SUR LE MONDE
Pendant l’été 2018, le thermomètre est grimpé à 65 °C au sol rue du Louvre, à Paris. Et la capitale devrait voir sa température moyenne augmenter de 2 à 4 °C dans les prochaines décennies avec des épisodes de canicules estivales de plus en plus longs et de plus en plus intenses.
Dans les scénarios les plus pessimistes, les études de Météo France prévoient même entre 10 et 26 alertes à la canicule par an d’ici à la fin du siècle dans la capitale – soit des épisodes de chaleur durant lesquels la température dépasse 31 °C en journée pendant au moins trois jours consécutifs et ne descend jamais sous 21 °C la nuit.
« La ville fonctionne comme un petit radiateur », explique Anne Ruas, géographe, chercheuse à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar).
Elle explique :
«Pendant la journée, les bâtiments et les routes emmagasinent de la chaleur, qu’ils restituent une fois la nuit tombée. La ville n’a alors plus le temps de se rafraîchir et les habitants cuisent dans leur appartement. Les organismes ne peuvent plus récupérer. »
Dans les villes denses et minérales, pas question de compter sur un petit courant d’air pour rafraîchir les rues. En moyenne, il fait 2,5 °C plus chaud à Paris que dans la campagne environnante et les écarts peuvent atteindre 10 à 12 °C la nuit. C’est le phénomène de l’îlot de chaleur urbain qu’aucun urbaniste n’avait encore essayé de résoudre dans les villes du centre de l’Europe.
« Nos villes ne sont pas du tout pensées pour faire face aux grosses chaleurs. Une ville comme Paris a très peu de volets, pas de terrasses, pas de patio, comme c’est le cas dans les villes du Sud. Il est très difficile de rectifier le design et les usages d’une ville. Tout le défi est de trouver des solutions simples et économiques qui permettent de passer les crises, car on ne va pas reconstruire Paris, Grenoble ou Lyon. »
Végétaliser les villes
Multiplier les espaces verts constitue certainement la solution la plus efficace.
« De nombreuses simulations ont montré que la création d’une ceinture verte autour de la ville fait baisser significativement la température »,
indique Anne Ruas, qui coordonne la plate-forme de recherche et développement Sense City. En réalisant leur photosynthèse, les végétaux absorbent l’énergie solaire, transpirent l’eau puisée par leurs racines et génèrent un aérosol rafraîchissant.
L’ombre portée par les arbres permet également de limiter la chaleur réfléchie par le sol. En période de canicule, le refroidissement atteint en moyenne 2 °C, avec des effets locaux autour des parcs de 5 à 6 °C.
« C’est la meilleure méthode pour faire baisser le thermomètre, poursuit la chercheuse. Mais cette solution se heurte à un problème d’appropriation de la terre. Pour mener une politique de grande ampleur, il faudrait déloger des gens, accepter de transformer du foncier en espaces verts. »
C’est justement pour répondre à ce problème de place que la start-up Urban Canopee a mis au point un système de canopée végétale mobile. L’équipe d’ingénieurs et d’enseignants-chercheurs de l’Ecole des Ponts ParisTech et d’AgroParisTech a développé des structures ultralégères qui permettent d’accueillir des plantes grimpantes. Avec une emprise au sol faible, de la taille d’un pot d’un mètre, chaque corolle permet de créer 34 à 50 mètres carrés d’ombre. Une réserve de 200 litres d’eau pluviale stockée dans le pot alimente les plantes.
Article à retrouver sur le Monde.fr
Chargement des commentaires…