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Contre la « ghettoïsation » ou « l’embourgeoisement » de la Guillotière, deux collectifs de riverains s’opposent

À la Guillotière, ce quartier de Lyon qu’on aime qualifier de cosmopolite, les tensions sont palpables. Une association de « riverains en colère », contre les « incivilités  » et « l’insécurité », a bien l’intention de se faire entendre à l’aube des élections municipales. Encore avant, le quartier voyait d’autres de ses habitants se constituer en collectif, « la Guillotière n’est pas à vendre ». Avec un objectif bien différent : tenter de freiner « l’embourgeoisement » du quartier… Deux clans, deux visions dans un même cœur de ville.

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Banderole sur la façade d'un immeuble rue Jangot, à l'initiative du collectif "la Guillotière n'est pas à vendre". Lyon 7ème lundi 4 février 2019. ©MG/Rue89Lyon

Début octobre 2019, à quelques jours d’intervalle, le quartier de la Guillotière a été au cœur de deux polémiques. D’abord, un combat de boxe illégal qui s’est tenu au beau milieu de la place Gabriel Péri, anciennement nommée « Place du Pont » puis, peu après, une critique du Petit paumé aux relents particulièrement racistes à l’égard du quartier.
Le premier a été largement repris par certains pour dénoncer « l’insécurité » du quartier, le second par d’autres qui défendent son « vivre ensemble » et son aspect « cosmopolite ». Dans la veine de ces deux dynamiques, deux collectifs d’habitants ont vu le jour avec des préoccupations et des objectifs bien différents.

« La Guillotière en colère » dénonce les « incivilités » et « l’insécurité »

Le collectif le plus récent, « La Guillotière en colère », s’est formé l’été dernier, via un compte Twitter. Avant de créer une association, « Riverains de la Guillotière », en septembre en profitant aussi du « buzz » de ses voisins de « Presqu’île en colère ».
C’est à l’étage d’un coffee-shop que deux de ses membres ont donné rendez-vous.
Sous le feu de leurs critiques, divers actes plus ou moins graves. Des crottes de chiens sur les trottoirs aux agressions, en passant par les tags, les personnes qui urinent sur la voie publique, le tapage nocturne, le trafic de drogue ou encore le harcèlement de rue, l’association dénonce à la fois les « incivilités » et « l’insécurité », qui seraient selon eux en hausse dans le quartier ces dernières années. Pas de chiffres mais les deux cofondateurs parlent de « ressenti » et de « vécu ».
Nathalie Balmat, présidente de l’association et en recherche d’emploi dans le secteur de la communication, regrette que :

« Notre qualité de vie se dégrade énormément. Il est grand temps que la mairie fasse quelque chose. »

Dans cette optique, l’association tente d’interpeller les pouvoirs publics, notamment via une pétition en ligne qui a recueilli près de 1 300 signatures en l’espace de quelques semaines. Un « buzz » auquel ne s’attendait pas la présidente de l’association :

« On a été hyper-surpris du nombre de signatures. On s’est rendu compte qu’on n’était pas tous seuls. On a aussi été surpris par le nombre de témoignages qu’on reçoit chaque jour par mail ou sur les réseaux sociaux. »

Il faut dire que sur les réseaux sociaux, le collectif est très actif. Sur leur fil Twitter, il ne se passe pas un jour sans qu’ils ne taguent les élus et médias locaux dans leurs publications pour les interpeller.
https://twitter.com/Guill_encolere/status/1199966154049171456

« La Guillotière n’est pas à vendre » ou le constat de la gentrification

Le premier en date est né il y a près d’un an, en novembre 2018. « La Guillotière n’est pas à vendre », dont nous couvrions la première assemblée générale en janvier dernier, s’est donnée pour but de lutter contre la gentrification, c’est-à-dire l’arrivée d’une population plus aisée dans le quartier et le départ des plus précaires. Dans son viseur, « l’embourgeoisement » de la Guillotière et la hausse des loyers qui l’accompagne.
Sur une table de pique-nique de la place Mazagran, trois membres du collectif livrent leur regard sur ce quartier à cheval entre les 3e et 7e arrondissements. L’un d’eux, Jules (prénom d’emprunt), intermittent du spectacle, regrette son évolution :

« La Guill’ est un quartier historiquement ouvrier, d’immigration et populaire. Mais il est en train d’être transformé profondément : on en exclut les couches les plus populaires. »

En réaction, les membres du collectif ont créé un numéro de téléphone et une adresse mail à laquelle peuvent les contacter les personnes menacées par une expulsion. Afin de « s’organiser ensemble » et de leur apporter « un soutien matériel et juridique ».
Le collectif va aussi à la rencontre des habitants et commerçants du quartier. Notamment sur les places Gabriel Péri et Mazagran ainsi que dans la rue Paul Bert et la rue de Marseille. Jules poursuit :

« En discutant avec les gens, on a vite vu que tout le monde se rend compte de ce qu’il se passe et que personne n’en veut [de la gentrification, ndlr]. »

Marché sauvage, présence policière, vidéo-surveillance… Des revendications opposées

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