Ainsi est née l’appellation « khmer vert » pour parler d’un Eric Piolle hostile au capital avec un grand « C ». Prêt à créer une « dictature écolo » ? Dans la cuvette, si jamais elle avait été un projet, elle a échoué. Retour sur cinq années d’un « je t’aime, moi non plus » entre le maire Eric Piolle et le milieu économique.
Nous sommes au printemps 2014. Quelques notes de musique de jazz glissent sur les murs boisés de l’amphithéâtre de la MC2. Le son s’évanouit et Éric Piolle s’avance sur la scène des « trophées de la paix économique », un événement créé par GEM, l’école de commerce grenobloise et qui s’est déroulé le 14 mai 2014. L’idée est de promouvoir les entreprises qui tendent vers le « mieux-être au travail ».
« À Grenoble, il y a un appétit pour remettre au centre ce désir de sens. […] Il faut cultiver ce qu’il y a de riche dans le monde économique, les échanges humains et le plaisir de produire des biens et des services », assure le maire, d’un sourire un peu forcé, et toujours sans cravate.
Ces mots glissent dans les oreilles des chefs d’entreprises et de managers qui emplissent la salle. « On ne peut pas dire ‘‘l’entreprise, c’est mal », mais vouloir aussi des emplois et des biens », lance au passage l’édile.
Cette phrase ferait sourire les syndicalistes, venus en nombre à l’occasion des « trophées », pour dénoncer « une opération de blanchiment du management libéral », avec de nombreuses banderoles et slogans.
Éric Piolle a bien un mot, rapide, sur les méfaits d’un capitalisme dérégulé — « peut-être sortira-t-on des scandales, de Orange et ses suicides [Delphine Ernotte, ex-directrice à France Telecom, devait être présente, mais a annulé sa participation], de Total ou de Carlos Ghosn » — mais l’image globale montre un maire arrangeant avec le monde l’entreprise.
C’est ce que confirme Denis Barbier, co-fondateur d’une start-up grenobloise.

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