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Armes françaises au Yémen : solidarité avec nos confrères de « Disclose » et de Radio France

Après avoir dévoilé un document confidentiel-défense contredisant la ministre des Armées, trois journalistes sont convoqués par la Sécurité intérieure et risquent une peine d’emprisonnement.

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Armes françaises au Yémen : solidarité avec nos confrères de « Disclose » et de Radio France

Lundi 15 avril, le site d’investigation « Disclose » dévoilait, en partenariat avec plusieurs médias dont Rue89Lyon, un rapport classé « confidentiel défense » documentant l’usage des armes vendues par la France à l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis dans la guerre au Yémen, menée depuis 2015 au prix de la « pire crise humanitaire au monde » selon les Nations unies. Ce document, dont la publication n’a aucunement remis en cause la sécurité des agents français sur le terrain, a été révélé en raison de son intérêt manifeste pour le public. Il invalide le discours officiel du gouvernement français, qui prétend que cet arsenal ne sert qu’à des fins défensives.

Or mercredi, deux journalistes de « Disclose », Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, ainsi qu’un journaliste de la cellule investigation de Radio France partenaire de ces révélations, Benoît Collombat, ont appris leur convocation à la mi-mai par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « compromission du secret de la défense nationale » ouverte par le parquet de Paris après le dépôt d’une plainte par le ministère des Armées.


Nous, sociétés de journalistes et de rédacteurs, exprimons notre pleine et entière solidarité avec nos confrères qui n’ont fait que leur travail : porter à la connaissance des citoyens des informations d’intérêt public sur les conséquences des ventes d’armes françaises. Depuis ces révélations, le gouvernement est resté muet sur les faits. Aujourd’hui, pour avoir exposé ces informations, trois journalistes se retrouvent sous la menace d’une procédure, pour un délit puni d’une peine d’emprisonnement, dont l’objectif manifeste est de connaître les sources à l’origine de leur travail.

En ces temps décidément préoccupants pour la liberté d’informer, ces convocations rappellent, s’il en était besoin, à quel point il est indispensable de renforcer en France la protection des sources, consacrée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) comme « l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse. »

Le secret-défense ne saurait être opposé au droit à l’information, indispensable à un débat public digne de ce nom, ni servir d’épée de Damoclès pour dissuader les journalistes d’enquêter, et de publier.

Signataires : les sociétés des journalistes, sociétés des rédacteurs et sociétés des personnels de l’AFP, Arte, BFM TV, Challenges, CNews, Courrier international, les Echos, Europe 1, l’Express, le Figaro, France 2, France 24, France 3 National, France Info, Franceinfo.fr, France Info TV, France Inter, France-Soir, l’Humanité, le JDD, Libération, M6, Mediapart, le Monde, l’Obs, Paris Match, le Parisien-Aujourd’hui en France, le Point, Premières Lignes, RFI, RMC, RTL, Sud Ouest, Télérama, TF1, la Tribune, TV5Monde, et les rédactions d’Alternatives économiques, de la Croix, des Jours et de Rue89 Bordeaux, Rue89 Lyon et Rue89 Strasbourg.


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