Il fait beau ce jeudi 10 décembre à Lyon. Entre les discussions et les éclats de rire, une foule se presse en direction de la Manufacture des tabacs, point de rendez-vous donné pour une manifestation contre la réforme des retraites.
Deux femmes, la petite cinquantaine, discutent avec animation. « Manifester, c’est bien gentil, mais à quoi ça sert ? », lâche l’une d’elles. « J’en ai marre des slogans de la CGT chaque semaine », répond sa voisine en fronçant le nez alors qu’elles passent devant le camion syndical qui diffuse à plein tubes le célèbre « motivés, motivés ». CGT, Force ouvrière, Solidaires, FSU, CNT, Unef, UNL… Les banderoles et les drapeaux habituels sont au rendez-vous.
A chaque grosse manifestation contre la réforme des retraites, entre 10 000 et 40 000 personnes défilent à Lyon dans les cortèges de l’intersyndicale. Mais de plus en plus de manifestant.es marchent devant les banderoles syndicales.
Le 10 décembre dernier, il y avait « 1200 individus à risque » en tête d’après la préfecture du Rhône. Des « gilets jaunes », des étudiant.es et des curieux.ses se joignent désormais aux habituelles organisations antifascistes et anarchistes pour un cortège de tête qui dispute aux syndicats leur légitimité à conduire ces manifestations.
« Gilets jaunes », black block, étudiant.es : le cortège de tête à la lyonnaise
En 2016, les manifestations contre la loi Travail avaient été marquées à Lyon par une lutte constante entre les syndicats et quelques centaines de jeunes manifestant.es pour prendre la tête du cortège. Parmi ceux-là, des antifascistes, des anarchistes et des jeunes proches de ces milieux militants.
Aujourd’hui, contre la réforme des retraites cette fois-ci, il y en a pour tous les goûts dans ce cortège de tête.
Plutôt « gilet jaune » ? Ils et elles sont là, parfois derrière une banderole « Ensemble tout devient possible » flanquée de drapeaux tricolores.
Les étudiant.es se massent derrière de gigantesques lettrages qui scandent « La précarité tue, la justice aussi », « Grève humaine », ou encore « Étudiant.es et travailleur.ses en lutte contre la précarité en vie ». L’étudiant de Lyon 2 qui s’était immolé par le feu devant le Crous de Lyon le 8 novembre dernier est dans tous les esprits. A ce jour, le jeune homme est toujours plongé dans le coma.
Dans le tas, les antifascistes du groupe antifasciste Lyon et environs (plus connu sous l’acronyme GALE) qui compte une trentaine de membres sont présents, ainsi que la poignée de militants de l’Unité communiste de Lyon et les anarchistes de l’Union des communistes libertaires.
Comme en 2016, et déjà en 2014 contre le FN, des manifestant.es cagoulé.es et vêtu.es de noir sont apparu.es dans le cortège de tête, abrité.es derrière des banderoles hostiles à la police : « Jeudi noir », « Ici on rêve que les poulets rôtissent » ou encore « Moins de poulets, plus de frites »… Le black bloc est au cœur du cortège de tête.
Lisez la suite pour 1€
En profitant de notre offre d’essai, résiliable en ligne à tout moment.
Pour accéder à cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?
Les informations exclusives, les enquêtes et certains reportages constituent l’édition abonnés de Rue89 Lyon. En tant que média indépendant, nos ressources proviennent de nos lectrices et lecteurs abonnés, aucun milliardaire ni groupe bancaire ne nous finance.
Nous demandons à nos lecteurs une faible contribution pour disposer à Lyon d’un média critique des pouvoirs, capable d’enquêter et de traiter les enjeux locaux en profondeur et dans la durée.
Chaque abonnement compte. Toutes nos recettes sont investies dans un journalisme local indépendant, dont la force et la réactivité dépend directement du nombre d’abonnés actifs.
Chargement des commentaires…