 1, 2, 5, 10, 20 et (plus insolite) 49 Gonettes. C’est une monnaie parallèle à l’euro, utilisable chez les petites commerçants de Lyon et des environs qui respectent une charte de valeurs. Le but ? Promouvoir le commerce local, écologique et social. Pour l’utiliser, il faut adhérer à l’association. Ensuite, c’est simple : une Gonette est égale à un euro.
La Gonette est depuis le 30 novembre disponible sur smartphones et ordinateurs, à travers une application dédiée. De quoi, peut-être, étendre sa portée. C’est en tout cas ce qu’espère Charlotte Bazire, chargée de communication de l’association qui porte le projet :
« L’année dernière, nous avons sondé une partie des utilisateurs. Cela nous a permis d’identifier le principal frein, qui est le change. C’est une démarche pour laquelle il faut être motivé : il faut d’abord retirer de l’argent à un distributeur, puis aller changer les euros en Gonette à un comptoir. Ce sont des efforts que font les militants. »
Le numérique, avec la dématérialisation, va permettre de lever un autre frein, en particulier pour les professionnels qui utilisent la monnaie citoyenne :
« Avant, avec le paiement en espèces, il fallait se déplacer, même pour un paiement régulier. »
L’application permet désormais de faire des virements de compte à compte, de programmer des virements permanents, d’effectuer un paiement différé en cas d’oubli… Autre nouveauté : chaque Gonette en ligne est doublé par la banque partenaire, la NEF. Elle propose aussi une carte où sont localisés les partenaires commerciaux des alentours.
Pour permettre cette transition vers le numérique, l’association a pu, avec 10 autres monnaies locales, bénéficier de 48000€, grâce à un appel à projet du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, en partenariat avec l’ADEME.
Sortir de l’entre-soi militant
Comme l’expliquait déjà Jérôme Blanc en 2015, la grande limite des monnaies locales et citoyennes, c’est le petit cercle qu’elles parviennent à toucher :
« Les personnes qui lancent une monnaie locale sont des gens qui ont déjà réfléchi à la question et qui entrent dans une démarche militante. Le paradoxe, c’est que, au début du processus de création d’une monnaie locale, ce socle militant restreint est nécessaire, voire inévitable, alors que la monnaie locale vise à s’adresser au plus grand nombre. »
Une réflexion confirmée par les sondages menées par l’association :
« La majorité des gens qui utilisent la Gonette sont des femmes, 60% environ. Les utilisateurs sont le plus souvent déjà engagés dans d’autres associations ou ONG, et déjà sensibles à la démarche écologique et sociale. »
De même, la Gonette est plus présente dans certaines zones, principalement dans le 7e, le 4e, le 1er ainsi qu’à Villeurbanne.
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