Les services environnementaux ont épinglé la centrale Béton Lyonnais, située à deux pas du canal de Jonage, à Décines. Le motif ? Plusieurs irrégularités, alors même qu’elle est située dans une zone soumise à une réglementation ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement).
Une entreprise déjà sanctionnée par le passé
Des inspecteurs de la Dreal (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) se sont rendus sur place. Ils ont constaté « la présence d’un forage dans lequel la nappe phréatique est affleurante ». Un forage pour lequel l’exploitant n’a en outre pu fournir aucune preuve d’autorisation de l’Etat. Ce n’est pas tout : aucune protection n’a été est mise en place autour de l’ouvrage.
La Dreal a aussi relevé « la présence d’eau souillée par les hydrocarbures au fond de la fosse dédiée aux opérations d’entretien des engins ». Elle note que « l’étanchéité en fond de fosse ne semble pas assurée ».
L’entreprise Béton Lyonnais est connue des services de l’Etat. En 2010 déjà, elle exploitait illégalement une décharge sauvage sur son site. A l’époque, les inspecteurs avaient relevé « une forte odeur d’hydrocarbure » au niveau de deux forages d’eaux souterraines.
L’Etat avait donc enjoint Béton Lyonnais de surveiller ces eaux souterraines, à l’aide de piézomètres, des forages prévus à cet effet. Elle devait aussi réaliser une étude des sols. Une demande d’autant plus importante que le site est situé dans un périmètre de captage d’alimentation en eau potable du Grand Lyon, celui de La Rubina.
Médiacités a régalement révélé que Béton Lyonnais déversait ses eaux de nettoyage à même le sol, à tel point qu’une véritable plaque de béton s’est formée au sol, à l’endroit où elles sont rejetées. Il s’agit des eaux utilisées pour nettoyer les camions toupies de l’entreprise.
Une mise en demeure
Le 24 août puis le 7 novembre dernier, la préfecture a adressé un arrêté de mise en demeure à Béton Lyonnais, considérant que « l’exploitation de l’installation dans des conditions irrégulières peut présenter des dangers et inconvénients pour l’environnement ».
L’entreprise est tenue de cesser de rejeter ses eaux de nettoyages, de remettre en état la zone, d’évacuer les déchets présents sur place. Elle doit aussi installer un système de récupération et de traitement des eaux industrielles de nettoyage. Enfin, des documents concernant le forage repéré sur le site et démontrant l’étanchéité de la fosse souillée aux hydrocarbures doivent être fournis. Reste à savoir si l’Etat va s’assurer que la situation redevient bien conforme. Or, la Dreal a fait savoir à Médiacités que le site n’était pas prioritaire. Son suivi a d’ailleurs été suspendu depuis 2015.
En attendant, une habitante dont la maison est contiguë au terrain de la centrale a lancé une pétition en ligne, exaspérée par les nuisances quotidiennes et inquiète de l’impact sur l’environnement de sa poussiéreuse voisine.
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