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Le collectif Grrrnd Zero enfin chez lui à Vaulx-en-Velin ?

Depuis 2014, le collectif artistique Grrrnd Zero occupe une ancienne de usine de Vaulx-en-Velin. Le collectif artistique promouvant la culture underground et expérimentale, en a aussi occupé à Lyon du côté de Gerland après son lancement en 2004. Avec des relations parfois mouvementées avec la mairie.

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entrée de la salle de concert de Grzzzd Zero cc Emma Delaunay

Si sa présence à Vaulx-en-Velin est conventionnée, il n’avait pas pour autant le droit de recevoir officiellement du public (même s’il l’a fait). C’est chose faite désormais. Au moment de renégocier sa convention d’occupation.

Lundi 17 juin, début de soirée, une poignée de trentenaires aux looks de hipster sort du terminus du métro A. Avec l’arrivée du collectif dans la commune en 2014, cette station vaudaise est devenue le point de rendez-vous pour les frénétiques d’événements alternatifs.

Le portail grand ouvert, Grrrnd Zero accueille son habituel public et quelques curieux. Après une histoire rythmée par des expulsions, le collectif peut de nouveau offrir aux spectateurs une salle de concert officielle. Au total, le nouvel espace insonorisé peut accueillir 500 personnes.

Et ce n’est pas tout, puisque dans ses locaux, Grrrnd Zero héberge des ateliers de risographie, de sérigraphie, de bois-métal ainsi que des studios d’enregistrement et de répétitions pour les artistes.

« On peut officiellement accueillir du public puisqu’on a désormais le statut de ERP (établissement recevant du public, ndlr) », se félicite une des bénévoles en charge de l’administratif depuis 2 ans. Le lieu est vraiment un outil partagé. D’ailleurs, il y a aussi KompleX KarpharnaüM avec nous.

Notre collectif n’organise pas toutes les soirées. On met à disposition notre lieu pour que d’autres associations extérieures puissent proposer des événements. Grrrnd zéro a bien sûr un droit de regard sur l’organisation et la programmation. Cela doit correspondre à notre identité DIY (Do It Yourself, ndlr) et expérimentale. »

Grzzzd Zero bâtiment extérieur cc Emma Delaunay
Dans ce bâtiment, Grrrnd Zero a installé ces bureaux et différents ateliers.cc Emma Delaunay

Grrrnd Zero ne repart pas de zéro

Avant d’atterrir dans la commune de Vaulx-en-Velin, ce collectif créé en septembre 2004 s’était implanté rue Clément-Marot dans le quartier de Gerland à Lyon 7e. Après une première expulsion en février 2005, les bénévoles de Grrrnd Zero avaient pu investir en août 2006 une nouvelle friche industrielle juste à côté, rue Pré-Graudy.

L’occupation était conventionnée mais la réception du public officiellement interdite. Seule l’activité de résidence artistique avait été autorisée. Quant à la programmation, elle avait été délocalisée au Rail Théâtre dans le 9e arrondissement. Bien que la ville ait été demandeuse de cette première expulsion, elle a aussi, modestement à ce moment-là, financièrement soutenu le projet. Avec cet argent, le collectif Grrrnd Zero a pu payer des lieux culturels pour qu’ils puissent accueillir une partie de sa programmation.

La présence du collectif dans cet entrepôt avait été annoncée comme temporaire et ne devait durer que deux ans. Finalement la formule du Pré-Graudy s’est perpétuée pendant 7 ans, pour se terminer en 2013 par une nouvelle expulsion.

Une expulsion, en vue de la démolition des anciens bâtiments Brossette qu’il occupait dans un quartier au début de son renouvellement urbain. Une expulsion négociée et acceptée avec la promesse d’un relogement.

Le collectif se voit alors proposer l’ancienne usine de Vaulx-en-Velin, qu’il occupe toujours aujourd’hui, ainsi qu’une aide financière de 300 000 euros pour les travaux. Mais la signature traîne, l’aide promise est annoncée en tranches de 100 000 euros. Le collectif met la pression sur Gérard Collomb, le maire de Lyon. C’est la fameuse lettre à Gérard et ses affiches placardées dans la ville. En août 2014, la convention d’occupation est signée.

Les activistes ont continué de nourrir la culture de l’underground dans le paysage lyonnais. Dès son arrivée dans cette ancienne papeterie vaudaise, Grrrnd Zero a organisé des événements aussi bien dans des lieux annexes que dans la cour de ce nouveau QG. Des festivités non officielles, mais bien connues.

« C’est arrivé à plusieurs reprises que les flics débarquent à 1 heure du matin pour tapage nocturne, alors qu’il n’y a aucun voisin autour », raconte une habituée des lieux.

Les bénévoles avaient notamment ouvert le bal en août 2014 avec une soirée de soutien pour célébrer leur installation officielle au 60 avenue Bolhen. La convention d’occupation à titre gratuit signée à cette époque avec la Ville de Vaulx-en-Velin et la Métropole de Lyon, autorise le collectif a investir cette ancienne usine désaffectée pour 6 ans, soit jusqu’en 2020.

Une convention à renégocier

Aujourd’hui, la course contre la montre est relancée pour l’équipe de Grrrnd Zero. À peine la grande halle fonctionnelle et habilitée officiellement à recevoir du public, qu’une nouvelle négociation s’annonce pour la période à venir.

« On est un peu en retard, car on doit renouveler la convention ce mois-ci. Elle est assez précaire au niveau de la répartition des responsabilités. On va devoir avoir une réflexion autour de la sécurité et de l’entretien des lieux, car la ville a peu d’engagement à ce niveau. Il faut qu’on arrive à proposer une convention pérenne, solide et qui corresponde à notre idéal », explique une membre du collectif Grrrnd Zero.

Mais pas d’inquiétude pour la bénévole.

« On espère qu’elle sera renouvelée. La ville est plutôt favorable, il n’y a pas de raison. »

« Comme si tu préparais ta baraque pendant 5 ans et qu’enfin tu pouvais accueillir tes potes »

Retour sur les lieux, la vingtaine de bicyclettes entreposées et cadenassées au grillage annonce la couleur ce soir de juin. Le 60 avenue de Bolhen risque de faire salle comble pour cette première soirée officielle de l’année.

A l’entrée de la halle, les adeptes du tote bag s’agglutinent en file indienne pour se munir de leur carte d’adhérent.

« C’est super réjouissant, c’est comme si tu préparais ta baraque pendant 5 ans et qu’enfin tu pouvais accueillir tes potes », reconnaît une bénévole.

Tandis que certains font la quête pour une « feuille à dépan’», d’autres sirotent leur bière achetée en épicerie. Ici pas de fouilles ni de contrôles de sécurité, et pour ce qui est de l’aspect lucratif, l’adhésion et les concerts sont à prix libre.

Déjà 15 ans d’activisme et l’esprit Grrrnd Zero semble être resté intact. Au fil des années, l’équipe s’est renouvelée en gardant en tête le même objectif : défricher la scène émergente en proposant une programmation penchée sur le DIY.

Pourtant, avec le gros travail de rénovation réalisé par les bénévoles, Grrrnd Zero semble délaisser derrière lui son passé de squat pour se diriger vers une activité plus stable de salle de concert et de spectacles.

D’ailleurs la programmation du mois de juillet se clôture ce jeudi 18 avec une soirée indie punk organisée par le label Joe Cool Records.

L espace buvette de Grrrnd Zéro cc Emma Delaunay
L’espace buvette de Grrrnd Zéro ©Emma Delaunay

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