Derrière le Bastion Social, ce sont aussi différentes associations qui ont été dissoutes. Elles permettaient notamment aux sections locales de louer des locaux pour accueillir leurs membres. Des associations aux noms et objets parfois équivoques et qui permettaient aux militants d’extrême droite nationaliste de passer sous les radars. Et de tromper les propriétaires de leurs repaires.
Le Bastion Social et six autres associations locales dissoutes
C’est notamment le cas de l’association « Lugdunum ». Elle avait permis à Steven Bissuel, responsable local et national à l’époque du mouvement, de signer un bail pour le l’ouverture du local le « Pavillon noir », quai Pierre Scize dans le Vieux-Lyon. Un local qui a notamment été attaqué plusieurs fois par des militants antifascistes.
On était alors en décembre 2017 et le Bastion Social, lancé cette année-là, prenait la suite du GUD (Groupe Union Défense). Il allait en peu de temps essaimé quelques sections locales à Chambéry, Aix-en-Provence, Marseille, Clermont-Ferrand et Strasbourg notamment.
Deux ans plus tard, avant même la mesure de dissolution, les locaux ont été fermés administrativement ou par le mouvement lui-même. En novembre 2018, la Ville de Lyon avait ainsi pris un arrêté de fermeture. Même s’il y a quelques semaines encore le local était encore utilisé occasionnellement, un coup était porté au mouvement dans son fief d’origine. En mars, c’est celui de Clermont-Ferrand qui a fermé. Au début du mois d’avril, les deux bars tenus par le mouvement à Marseille et Aix-en-Provence ont fait de même. Dans la perspective de cette dissolution à venir.
Si le mouvement peut évidemment renaître sous un autre nom, c’est un coup supplémentaire important qui lui est porté. Cinq autres associations, en plus du Bastion Social et de l’association Lugdunum, ont été dissoutes. Il s’agit selon le ministère de l’Intérieur de :
- « Les Petits Reblochons » (à Chambéry),
- « Cercle Frédéric Mistral » (Aix-en-Provence),
- « Cercle Honoré d’Estienne d’Orves » (Marseille),
- « Association Arvernis » (Clermont-Ferrand)
- et « Solidarité Argentoratum » (Strasbourg).
Une dissolution motivée par des actes violents et racistes
A Lyon, les gudards sont connus pour leurs actions violentes (lire la dernière condamnation ici). A l’automne 2017, le GUD a changé de nom et a adopté celui de Bastion social. Le mouvement ambitionnait de fédérer les différents groupuscules nationalistes à l’échelle de l’Hexagone.
C’est dans son fief revendiqué du quartier du Vieux Lyon que le GUD/Bastions social a inauguré le « Pavillon noir », leur nouveau local, le 13 janvier 2018, après l’occupation en mai 2017 et durant trois semaines, d’un bâtiment public dans le centre de Lyon.
Anti-immigrés, inspirés des Italiens de Casapound, les militants du Bastion social entendaient mettre en pratique, à leur manière, la préférence nationale.
>Lire en détail ici.
Fondé à Lyon par Steven Bissuel, le mouvement était mené au niveau national depuis quelques mois par le responsable de l’antenne strasbourgeoise. L’ancien leader avait été condamné en août 2018 pour incitation à la haine raciale. Il avait écopé de six mois de prison avec sursis. Une peine alourdie à un an de prison ferme en appel en mars 2019.
Des militants du GUD devenu Bastion social sont responsables de nombreuses agressions racistes (lire ici ou là) ou dirigées contre ceux qu’ils considèrent comme « gauchistes » (lire ici ou là), commises notamment dans cet arrondissement. Le Vieux Lyon est un quartier que les nationalistes et les identitaires considèrent comme leur fief.
La dissolution des différentes associations liées au Bastion Social s’appuie justement sur la nature de ces actes commis à Lyon ou ailleurs. Le ministère de l’Intérieur indique que :
« Ces décisions visent également à mettre un terme aux actions discriminatoires menées par ces associations ainsi qu’à leurs incitations à la violence raciste et antisémite. Des membres du « Bastion social » ont ainsi encore récemment mené à Strasbourg, Marseille ou Chambéry, des agressions à caractère raciste et antisémite. »
La Ville de Lyon n’a jamais demandé officiellement la dissolution du Bastion Social
À Lyon, des associations demandent depuis plusieurs mois la dissolution du Bastion Social. Du côté politique, les réactions sont plus frileuses sur une terre où la question est pourtant tout à la fois spécifique et symbolique.
Dans le décret portant dissolution des associations, publié jeudi 25 avril au Journal Officiel, Lyon est d’ailleurs largement mentionné. Il mentionne l’origine lyonnaise du mouvement autour de Steven Bissuel, ainsi que la réquisition et l’occupation de bâtiments publics en faveur des « seuls démunis de nationalité française ». Un élément qui fait notamment référence à l’occupation d’un immeuble de la Presqu’île de Lyon en 2017. Le décret s’appuie également sur l’implication du mouvement dans des violences commises lors des manifestations des Gilets Jaunes, particulièrement visibles à Lyon et sur la présence de Steven Bissuel au soutien de hooligans lyonnais lors de leur audience après des violences commises en marge d’un match de l’Olympique Lyonnais.
Pourtant, le maire de Lyon, Gérard Collomb, n’a jamais pris position sur la question de la dissolution. Ce mercredi 24 avril au soir, il se félicite pourtant de cette annonce et note que « Lyon a toujours combattu l’implantation de groupuscules d’extrême droite ».
Son intérimaire, Georges Képénékian, s’est montré publiquement plus engagé sur le sujet. Mais aucun vote solennel en conseil municipal n’a demandé la dissolution du Bastion Social ou d’une autre organisation d’extrême droite.
David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon, a signé un partenariat fin 2018 avec la Licra pour lutter contre ces groupuscules. Il avait déclaré souhaiter que « tout [devait] être mis en œuvre pour lutter contre cette gangrène qu’est l’extrême droite ».

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