La 24ème marche des fiertés LGBTI partira de la place Bellecour ce samedi à 14h, avec pour mots d’ordre « contre le racisme, les LGBTI phobies et pour défendre l’accès à la PMA pour tous les couples ». Dans un discours devant l’Assemblée nationale ce mercredi, le premier ministre Édouard Philippe a justement annoncé que l’extension de la PMA à toutes les femmes sera présentée en Conseil des ministres fin juillet et devant l’Assemblée en septembre prochain.
La Marche sera également lestée d’un poids symbolique particulier avec le cinquantenaire des émeutes de Stonewall de 1969. Un an plus tard, le 28 juin 1970, les premières Gay Prides défilent à New York et Los Angeles.
A Lyon, il faudra attendre 1996. Encore aujourd’hui, le parcours de la marche des fiertés soulève des oppositions de la part des autorités. L’enjeu étant de traverser le Vieux Lyon, fief revendiqué par l’extrême droite radicale.
« Parcours inédit » dans le Vieux Lyon
Cette année, l’association organisatrice LGP (Lesbian and Gay Pride) Lyon a obtenu le « parcours inédit » qu’elle réclame depuis 2015 : « le plus long trajet de son histoire ». En 2017, le défilé avait été interdit de passage dans le Vieux Lyon par la préfecture du Rhône. L’année dernière, un compromis avait été trouvé dans le Vieux Lyon, avec un parcours toutefois raccourci.
Ce samedi, pas de compromis à négocier : la 24ème marche des fiertés pourra longer les quais du Vieux Lyon sans restriction. Et défiler devant les lieux symboliques de la ville : l’ancien palais de justice, l’Hôtel de Ville pour finir devant la préfecture. Ce dont se réjouit David Souvestre, président de l’association :
« La préfecture s’était engagée à allonger le parcours dans le Vieux Lyon si tout se passait bien en 2018. Ce qui a été le cas. Nous allons bien sûr être vigilants, les groupuscules d’extrême droite risqueraient d’avoir un sentiment de toute-puissance avec la réouverture de leur salle. Il est important d’un point de vue politique comme symbolique de rappeler qu’il n’y a pas de quartiers interdits aux personnes LGBTI. »
Pour la Marche des fiertés lyonnaise : drapeaux arc-en-ciels et « gilets jaunes » ?
Du côté des « gilets jaunes », la Marche des fiertés fait débat. Certains se joindront au cortège, d’autres prévoient des actions pour « occuper un maximum le terrain » ce samedi. Quelques uns ont contacté LGP Lyon pour suggérer une convergence, raconte David Souvestre, qui pose deux conditions :
« Une convergence avec les « gilets jaunes » est possible, à deux conditions. Premièrement, il y aura des familles et des jeunes qui assument pour la première fois leur orientation sexuelle dans la rue, donc pas d’insultes sexistes ou LBTI phobes comme les « Macron, va te faire enculer ! » qu’on entend dans leurs manifs. Deuxièmement, il leur faudra respecter le parcours déclaré et les organisations. Si ces conditions sont respectées, les « gilets jaunes » sont les bienvenus ! »
Une invitation à former un « yellow block » au sein du cortège a été relayée par plusieurs groupes « gilets jaunes » de Lyon. Les conditions posées par les organisateurs de la Marche des fiertés ont été saluées par Warren, administrateur du groupe « gilets jaunes » Lyon Centre sur Facebook :
» Ils ont eu bien raison, ces slogans ne nous rendent vraiment pas honneur et ne sont scandés que par une vingtaine de personnes. »
Une Pride de nuit la veille
Vendredi soir, une Pride de nuit est annoncée par d’autres associations et collectifs à partir de 20h place Guichard, en « mixité choisie », définie comme « SANS cis-hétéro dyadique [personnes hétéros, non transgenres et non intersexes, ndlr] et AVEC toustes les travailleureuses du sexe » d’après l’appel publié sur Rebellyon. Une pride « complémentaire » pour David Souvestre. Le mot d’ordre ? « Sous les paillettes, la rage. »
Les revendications sont nombreuses et similaires à celles de la Marche des fiertés du samedi : contre les mutilations imposées aux personnes intersexes, pour la suppression de la mention du genre dans l’état civil, le démantèlement de la SoFECT (association qui prend en charge les personnes trans), la reconnaissance du travail du sexe et l’égalité d’accès à la PMA et à l’adoption pour tous les couples.
Selon l’appel, l’idée est de se réapproprier l’espace public, la nuit :
« Nous revendiquons la réappropriation d’un espace public qui est traditionnellement en non-mixité par et pour les hommes cis. Notre accès et notre sécurité dans cet espace sont actuellement caractérisé-es par les agressions verbales, physiques et/ou sexuelles, en particulier la nuit. »
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11ème arrêté d’interdiction de manifester
Le préfet du Rhône a une fois de plus décidé de prendre un arrêté interdisant toute manifestation dans l’hypercentre de Lyon. C’est le 11ème arrêté d’interdiction de manifester. Le périmètre est identique aux précédents.
[#Manifestations] Le préfet interdit les manifestations le samedi 15 juin 2019 de 12h00 à 20h00 dans le périmètre ⬇️ Plus d'informations : https://t.co/DpOOTpBOoq pic.twitter.com/JwmOO8fkHO
— Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) June 14, 2019

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