Découvrez ci-après la tribune d’Agathe Cagé, docteure en sciences politiques et ancienne directrice adjointe du cabinet des ministres de l’Education Nationale. Elle interviendra le 19 novembre au cours d’un débat intitulé « Progressisme et conservatisme : moteurs de notre vie collective ? », à l’Institution des Chartreux.
Les dés semblent être jetés en France depuis plusieurs années. Aussi fatalement que le PSG à l’ère qatari paraît voué à prendre la tête de la Ligue 1 de football, c’est l’opposition entre les porteurs d’une vision dite progressiste de la société et les porteurs d’une vision conservatrice qui aurait à structurer chaque nouvelle joute électorale.
Progressisme ou conservatisme populiste ?
L’injonction au progressisme a germé dans le débat public français au lendemain de la défaite de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007. Il n’est pas anodin que le think tank Terra Nova, qui s’en est voulu le chantre, ait prôné sans sourciller l’abandon de l’électorat ouvrier. Une dizaine d’années plus tard, deux anciens conseillers de l’Elysée se targuent sans rougir sur les plateaux télés d’avoir écrit, dans ce qui ressemble tout au plus à un brouillon prétentieux et sans fond, un « manifeste progressiste », petit manuel idéologique quasi-officiel du mandat présidentiel en cours. Le mouvement des gilets jaunes ne semble pas les avoir incités à la remise en question.
Ces tenants du progressisme se sont attachés avec acharnement depuis 2017 à affaiblir tout à la fois la social-démocratie, la gauche radicale et les acteurs syndicaux. Ils ont fait du populisme leur nouvel ennemi, agitant la menace de l’arrivée du Rassemblement national au pouvoir pour assurer leur propre réélection. C’est en réalité un conservatisme populiste qui se renforce face à eux, nourri par le Rassemblement national mais également par les courants les plus droitiers des Républicains.
Il y a urgence à proposer un autre moteur pour notre vie collective
Cette opposition est à mon sens stérile car elle n’offre aux citoyens français aucun projet de société porteur d’avenir. Nous serions condamnés soit à voter contre le Rassemblement national, au prix d’une politique qui justifie l’aggravation des inégalités économiques et sociales au nom du mythe des « premiers de cordée », soit à conduire l’extrême droite au pouvoir, hypothèse pour moi inacceptable.
Il y a urgence à proposer aux Français un autre moteur pour notre vie collective. Un projet de société qui soit bâti autour de la valeur de respect. Respect des territoires ruraux et périurbains. Respect des personnes âgées. Respect des familles monoparentales. Respect des agents publics, hospitaliers, territoriaux, de l’Etat. Respect de ceux qui se battent pour préserver leur pouvoir d’achat. Tout est à construire.
« Progressisme et conservatisme : moteurs de notre vie collective ? », mardi 19 novembre, de 19h à 20h à l’Institution des Chartreux. Animé par Raphaël Bourgeois (France Culture), avec :
- Agathe Cagé est docteure en sciences politiques et ancienne directrice adjointe du cabinet des ministres de l’Education Nationale. Elle a aussi été la secrétaire générale de la campagne de Benoît Hamon, candidat à l’élection présidentielle en 2017.
- Pascal Ory est professeur d’histoire à la Sorbonne (Paris I). Ses recherches portent sur l’histoire culturelle et l’histoire politique des sociétés occidentales modernes.
- Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro, il est le responsable et créateur du Figaro Vox. Il aussi travaillé pour Atlantico.fr et le Bondy Blog.
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