La République en Marche tarde à rendre son arbitrage officiel et, pendant ce temps, l’élue Modem Fouziya Bouzerda dit à qui veut l’entendre qu’elle pourrait former un ticket idéal avec Gérard Collomb (lui espérant son retour à la Métropole après l’avoir lâchée pour le ministère de l’Intérieur et elle briguant alors la mairie). De l’autre côté, le président de la Métropole de Lyon David Kimelfeld, qui veut garder son fauteuil, met ses derniers coups de pression à son parti pour obtenir l’investiture LREM. Comme une bouteille à la mer.
Dans l’attente d’un armistice, d’un choix clair venu de Paris, du président de la République lui-même (qui est attendu à Lyon ce 9 octobre, pour la conférence mondiale de reconstitution des ressources du fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme), ou encore de grande la bagaaaaarrrre, les deux camps avancent petit à petit leurs pions. Chacun promettant de partir en campagne dans tous les cas, avec ou sans le soutien de LREM, préfigurant une division qui pourrait coûter cher au parti.
Kimelfeld-Brugnera face à Collomb-Bouzerda ?
Le duel à distance s’était quelque peu apaisé lors de la rentrée des classes, en septembre. Mais il est temps de partir en campagne, les scrutins auront lieu en mars et l’urgence entraîne la sortie du bois des soldats de chaque camp.
Au début de l’été, c’est Anne Brugnera, députée de la 4e circonscription du Rhône, qui avait fait acte de candidature pour l’investiture LREM pour la mairie de Lyon. Ralliée au camp Kimelfeld opportunément, elle a ainsi dessiné la possibilité d’un ticket à venir pour 2020 : elle en campagne pour la Ville de Lyon et David Kimelfeld pour la Métropole.
La situation de paralysie perdurant, l’absence d’accord et d’entente persistant, de l’autre côté, on avance aussi des pions. Et un autre possible ticket ou duo pour les échéances à venir. L’interview parue mercredi 2 octobre dans Le Progrès de la conseillère métropolitaine et municipale Fouziya Bouzerda ressemble fortement à l’annonce d’un attelage à venir. Ou à un ultime test dans l’opinion, piloté par Gérard Collomb, d’une candidature à la mairie de Lyon de son actuelle adjointe au commerce.
Une élue qu’il prend soin de tester depuis un bon moment déjà. Fouziya Bouzerda a d’abord été l’opposante Modem de Gérard Collomb. Devenue alliée en 2014 et membre d’un premier cercle de proches, elle accompagne très souvent le maire de Lyon dans ses déplacements ces derniers temps. C’est à elle qu’a été confiée la présidence convoitée du Sytral, l’autorité organisatrice des transports en commun à Lyon.
Dans l’interview donnée au quotidien régional cette semaine, si Fouziya Bouzerda ne peut pas encore faire acte de candidature officiellement aux côtés de Gérard Collomb, on entend qu’elle est enfin autorisée à montrer les muscles. Désignée par son parti le Modem, elle redit surtout que le maire de Lyon « peut compter sur [elle] », l’assurant de sa « loyauté ». Ce qu’on ne peut pas lui enlever.
Bouzerda-Brugnera permettent d’afficher de nouveaux profils
Une sortie qu’on imagine assez mal avoir été faite sans l’aval du maire, par les temps de défiance et de marquage au corps qui courent. Une sortie dans laquelle elle fait passer le message que Gérard Collomb continue de discuter avec David Kimelfeld, alors que du côté de ce dernier on annonce un silence radio, un fil coupé. Malgré tout, nos confrères de Lyon Capitale indiquent qu’un rendez-vous entre les deux est prévu ce vendredi 4 octobre même, présenté comme celui de la dernière chance avant absence d’accord définitif.
Fouziya Bouzerda le dit en tout cas :
« Il faut de nouveaux profils, la séquence qui s’ouvre sera propice à cela ».
