Le centre est déjà fermé depuis un mois. Ue fermeture temporaire pour tenter d’éviter qu’elle ne soit définitive.
Plus de 41 000 animaux soignés, 15 000 appels par an. Ils font partie du quotidien de l’Hirondelle, centre de soins pour animaux sauvages. Seule structure qui assure ce service dans la région, elle est pourtant aujourd’hui fermée temporairement. Au-dessus de sa tête plane la menace d’une fermeture définitive.
180 000 euros manquants et l’idée d’une convention avec les communes
180 000€ manquent au centre pour reprendre ses activités. La structure vit de dons et d’adhésions, mais aussi grâce à des partenaires privés et des subventions publiques. Celles-ci ont baissé ces dernières années : le conseil départemental du Rhône ne donne plus que 3000€, et celui de la Drôme, 2000€. Avant, c’était 5000€ pour chacun d’entre eux. Quant à la ville de Lyon, qui représente un grand nombre d’animaux soignées (600 à 700 par an), elle participe à hauteur de 1000€.
Actuellement, rien n’oblige les communes à s’occuper des animaux sauvages. C’est pourtant le cas pour les bêtes domestiques : chaque commune a l’obligation légale d’avoir un service de fourrière. La plupart du temps, celui-ci est assuré par la SPA, quand il ne s’agit pas d’entreprises privées. Un service qui coûte environ 1€ par habitant et par an. Pascal Tavernier, directeur de l’Hirondelle, rêve d’un système similaire pour la prise en charge de la faune sauvage :
« Nous avons proposé une convention à toutes les communes du Rhône qui va dans ce sens. Ce que nous demandons est minime : cela représente 10 centimes par habitant ! Si toutes les communes jouaient le jeu, cela nous permettrait tout juste de tourner. »
Les missions du centre de l’Hirondelle sont pourtant indispensables, d’autant plus à l’heure où la biodiversité décline partout dans le monde. L’association accueille tous les oiseaux, quelle que soit leur espèce, et tous les petits mammifères qui ne dépassent pas la taille du renard. Depuis sa création, les soins n’ont pas cessé d’augmenter : 40% d’animaux supplémentaires ont été pris en charge entre 2018 et 2019.
« C’est la 1ère année qu’on se prend le changement climatique en pleine face »
Pourquoi cette augmentation ? Pascal Tavernier refuse d’être présenté comme un « écologiste acharné », mais en vingt et un ans de loyaux services auprès des bêtes à poils et à plumes du Rhône, il a pu constater des changements qu’il attribue au réchauffement climatique :
« Avant on se disait qu’on percevait des choses. Mais c’est la première année qu’on se prend autant le changement climatique en pleine face. Nous avons eu deux canicules et quatre orages avec des grêlons plus gros que des balles de ping-pong. Un orage normal n’affecte pas les oiseaux, mais un comme cela… »
Des épisodes climatiques extrêmes qui affectent la faune sauvage, comme les oiseaux qui nichent sous les toits, où le mercure grimpe jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus le supporter. Parmi eux les martinets, les hirondelles… La plupart des interventions du centre sont liées aux activités humaines, que ce soit l’usage de pesticides, la prédation des chats domestiques, la pollution ou les routes.
» C’est un travail d’utilité publique. Nous sommes fermés depuis trois semaines et des gens continuent à m’appeler. Chaque animal refusé est souvent condamné mais nous sommes obligés de dire non, on ne peut pas continuer comme ça, en étant toujours saturés ».
Le centre fonctionne avec des bénévoles, des stagiaires, des services civiques, mais aussi des salariés. Ils sont sept en été, et trois en période calme.
« Nous ne sommes pas nombreux mais nous soignons jusqu’à 900 animaux en même temps, comme cet été. Pour vous donner une idée, un vétérinaire, c’est environ sept à la fois ».
En attendant une réaction des pouvoirs publics, et toujours à la recherche de partenaires privés, l’Hirondelle a lancé une cagnotte en ligne. Objectif : récolter 90 000€. L’association espère rouvrir au printemps. L’argent récolté servira à rénover un bâtiment. Les locaux actuels sont en effet trop petits pour soigner tous les pensionnaires. Cinq nouvelles volières sont aussi en projet.
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