Très vite, l’équipe municipale porte atteinte à des symboles (fermeture de bibliothèque, de salle de concert ou arrêt de subventions) qui vont heurter l’opinion et le milieu culturel. Surtout, la communication de crise mise en œuvre se révèle désastreuse et les oppositions politiques à Eric Piolle se régalent. En résumé, la culture représente le cauchemar du tandem Piolle-Bernard.
Premier volet de notre enquête sur l’action municipale d’Eric Piolle à Grenoble.
Pour Corinne Bernard, adjointe aux Cultures (et non pas à « la Culture), tout a commencé dans un cadre strictement studieux. Alors que 20 heures sonnent, ce 30 mars 2014, Éric Piolle jubile de sa victoire surprise avec la foule devant le Musée de Grenoble. Corinne Bernard porte le n° 22 sur la liste, mais elle laisse la liesse de côté. Pour le moment et jusque tard dans la soirée, elle est occupée quelques kilomètres plus loin, dans un bureau de vote — un recomptage des voix y est nécessaire.
Étonnante élection pour cette femme de 44 ans, qui a la bougeotte sans s’attacher à une ville — « j’en suis à mon vingt-troisième appartement », compte l’adjointe.
Elle arrive à Grenoble seulement quelques mois avant la victoire. Dans les années 2000, elle avait été saisie d’un héliotropisme anticipé et avait foncé avec mari et enfants dans le Trièves. Ce dernier « territoire des Indiens », comme aime a le dire l’adjointe, va devenir son lieu de travail : elle est cheffe de la petite gare de Clelles tout en étant syndicaliste chez Sud Rail jusqu’à son élection.
Or, le changement d’échelle paraît brutal en 2014. L’élue doit devenir grande cheffe de la culture — qui représente le troisième budget de la ville avec 30 millions d’euros et 450 agents —, mais son image trop discrète perdure. Corinne Bernard l’avoue d’ailleurs facilement : elle déteste se faire prendre en photo et se trouver sur le devant de la scène l’angoisse légèrement.
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