Sous-entendu : ‘un ticket avec moi pour la mairie de Lyon lui permettrait de cocher pas mal de cases’.
Fouzya Bouzerda et Anne Brugnera ne sont pas non plus novices en politique, toutes deux mises en orbite par Gérard Collomb. La première a été intégrée à la majorité puis propulsée à la présidence du Sytral. La seconde a été l’adjointe de Gérard Collomb, lequel lui a permis de recevoir l’investiture En Marche aux législatives de 2017, élections qu’elle a pu gagner grâce à la large vague macroniste, dans une circonscription plutôt à droite. Gérard Collomb se trouvant au gouvernement, Anne Brugnera a fait partie des premiers élus souhaitant faire sans lui à Lyon dans l’avenir.
David Kimelfeld voudrait rompre avec « l’ancien monde »
Rien n’est encore figé mais l’idée d’un accord entre les deux s’amenuise à mesure que les jours passent ; ces deux tickets semblent se dessiner pour le moment. À qui LREM donnera l’investiture ? Dans l’attente, David Kimelfeld a remis un nouveau petit coup de pression à son parti. À travers une petite tribune publiée sur le Huffington Post ce jeudi 3 octobre dans laquelle, sous couvert de critique du mode de désignation des candidats, il demande à son parti de lui accorder l’investiture.
« La République en Marche est confrontée au défi des territoires, et tout l’enjeu est de ne pas renier ce qui l’a fait naître, une volonté de renouvellement des visages et des usages. »
Traduction : ‘désigner Gérard Collomb et non ma propre personne reviendrait à faire le choix de l’ancien monde’, alors que le parti se veut celui du nouveau monde. C’est bien là son argument principal, même s’il regrette que les désignations déjà effectuées par LREM dans d’autres villes « des choix ne prennent pas en compte les projets des candidats ». Il prévient également son parti :
« À Lyon, il n’y aura pas de victoire des progressistes sans un rassemblement large de la gauche au centre droit. »
Il redit là que l’ancien premier fédéral du PS dans le Rhône qu’il a été n’a pas complètement coupé les ponts avec ses anciens camarades ; que les écologistes ne sont à peu près sûrs que d’une chose, c’est qu’il n’y aura cette fois pas d’alliance avec le camp Collomb à la mairie de Lyon ou à la Métropole. Mais que lui pourrait les convaincre de le rejoindre entre deux tours ; que d’autres formations de gauche qui tentent de s’organiser autour de la Manufacture de la Cité n’ont pas forcément de poussée d’eczéma à l’évocation de son nom.
Il avance ainsi ses pions. Pour autant, pas encore sûr qu’il fasse le poids devant l’histoire qui lie Gérard Collomb à Emmanuel Macron, ni devant la notoriété du baron lyonnais.
Ambiance cours de récré : Kimelfeld retire sa délégation à Bouzerda
Mais comme dans tout bras de fer, il faut bander les muscles. David Kimelfeld a donc décidé de retirer sa délégation à Fouziya Bouzerda, en charge du développement économique à la Métropole de Lyon. Elle l’avait quasiment traité de décroissant dans son interview au Progrès. Ce qui, entre centristes, semble constituer une insulte. Il ne lui a toutefois pas retiré son titre de vice-présidente de la Métropole de Lyon.
On ne sait toutefois pas quand LREM donnera sa position sur la situation Lyonnaise. L’actuel président de la Métropole de Lyon parlait ouvertement de dissidence dans sa tribune. Il a fait savoir que le 16 octobre, il partira en campagne, quoi qu’il arrive. Une campagne qu’il a débutée officieusement à travers ses « Belles rencontres » qui lui permettent de sillonner tout le territoire. Mais déjà, ce vendredi, au sein du parti LREM, on déplorait l’attitude offensive de David Kimelfeld, préfigurant une réponse à la question qu’il pose depuis des semaines.
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