Rencontre avec Pierre Bordage et Tristan Garcia – à la BM de Lyon
Les récits des origines, les mythes et contes infusent dans nombre de parutions contemporaines, de façon plus ou moins explicite et plus ou moins réussie. Un dialogue que l’on a hâte d’entendre est ouvert entre deux auteurs de la scène française actuelle, Pierre Bordage et Tristan Garcia.
Pierre Bordage a développé en plus de vingt ans une œuvre d’imaginaire publiée aussi bien chez des éditeurs spécialisés (L’Atalante, Bragelonne…) que généralistes (Au diable Vauvert). Dans « Entretiens avec Pierre Bordage » paru en 2018, il a retracé son propre parcours personnel et spirituel, revenant sur son expérience de l’Inde. Son dernier roman paru en septembre 2019 aux Éditions Leha s’intitule « InKARMAtions« .
En face et sans gants, on a placé Tristan Garcia, lequel auteur a entrepris, avec « Âmes, histoire de la souffrance » (paru chez Gallimard en 2019), de retracer les origines de la souffrance. Un des projets d’écriture et de pensée les plus enthousiasmants de l’année.
La rencontre avec toute cette puissance fictionnelle réunie d’un coup nous réjouit par avance. Elle est programmée dans le cadre du « Mois de l’imaginaire« .
Le jeudi 3 octobre de 18h30 à 20h30, à la Bibliothèque municipale de Lyon (3è). « Matières spirituelles : renouveau du récit mythologique », avec Pierre Bordage et Tristan Garcia.
La compagnie « El Conde de Torrefiel » – aux Subsistances
La compagnie espagnole débarque à Lyon avec son spectacle « La Posibilidad que desaparece frente al paisaje » (ou bien encore, en traduction française : « La possibilité qui disparaît face au paysage »). Michel Houellebecq, Zygmunt Bauman, Spencer Tunick, font entendre leurs voix dans cette performance acide.
Ce spectacle a été choisi pour ouvrir la saison des Subsistances, il se penche sur nos frénésies quotidiennes, mises en face d’une certaine passivité lorsqu’il s’agit de freiner la violence du monde. Le duo barcelonais formé par Pablo Gisbert et Tanya Beyeler s’arrache depuis le succès qu’ils ont rencontré, avec cette pièce justement, au Festival d’Automne, en 2016.
Les 3, 4 et 5 octobre à 20h aux Subsistances.
La Fête de la Science – à Lyon
Foultitude de conférences, de tables rondes et d’ateliers pour un événement qui mérite de l’attention, celui de la Fête de la science. Dans sa déclinaison lyonnaise, on relève quelques dates mais n’hésitez pas à plonger dans le programme complet (en pdf avec ancres permettant de vous y retrouver).
A la bibliothèque de la Part-Dieu, écoutez la réponse à cette question qui pourrait susciter des vocations (qui sait ?) : « à quoi sert le journalisme scientifique ? ». Ce sera le mardi 8 octobre entre 12h30 et 13h30. Ce même jour, à Sciences Po Lyon, dans le 7è, une conférence sera donnée sur le mouvement des gilets jaunes, avec la question de savoir s’il s’agit d’un « mouvement extraordinaire ». Les échanges doivent permettre de revenir sur cet épisode de contestation sociale -qui n’est pas achevé (horaires de la conférence à venir sur le site de Sciences Po).
Le mercredi 9 octobre, expériences et ateliers, autour de l’ADN ou encore des pollens, seront accessibles dans un « village des sciences » monté à l’Institut catholique de Lyon. Un autre « village des sciences » est prévu au Musée des Confluences avec, entre autres, des rencontres avec des scientifiques durant le week-end des 5 et 6 octobre, ainsi que des conférences sur la menace d’extinction des insectes, sur l’eau et la biodiversité…
Du 3 au 13 octobre.
« Le mythe de la virilité » – un débat à l’Université Lyon 2
Organisé par la Villa Gillet, ce débat pose la brûlante question de ce à quoi pourrait ressembler une société où l’on offrirait aux femmes et aux hommes une stricte égalité. Une interrogation à laquelle plusieurs générations ont tenté de répondre depuis les premiers mouvements féministes organisés, jusqu’à #MeToo.
Pour en discuter, Ivan Jablonka et Nadia Tazi ont été spécialement invités. Dans son essai paru au Seuil, « Des hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités« , Ivan Jablonka se demande pourquoi la révolution féministe du XXe siècle n’a-t-elle pas débouché sur la sortie du patriarcat et voudrait proposer de « repenser la masculinité ». Nadia Tazi , née en Espagne et de nationalité marocaine, produit quant à elle des études sur la virilité dans le monde musulman. La chercheuse a également été directrice de programme au Collège international de philosophie pendant six ans.
