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Rhônexpress : coup de com’ de David Kimelfeld qui veut se passer de Vinci

La Métropole de Lyon et le Sytral sont en renégociation avec Vinci autour du fructueux contrat du Rhônexpress : le tramway reliant Lyon Part-Dieu à l’aéroport Saint-Exupéry est en effet une des navettes les plus chères au monde dans sa catégorie. David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon en campagne, s’est saisi du dossier de façon opportune, en dénonçant le contrat autour de cette navette vers l’aéroport dont la tarification est plus qu’impopulaire.

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Au-delà du dossier juridique et technique, la lecture de cet énième rebondissement autour du dossier « Rhônexpress » est avant tout politique. Difficile de faire autrement en pleine campagne électorale. D’autant plus que les deux principaux élus aux manettes dans cette affaire sont désormais adversaires pour les échéances à venir.

Jeudi 5 décembre, David Kimelfeld a annoncé via un communiqué que la Métropole de Lyon demandait la résiliation du contrat de concession du Rhônexpress. Unilatéralement.

« À l’issue de 6 mois de négociations, menées par la Métropole de Lyon et le Sytral, avec les équipes de VINCI sur Rhônexpress et au regard des propositions insuffisantes du délégataire, David Kimelfeld, Président de la Métropole de Lyon et Gérard Claisse, Vice-Président de la Métropole en charge des marchés publics, demandent la convocation d’un conseil syndical extraordinaire au mois de janvier afin de soumettre au vote la résiliation du contrat, dans le respect de la décision des élus du Sytral. »

L’actuel président de la Métropole, candidat LREM dissident aux élections de 2020, annonce sa position à l’issue de la phase de renégociation. Avant même la décision du Sytral.

Fouziya Bouzerda plus prompte à se réjouir de ses propres coups de com’

Fouziya Bouzerda, présidente du Sytral (l’autorité organisatrice des TCL), restera elle dans le camp de Gérard Collomb. Les relations entre les deux élus est d’ailleurs assez fraîche. Suite à l’annonce de David Kimelfeld, elle s’est bien gardée d’être aussi radicale. Le Sytral dit « prendre acte » de la décision de la Métropole de Lyon. Et ajoute qu’il va détailler :

« les conséquences exhaustives qui en découlent sur les plans juridique, financier et d’exploitation. Il soumettra ces éléments aux élus du comité syndical auxquels il sera proposé de délibérer lors d’un comité syndical extraordinaire. »

En juin dernier, la tribunal administratif avait rejeté le recours de Rhônexpress contre le Sytral. La concession d’origine, en 2010, lui confère en effet le monopole de la desserte en transport en commun. Il avait d’ailleurs fait annuler des dessertes en bus des TCL de l’aéroport.

Le Sytral, après la prise de fonction de David Kimelfeld à la présidence de la Métropole, avait alors entamé un recours. À cette occasion, Fouziya Bouzerda s’était montrée plus prompt à se réjouir de la fin programmée de la situation de monopole. À la tête du Sytral et des TCL elle avait dans la foulée annoncé la remise en place de deux lignes de bus permettant de rejoindre Saint-Exupéry.

Des lignes, 28 et 1EX, mise en place en septembre dernier.

David Kimelfeld juge insuffisante la proposition de baisse des tarifs

Parallèlement, les négociations se poursuivaient afin de revoir le contrat de concession. Rhônexpress a proposé une tarification revue à la baisse à la Métropole et au Sytral. C’est ce que nous apprend Acteurs de l’économie. Avec notamment :

  • Aller simple : 13,90€ contre 16,30€ (aux bornes automatiques) ou 15,20€ (sur internet) aujourd’hui
  • Aller-retour : 24 € contre 28,30€ (aux bornes automatiques) ou  26,7€ (sur internet) aujourd’hui

David Kimelfeld a donc jugé ces propositions « insuffisantes ». Il estime que la résiliation du contrat de concession permettra « d’offrir une tarification véritablement attractive ».

Il s’appuie également pour justifier sa décision sur le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes sur la question. Elle jugeait notamment que les conditions pour dénoncer le contrat de concession étaient réunies. Depuis l’origine, dans de précédents rapports, elle avait jugé sévèrement la situation de monopole accordée à Rhônexpress pour une durée de trente ans. Au regard notamment de l’effort financier important consenti par les collectivités pour la réalisation des infrastructures.

Pour la Métropole de Lyon et son président, cette résiliation, si elle est validée par le Sytral, permettra une baisse « sensible » des tarifs courant 2020. Pour l’heure, la fin de la concession n’aurait pas « d’impact pour les usagers, le service continuant d’être opéré par la société CFTA du groupe Transdev ».

La société Rhônexpress qui exploite le service de navettes, Rhônexpress SAS, est détenue par Vinci Concessions (35,2 %), Chambre des Dépôts et Consignations Infrastructures (36,6 %) et Transdev (28,2 %). Le géant du BTP est également propriétaire de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry.

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Le Rhônexpress à la station Part-Dieu © BE/Rue89Lyon

Rhônexpress, une des navettes les plus chères d’Europe

Depuis son inauguration en 2010, le tram-train Rhônexpress est l’une des navettes centre-ville/aéroport les plus chères d’Europe. Elle est sans conteste la plus chère de France.

Voulue par le Département du Rhône et confié à Vinci, la navette Rhônexpress représente un investissement global d’environ 120 millions d’euros que les collectivités payent au prix fort, le Rhône d’abord puis le Sytral depuis 2015 en tant que nouvelle autorité concédante (avec la création de la Métropole de Lyon).

Selon les termes du contrat de concession, la société Rhônexpress a à sa charge uniquement l’acquisition du matériel roulant (26 millions d’euros). La société Vinci ne fait qu’avancer une partie de l’investissement (50,55%, soit 32 millions) que le Rhône puis le Sytral remboursent chaque année à hauteur de 3,5 millions d’euros par an.

Les relations entre Rhônexpress et la Métropole et le Sytral sont plutôt tendues. Elles se règlent déjà devant la justice administrative. Si la décision de rupture du contrat venait à être confirmée, elles pourraient se poursuivre encore à la barre.

Ce vendredi 6 décembre, François-Noël Buffet, tête de liste Les Républicains aux élections métropolitaines, a réagi. Il juge que la décision de David Kimelfeld est un « effet d’annonces en période électorale ». Il se dit lui aussi favorable à une réduction de la tarification du Rhônexpress.

« Dans mon programme, je propose la mise en place d’une billettique unique pour l’ensemble des transports de la Métropole. Rhônexpress compris »


#Aéroport Lyon Saint-Exupéry

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