La conférence affiche déjà complet mais la Villa Gillet recommande de se rendre sur place malgré tout le soir-même pour profiter des désistements.
Le mardi 8 octobre, de 19h30 à 21h, dans l’Amphithéâtre Fugier, Université Lumière Lyon 2 (5 rue Chevreul, Lyon 7è).
Rémi Gaudillat 6tet – au Périscope
On choisit, dans la dense prog’ du Rhino Jazz festival, de zoomer sur Rémi Gaudillat, invité au Périscope le lundi 14 octobre pour présenter son dernier projet, « Electric Extension ». Le trompettiste, arrangeur et compositeur propose des improvisations de haute volée. La vibration et le souffle sont des outils pour faire de la marmite de la musique un lieu bouillonnant et tout à la fois accueillant.
Il est l’une des nombreuses figures du jazz contemporain souvent bien représenté au Rhino, aux côtés de Thomas de Pourquery, de Toto ST, de Hugh Coltman…
Rémi Gaudillat programmé au Périscope le lundi 14 octobre à 21h. Le Rhino Jazz : jusqu’au 20 octobre, tout le programme à retrouver ici.
Festival Karavel, la « soirée internationale » – à l’Espace Albert Camus de Bron
Le travail de Mourad Merzouki s’étendant de Pôle en Scènes (ou encore Pôle Pik), à Bron, au Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne, dont il a également pris la direction, c’est sans surprise que le chorégraphe déploie entre ces lieux et les deux territoire un double-festival, Karavel et Kalypso.
Pour la partie « lyonnaise », qui se nomme donc Karavel, petit zoom sur cette très attendue « soirée internationale », qui en est à sa troisième édition. Elle fait une intéressante occasion de découvrir une scène contemporaine jeune et hyperactive, notamment représentée par le duo Les Mybalés, formé par les jumelles bruxelloises Doris et Nathalie Bokongo Nkumu. Puis, ce même soir, direction le Canada avec Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund, passés par le Cirque du Soleil et le Cirque Éloize, qui mêlent dans une technicité admirable break et techniques d’arts martiaux.
Soirée internationale #3, le 19 octobre à 19h. Festival Karavel, du 9 octobre au 3 novembre.
Festival Sens interdits – dans la métropole de Lyon
Un de nos événements théâtraux préférés à Lyon. Patrick Penot, directeur de ce festival de qualité, qui a œuvré pour qu’il naisse et se développe, dit de « Sens interdits » qu’il a été créé pour « dire oui au théâtre qui dit non ».
Parmi l’offre riche du programme 2019, on relève la présence de la compagnie Teatro Línea de Sombra, qui arrive du Mexique avec pas moins de trois spectacles. Cette compagnie ancienne estime concevoir un « théâtre d’investigation », sur le territoire mexicain (avec le récit d’une ville ravagée par le trafic de drogue, dans Baños Roma) mais aussi au-delà (en Colombie avec l’histoire d’une communauté de femmes déplacées par un groupe armé durant la guerre civile, dans Pequeños territorios en reconstrucción). Et, pour cela, la compagnie n’hésite pas à faire appel à des comédiens internationaux.
On relève aussi la venue du théâtre KnAM, plusieurs fois invité déjà par le festival, avec une nouvelle création qui tiendra le rôle de la pièce inaugurale : « Ma Petite Antarctique » -ou la version élaborée du conte de La Reine des neiges (sans la chanson entêtante de Disney, promis).
Les Subsistances accueilleront pour leur part « Girls Boys Love Cash », par le collectif allemand Citizen.KANE.Kollektiv. Fruit d’une enquête menée avec le Jeune Ensemble de Stuttgart (JES), cette performance veut offrir un autre regard sur la prostitution.
Cette année, on compte pas moins de 22 spectacles qui couvrent 15 pays, de la Russie au Burkina Faso en passant par le Rwanda, l’Allemagne, la Syrie, la Belgique… Armez-vous du programme détaillé, afin de ne pas vous perdre parmi les 19 spots partenaires (un peu partout dans la métropole).
Festival « Sens interdits », du 16 au 27 octobre, dans la métropole de Lyon.
Les Toiles des mômes – dans les cinémas de la métropole
Pour retrouver toute la (très chouette) liste que le festival Les Toiles de mômes a programmée, c’est par là. Du film « Ma folle semaine avec Tess », qui a eu une mention spéciale du jury au Festival de Berlin et le Grand Prix du Public au Festival international du Film pour enfants de New York, aux merveilles du réalisateur Jean-François Laguionie, en passant par d’excellents programmes de courts métrages mais aussi la projection de « La Petite Fille aux Allumettes » de Jean Renoir, il y en a pour tous les âges, avec une multiplicité de styles qui pousse à emmener le petiot au cinoche et cela, sans complexe.
Ce qu’on trouve particulièrement intéressant dans cet événement, ce sont les ateliers qui jouxtent et accompagnent les projections. Par exemple, un atelier kamishibai (littéralement « théâtre de papier », ou l’art japonais de partager des histoires en images), qui est proposé à l’issue de la projection du dessin animé « Loups tendres et loufoques » (à Décines, à Tassin et à Trévoux).
Du 19 octobre au 3 novembre, tous les détails sur le site de l’événement.
Shannon Wright – à la Comédie Odéon
On dit d’elle qu’elle est une songwritteuse à suivre, et ce n’est pas faux -l’américaine trace une route éclairée par des rayons de lune, sinueuse et fascinante. Guillaume Nicloux l’a choisie avec pertinence pour composer la BO de son film « Les Confins du Monde ». Désormais, avec Providence, album sorti sur Vicious Circle Records, Shannon Wright s’impose comme une artiste convoitée, désirable, ce qui devrait rendre ses concerts encore plus électriques si cela est possible.
A écouter ci-après, un déchirant « These present arms ».
Brain Damage, Le Peuple de l’Herbe et Burning Heads – à Transbordeur
Les ponts entre dub, punk, reggae ; ou le son des acharnés. C’est ce que propose cette soirée Big Takeover, la bien nommée, avec un public que l’on sait toujours au rendez-vous. Est-il encore besoin de présenter Le Peuple de l’herbe à Lyon ? L’étendard de l’électro dans cette ville est aussi porté par ce groupe culte qui véhicule sans discontinuer des messages intelligents d’humanité et de partage.
Le projet dub de Brain Damage est au moins aussi connu, porté par Martin Nathan. Parrain de multiples formations musicales nouvelles, Brain Damage construit aussi une histoire depuis deux décennies dans laquelle il est confortable de s’installer, pour un concert qui donne nécessairement des ailes et de la jeunesse à tout le monde.
The Big Takeover (Brain Damage + Le Peuple de l’Herbe + Burning Heads) le mercredi 23 octobre, à Transbordeur à 20h.
« Lyon brûle-t-il ? » : musique, contestation et quartier populaire autour de l’histoire de Carte de Séjour et de Rachid Taha – au Périscope
Au mois d’octobre, s’il n’y en avait qu’une à conserver, ce serait peut-être bien cette soirée-là. La prog est ambitieuse, comme son titre en forme de question référente l’indique : « Lyon brûle-t-il ? ». L’aventure du groupe culte Carte de Séjour, formé autour de Rachid Taha récemment disparu, sera racontée par des musiciens du groupe et l’historien Philippe Hanus. Ce dernier introduit ainsi son propos :
« La musique du groupe Carte de Séjour (Rachid Taha), fondé en 1980 dans l’agglomération lyonnaise, peut être analysée comme une prise de parole radicale de jeunes franco-maghrébins, adeptes de ce qu’on appelle ‘rock arabe’. Le braconnage de la langue et des sons (métissage entre reggae, punk rock et musiques méditerranéennes) est au cœur de l’aventure de cet ensemble musical à géométrie variable, mêlant sonorités électriques et instrumentations traditionnelles du Maghreb.
Il relève également que, « contemporain des luttes telles que la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, l’aventure de Carte de Séjour exprime, durant la décennie 1980-1990, une forme originale de création musicale et de résistance aux assignations identitaires. »
Suivra une lecture musicale que l’on est impatient d’entendre, par l’écrivaine Brigitte Giraud et le guitariste Christophe Langlade.
L’auteure des romans « Jour de courage » (le dernier paru, chez Flammarion) mais aussi « Un Loup pour l’homme », dans lequel elle raconte la jeunesse de son père pendant la guerre d’Algérie, se souvient de ce que ce groupe a été si particulier à Lyon et au-delà :
« Rachid Taha et son groupe Carte de séjour entrent en scène, frappent fort et mettent un peu de sel, presque sans le vouloir, sur la plaie restée à vif de la guerre d’Algérie, qu’on nommait «événements» et à laquelle mon père prit part quand il avait vingt ans. J’habite à Rillieux-la-Pape, sur les hauteurs de Lyon et assiste à la naissance du groupe dans cette même banlieue. Le terrain est prêt pour que je ne rate pas ce feu qui bientôt embrasera tout. »
Christophe Langlade a, lui, participé à différentes formations punk et rock de la scène lyonnaise au milieu des années 1980.
Une soirée qui n’est pas présentée comme un hommage à Rachid Taha mais qui, pour autant, pourrait former l’un des plus beaux messages à transmettre à ceux qui ont aimé son travail tout comme à ceux qui s’intéressent à ce patrimoine local passionnant.
Au Périscope, le 24 octobre à partir de 19h30.
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